Les chantiers d’Ali Bongo à la tête de la CEEAC

Afriquinfos Editeur
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Libreville (© 2023 Afriquinfos)- Le chef de l’Etat gabonais assurera la présidence tournante de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) dès le 25 février 2023. Dès sa prise de fonction, Ali Bongo, souhaite s’impliquer dans la résolution de la crise entre la RDC et le Rwanda.

En janvier 2023, une rencontre a été prévue à Doha, au Qatar, entre les présidents de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame.  Mais le chef de l’Etat congolais a refusé de s’y rendre alors que Kigali avait déjà envoyé une délégation.

Au forum économique de Davos qui s’est tenu récemment en Suisse, Félix Tshisekedi a estimé que « le problème de l’insécurité aujourd’hui dans la région des Grands lacs s’appelle le Rwanda », rappelant au passage le soutien de ce pays aux rebelles du M23 qui n’ont pas respecté la feuille de route de Luanda en faisant semblant de se retirer des zones conquises en RDC.

Kinshasa accuse Kigali de saper le processus de paix de Luanda en continuant de soutenir les rebelles du M23 dans l’Est de la RDC. Paul Kagame et son régime nient toujours être derrière ces rebelles malgré la kyrielle des preuves détenues par Kinshasa et même en dépit du rapport de l’enquête des experts des Nations Unies sur cette crise sécuritaire.

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A son tour, le Rwanda accuse Kinshasa de collaborer avec les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), sans sonner plus de détails. Des accusations que Félix Tshisekedi avait qualifiées de « farfelues » et d’un « alibi » pour justifier l’agression rwandaise contre la RDC.

En 2022, la tension entre la RDC et son voisin du Rwanda s’est ravivée, entraînant la Communauté de l’Afrique de l’Est à intervenir pour mettre fin aux agissements des groupes rebelles dans l’est du Congo et préserver la paix dans toute la région.

Défait en 2013, le M23, dont les combattants s’étaient réfugiés en Ouganda et au Rwanda, a repris les activités militaires en 2022, reprochant à Kinshasa le non-respect de ses engagements.

La résurgence du M23, qui occupe plusieurs localités dans l’est du pays, a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda.

Kinshasa accuse Kigali de soutenir le M23. Des allégations qui ont toujours été rejetées par le Rwanda. Le président rwandais a accusé en retour le Président Félix Tshisekedi de prendre la crise sécuritaire comme prétexte pour retarder les élections dans son pays.

« S’il essaie de trouver un moyen pour que les prochaines élections soient reportées, je préfère qu’il utilise d’autres excuses plutôt que nous car le Rwanda a déjà beaucoup de problèmes auxquels il fait face », a déclaré le président Kagame en décembre.

Un come-back du président Bongo à la CEEAC

Ali Bongo Ondimba succèdera ainsi officiellement à son homologue congolais Félix-Antoine Tshisekedi au terme des travaux de la 22e session de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de cette institution communautaire prévue le même jour à Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC).

Le président gabonais avait déjà pris les rênes de la communauté (2016 à 2020). C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine de la grande réforme institutionnelle ayant abouti à la modernisation du fonctionnement de la Ceeac, notamment de sa présidence tournante tous les ans.

Déjà membre du Conseil de sécurité de l’ONU (jusqu’à la fin 2023), en première ligne dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection des forêts et de la biodiversité, cette nouvelle responsabilité vient ajouter  une nouvelle corde à l’arc diplomatique de M. Bongo.

Créée le 18 octobre 1983, la Ceeac compte onze pays membres, à savoir l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, et le Tchad.

En 2020, avec l’entrée en fonction de la Commission, le compteur de la présidence tournante a été remis à zéro et le nouveau compteur d’un mandat d’un an a démarré avec la République du Congo (2021) ; la République démocratique du Congo (2023) et pour l’année 2023, le Gabon.

V.A.