Gabon: Crise éternelle à la radio Africa N°1, le gouvernement s’engage enfin à prendre des mesures idoines

Afriquinfos Editeur
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La situation de crise de la radio panafricaine remonte à plusieurs années. En effet, après avoir été soutenue financièrement pendant dix ans par l'État gabonais, la radio a commencé à dégager des bénéfices en 1991. À l'époque, la diffusion se faisait essentiellement en ondes courtes et, dans ce contexte, Africa n°1 possédait un atout maître: son centre émetteur de Moyabi, le plus puissant du continent africain. Cette notoriété attira des investisseurs, notamment la société française Sofirad.

Mais en 2002, la société française qui détenait 52 pour cent des parts décide de se retirer.

Abandonné par son partenaire français, l'État gabonais assume seul le fonctionnement d'Africa n°1 jusqu'à l'arrivée d'un nouvel actionnaire majoritaire lybien en 2006, la Lybian Jamahirya Brodcasting.

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Mais le départ de la Sofirad porte un coup dur à la radio. Pendant cette période de transition, Africa n°1 connaît une véritable mutation négative: difficultés financières, plan social avec des dizaines de licenciements, grèves répétées et même des arriérés de factures impayées à l’opérateur satellite Eutelsat, qui a coupé le signal pendant un mois en cette période.

Les difficultés de la radio affectent ses installations de diffusion et le départ de nombreux journalistes et animateurs n'est pas sans effet sur les programmes.

 En avril 2010, la Libyan Jamahirya Broadcasting passe le relais à la Holding des médias et d'édition, un fonds d'investissement dirigé par le directeur de Cabinet de Mouammar Kaddafi, Béchir Salah Béchir. Lors du conseil d'administration du 28 avril 2010, le nouvel actionnaire annonce un plan de développement triennal assorti d'une mise de fonds de 4,82 milliards de francs CFA, destinée à renforcer les effectifs et à réhabiliter le réseau de diffusion. Mais ces annonces ne sont pas suivies d'effets concrets. De son côté, le Gabon, qui détient 35 % des actions avait promis de payer l’ardoise, mais les jours de silence se succèdent.

Prise de mesures concrètes

 Face à la situation économique et sociale critique de la radio à laquelle s’est ajoutée ces derniers mois celle de d’autres medias gabonais notamment l’Agence Gabonaise de Presse et  le journal «Gabon Matin», le gouvernement a décidé de sortir de sa léthargie. Pour le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilié Nze, il s’agit essentiellement de régler les dettes, mettre en place un plan de redéploiement du personnel et trouver des financements complémentaires à la subvention étatique.

S’agissant du cas d’Africa N°1, le Premier ministre a soutenu que c’est «un label de prestige et de notoriété» qui appartient à l’identité nationale. «Une solution durable devrait être trouvée pour relancer cette radio qui a fait la fierté de notre pays partout sur le continent», a-t-il avancé. A cet effet, le 22 décembre dernier, le Conseil des ministres a approuvé la «mise en place d’une Commission ministérielle chargée de proposer des solutions idoines aux situations respectives d’Africa N°1, du journal Gabon Matin et de l’AGP. Cette commission comprend les ministères de la Communication, de l’Economie, du Budget, de la Fonction publique, ainsi que celui  du Travail.

Créée au Gabon en 1981, Africa N°1 est la première radio généraliste internationale du continent africain. Aujourd'hui, la radio possède 19 fréquences FM en Afrique dont 17 en Afrique francophone.

Larissa AGBENOU