Droits de l’Homme sous le CTRI: La famille Bongo et des experts onusiens font des dénonciations, Libreville imperturbable

Afriquinfos Editeur
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Libreville (© 2024 Afriquinfos)- A l’issue d’une inspection récente des Nations Unies dans 18 prisons gabonaises et qui a conclu à des conditions carcérales «horribles et déplorables», l’ancien Président du Gabon, Ali Bongo, sa femme Sylvia et trois de leurs enfants ont déposé une plainte auprès d’un Groupe de travail de l’ONU pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « détention arbitraire », après le coup d’État de l’Armée du 30 août 2023.  

Dans une requête au Haut-commissariat aux droits de l’homme, les avocats parisiens de la famille, affirment n’avoir jamais pu rencontrer leurs clients depuis leur arrestation, dénoncent une détention arbitraire et une séquestration en dehors de tout cadre légal.

Selon Mes François Zimeray et Jessica Finelle, Ali Bongo et ses fils Jalil et Bilal ont été placés en résidence surveillée, privés de tout moyen de communication et sans faire l’objet de poursuites par les autorités gabonaises. Les avocats affirment que cette situation constitue une séquestration en dehors de tout cadre légal, soulignant qu’ils ont tenté en vain de rendre visite à l’ancien président à deux reprises.

Les avocats mettent en avant les conditions difficiles auxquelles sont confrontées Sylvia Bongo et son fils aîné Noureddin, tous deux de nationalité française, qui auraient été soumis à des tortures psychologiques et physiques depuis leur incarcération le 12 octobre. Sylvia Bongo a été inculpée le 28 septembre pour divers chefs d’accusation sans pouvoir consulter un avocat pour préparer sa défense, selon les avocats.

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Une situation horrible d’après l’ONU

’Comme avocat, je n’ai pas pu avoir accès à eux, je n’ai pas pu les voir et c’est tout à fait anormal. Personne n’est au-dessus de des lois. Ils ne demandent pas un privilège ou une loi particulière. Simplement, ils ont droit au respect des droits fondamentaux : le droit à un procès équitable, le droit à une défense, le droit à une présomption d’innocence. Tous ces droits qui leur ont été brimés, puisqu’ils ont été jetés dans une prison sur un ordre politique il y a maintenant 7 mois », a déploré Maître François sur Rfi.

Et de préciser : ‘’Il y a quelques jours, le sous-comité des Nations unies contre la torture était à Libreville et a dénoncé une situation horrible. Or, non seulement ils sont jetés en prison, mais ils y sont maltraités. On m’a rapporté des actes de torture contre Sylvia et Noureddin. Et ça, c’est inacceptable. La justice, ce n’est pas la vengeance, ce n’est pas la revanche. Je ne porte pas de jugement politique. Je souhaite à ce pays de réussir sa transition, mais il ne peut pas réussir cette transition vers plus de démocratie et d’État de droit s’il s’assoit sur les droits fondamentaux et sur les traités au respect desquels l’ONU doit veiller».

La famille Bongo, qui a dirigé le Gabon pendant 55 ans avant le coup d’État du 30 août 2023, est accusée par ses opposants de corruption massive et de mauvaise gouvernance. Les avocats affirment que la quasi-totalité de leurs biens au Gabon et leurs comptes en banque dans le pays ont été confisqués. Des sources diplomatiques françaises interrogées en février n’ont pas confirmé les allégations de traitements dégradants et d’actes de torture, mentionnant des visites consulaires rendues à Sylvia et Noureddin Bongo.

Vignikpo Akpéné