Joakim Noah retour aux sources au Cameroun

Afriquinfos Editeur
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Rejoint par son géniteur et les autres membres de la famille, le jeune basketteur de 28 ans qui traîne trois nationalités, américaine, suédoise et française, mais pas camerounaise, a choisi de profiter de ce séjour pour partager son expérience avec une vingtaine de jeunes de moins de 14 ans issues de différentes académies de basketball de Yaoundé, regroupés au complexe sportif familial, Noah Country Club à Tongolo, un quartier proche du palais présidentiel camerounais.

« Ça me fait super plaisir de pouvoir faire ça chez moi, chez mon grand-père. Mes racines sont ici. Ma grand-mère était joueuse de basket, elle a fait une école maternelle (et primaire, NDLR). Mon grand-père (Zacharie Noah, ancien international de football) habite ici. « Papa Tara » (petit nom affectueux de son arrière- grand-père) habitait ici. Mon père a fait des terrains de tennis ici. Maintenant, pouvoir faire un terrain de basket, ça fait partie de mes rêves depuis ma tendre enfance », a-t-il souligné à Xinhua.

Organisé en collaboration avec un ancien international de basketball camerounais en France, Louis Tsoungui, nouvellement nommé coach de la sélection nationale du Congo-Brazzaville, le camp de basket qui se déroule du 4 au 6 juillet, réunit exactement 22 jeunes passionnés de ce sport qui, après des années de gloire, a connu l'odyssée au cours de la dernière décennie au Cameroun avant d'entamer une remontée en surface qui se poursuit en ce moment.

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« L'objectif, a expliqué Tsoungui, est d'abord vraiment de prendre du plaisir et bien sûr si on peut inculquer quelques notions de basket, quelques valeurs aux jeunes, on sera bien contents. Le projet a été fait en très peu temps. Donc, j'ai choisi de prendre des joueurs dans toutes les académies de basket de Yaoundé à cause du temps très court. A long terme, l'objectif est de faire ce projet à l'échelle nationale, regrouper les meilleurs U-14 plusieurs fois par an. »

Pour Jaokim Noah, en tant que tête d'affiche de l'élite de la NBA, « c'est ma responsabilité de pouvoir aider les jeunes d'ici ». Même s'il ne le dit pas, ce séjour sur ses « racines » revendiquées est aussi l'occasion de se refaire de l'énergie en vue de nouveaux challenges dans sa carrière professionnelle, après avoir été privé pour cause de blessures, des Jeux Olympiques (JO) à Londres en Grande-Bretagne en 2012, et du prochain championnat européen, l'EuroBasket, prévu en septembre en Slovénie.

« J'ai raté beaucoup de choses. Je suis un joueur qui a été beaucoup blessé ces trois dernières années », confie-t-il avant d'ajouter : « Cette année, je ne suis toujours pas à 100%. Je vais rater l'Euro, je comprends qu'en France il y a des gens qui ne sont pas contents avec ça. C'est toujours difficile de se retrouver dans des situations où tu ne peux pas faire plaisir à tout le monde. »

Sans regrets, il précise cependant que « c'est ma carrière. C'est moi qui ai travaillé dur pour arriver. Je suis super fier de mon travail. Je fais des choses qui sont importantes pour moi, comme ce camp, comme jouer pour les Chicago Bulls et un jour peut- être jouer pour un titre. J'ai fait une bonne saison cette année, c'était une année très difficile, beaucoup de meilleurs joueurs étaient blessés. Mais je suis fier de la façon dont on s'est battus toute l'année. »

Pour la première fois, le jeune basketteur aux trois nationalités a savouré le privilège d'être sélectionné pour la « NBA All-Star Game 2013 », un tournoi de très grande envergure réunissant les meilleurs joueurs du championnat américain. « Personnellement, je suis fier de cette saison. C'était ma première saison All-Star. C'était ma première saison où j'étais sélectionné comme un des meilleurs défenseurs de la NBA », se réjouit-il.

Joakim Noah a réussi à s'imposer aux Chicago Bulls (auxquels il est lié par un contrat professionnel de 5 ans qui court depuis deux saisons) grâce à des exploits exceptionnels aux postes de pivot et d'ailier fort. « A la NBA, rien n'est donné, mais je suis super fier de faire partie de ce club. C'est peut-être le logo le plus reconnu dans le sport entier. Parce que c'est une équipe avec une énorme histoire. C'est l'équipe de Michael Jordan », mentionne- t-il avec allégresse.

Et d'ajouter, du haut de ses 2,11 mètres de taille : « Maintenant, on est une équipe qui a le potentiel de gagner un titre. On est une équipe jeune, on a faim. On est une équipe que beaucoup de gens aiment regarder. Les Miami, c'est l'équipe à abattre. Je crois vraiment que l'année prochaine sera notre année. Je crois qu'on va pouvoir gagner le titre l'année prochaine ».

Il y a trois ans, cet un message électronique signé de Barack Obama en personne qui informait le jeune homme de son invitation à participer à la fête d'anniversaire du chef de l'exécutif américain à la Maison Blanche.

« Je suis allé avec ma mère. On a parlé avec lui un peu. On n'avait pas le droit de lui donner pour son anniversaire. Mais je lui ai dit que si je pouvais te donner un cadeau, je t'aurais donné des musiques de Fela Kuti (célèbre chanteur nigérian décédé, célébré par la critique internationale comme le « roi de l'afrobeat », NDLR). Il m'a répondu : mais tu crois que je ne sais pas qui c'est Fela Kuti ? Alors, j'étais fier que le président américain sache qui c'est Fela », témoigne-t-il.

Avec humilité, Joakim Noah déclare poursuivre son bonhomme de chemin sans tenir compte de son succès de son père Yannick, premier Français à remporter en 1983 Roland Garros. « Je ne compare jamais ma carrière de basket à celle de mon père. Je suis fier de ce que mon père représente. Sa carrière de tennis, c'était incroyable. Sa carrière de chanteur est incroyable aussi. Je suis fier de lui comme je sais qu'il est fier de moi aussi », dit-il.

Il reconnaît toutefois que « pouvoir jouer des gros matches devant sa famille, si c'est papa ou si c'est maman, si c'est mes petites soeurs, ça veut tout dire pour moi ».