Gabon : Un proche d’Ali Bongo publie un livre en réplique à «Nouvelles affaires africaines» de Pierre Péan

Afriquinfos Editeur
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Comme une réponse du berger à la bergère, «Un silure dans la nasse. Approximation, manipulation et posture coloniale dans les Nouvelles affaires africaines de Pierre Péan», est une réplique point par point aux accusations portées par le journaliste écrivain français dans son ouvrage «Nouvelles affaires africaines». Dans le livre de 200 pages, l’auteur n’y va pas par quatre chemins, dans un style dépourvu de courtoisie, il fustige le journaliste français.

 Dès le début de l’œuvre, l’universitaire dresse un portrait sévère de l’écrivain français. « C’est un silure. Il n’appartient ni à la catégorie des journalistes, ni à la catégorie des scientifiques, ni à la catégorie des écrivains. C’est pour se faufiler entre les eaux, mais nous l’avons attrapé avec une bonne ligne de fond», écrit le Gabonais.

 Patrick Mouguiama-Daouda poursuit en dépeignant Pierre Péan comme «un péripatéticien de la plume et un faux-monnayeur, qui semble n’avoir de comptes à rendre à personne».

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«Nouvelles affaires africaines», ouvrage non crédible ?

Toujours sur la même lancée, l'universitaire gabonais s'attaque ensuite au dossier des origines d’Ali Bongo, sujet qui a longtemps alimenté la polémique suite à la publication de l’ouvrage de  Pierre Péan. Dans «Nouvelles affaires africaines», ce dernier  affirme que l'actuel président gabonais n'est pas le fils biologique d'Omar Bongo, et serait plutôt originaire du Biafra, au Nigeria. Assertion à laquelle l'écrivain gabonais consacre neuf pages pour démentir.

«Quelle est la seule preuve que Pierre Péan apporte pour dire qu'Ali Bongo n’est pas Gabonais ? Il cite une certaine Thérèse qui dit avoir travaillé à l’hôpital de Brazzaville. Il cite Ibrahim Babangida à la tête de la junte qui dirigea le Nigeria de 1985 à 1993et qui est mort. Il cite Sani Abacha à la tête du Nigeria de 1993 à 1998 qui est mort ! Vous pensez que c’est de la science ça ? », s’interroge l’écrivain gabonais devant la presse lors de la dédicace de son œuvre.

Parmi les reproches faits à Péan, Mouguiama-Daouda note les «approximations, inexactitudes, la subjectivité, les témoignages douteux » qui mettent assez rapidement à l’épreuve le «journalisme d’enquête» dont se réclame l’écrivain français, au détriment du «journalisme d’investigation» selon les termes de l’universitaire.Selon lui,l’auteur de «Nouvelles affaires africaines se situe dans un entre-deux, à la frontière de différentes professions, pour justement se mettre à l’abri des exigences et du jugement de chacune d’entre elles».

«Ce positionnement contient en lui les germes de la manipulation. Insaisissable, le silure peut ainsi nager dans toutes les eaux, avec une préférence pour celles qui sont troubles», attaque Patrick Mouguiama Daouda. Sur le même ton dépourvu de courtoisie, le «défenseur d’Ali Bongo» aborde la question de la légitimité du président gabonais. En réponse aux affirmations de Pierre Péan selon lesquelles Ali Bongo «aurait volé sa victoire» lors de l'élection présidentielle de 2009, le conseiller spécial d’Ali Bongo soutient que le chef d’Etat gabonais est sorti victorieux du scrutin.

Le « défenseur d’Ali Bongo » dit s'appuyer sur une démarche purement scientifique et non politicienne.«Je suis un universitaire qui doit dénoncer une méthode aboutissant à des livres mal écrits mais bien vendus : c’est l’exigence d’orthodoxie méthodologique et de rigueur épistémologique»,a déclaré le conseiller spécial d’Ali Bongo, pour justifier sa prise de position.

Depuis la parution du livre de Pierre Péan, la tension est à son comble entre le journaliste et les autorités gabonaises. «La République gabonaise ne peut accepter les propos gravement diffamatoires et totalement faux tenus par Pierre Péan dans cet ouvrage», avait dénoncé l’ambassade du Gabon, dans un communiqué le 10 novembre 2014. Une indignation qui avait amené l’Etat gabonais à porter plainte contre le journaliste français à Paris.

LARISSA AGBENOU