Obsèques dans le calme des victimes des explosions de Brazzaville

Afriquinfos Editeur
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Sous un soleil ardent, sur fond de gospel chanté par des chorales catholiques et évangéliques, dimanche en matinée, un hommage officiel a été rendu aux victimes à l'esplanade du Palais des Congrès, en présence du couple présidentiel congolais, des corps constitués nationaux et étrangers, et des familles des disparues.

Les familles des disparues placées sous des tentes, arboraient les effigies de leurs proches décédés. Des photos d'hommes, de femmes, mais aussi d'enfants fauchés à fleur d'âge. Les yeux embués des larmes, certains d'entre eux levaient les bras au ciel en signe de détresse.

« Moi, j'ai perdu mon épouse qui a reçu les éclats d'obus en pleine prière dans leur église ; elle me laisse veuf avec cinq enfants », a déclaré Jean Emmanuel Tsankou Damangui, 54 ans, agent du Budget. En costume sombre, il est assis sur une chaise en plastique, avec à ses pieds une grande photo de son épouse décédée.

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La foule très nombreuse, près de 30.000 personnes, pour la plupart en tenue sombre de deuil, n'a pas eu accès au Palais des Congrès, protégé par une longue barrière.

C'est sous les pleurs du public que les 9 camions-remorque transportant les 145 cercueils des victimes sont arrivés à l'esplanade du Palais des Congrès. Des cercueils en bois massif recouverts du drapeau national et au-dessus desquels ont été placés des gerbes de fleurs aux couleurs nationales, vers, jaune et rouge.

Une forte odeur de cadavre se dégageait des cercueils, obligeant l'assistance à se boucher les narines avec des mouchoirs ou des cache-nez.

Selon le maître de cérémonie, Médard Milandou, ce sont au total 223 corps qui ont été enregistrés dans les morgues de Brazzaville, dont 159 corps ont été identifiés.

A la demande des familles, seuls 145 corps identifiés ont eu droit aux obsèques de ce dimanche et celles des 14 autres auront lieu prochainement.

Après le dépôt des gerbes de fleurs et le recueillement par les différentes personnalités présentes, le public a suivi un culte oecuménique. Dans son homélie, l'archevêque de Brazzaville, Monseigneur Anatole Milandou, a appelé les Congolais « à ne pas céder au désespoir, mais de faire preuve d'espérance, d'amour et surtout de solidarité à l'égard de nombreux blessés encore en souffrance dans les hôpitaux ».

La sonnerie aux morts et l'hymne national ont été exécutés par le régiment d'apparat et d'honneur des Forces Armées Congolaises (FAC).

Dans son oraison funèbre, plein de lyrisme, le ministre congolais du travail et de la sécurité sociale, Florent Tsiba, a, lui-aussi, appelé les Congolais « à l'unité, en cette circonstance douloureuse ». « Au nom de la nation et du père de la nation qui ne vous oublieront jamais, je vous adresse ici un suprême adieu », a-t-il déclaré en mémoire des victimes.

Il a également rendu un hommage appuyé aux Chinois morts sous les explosions, en relevant que « le Congo ne les oubliera jamais ».

Le cortège funèbre, suivi d'une longue file de voitures, a quitté l'esplanade du Palais des Congrès à 13h50 locales (12h50 GMT) pour le cimetière du centre-ville, situé juste à quelque 700 mètres.

Cet hommage officiel qui s'est déroulé sans incident, marque la fin du deuil national décrété depuis mardi dernier. Les explosions du dépôt d'armes et de munitions des Forces Armées Congolaises ( FAC) au Régiment blindé, dans le quartier Mpila, à l'est de Brazzaville, a occasionné le 4 mars 223 morts dont 6 Chinois, plus de 2.300 blessés et 14.000 sans-abris dont les maisons ont été détruites, rappelle-t-on.

L'Etat congolais a entièrement pris en charge les soins des blessés et les frais des funérailles des victimes. Il a bénéficié d'un important soutien financier et matériel de la communauté nationale et internationale.

Une stèle du souvenir sera érigée en mémoire des victimes, lors de la reconstruction du site de l'incident.