Des enfants au fond des mines des diamants

Afriquinfos Editeur
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Dans ce site minier, plus de 200 enfants, filles et garçons se sont transformés en creuseurs de diamants et passent des journées entières dans les mines à la recherche de la pierre précieuse.

Sur un paysage lunaire en terre argileux parsemé de trous allant jusqu'à 2(voire 30 mètres de profondeur, une centaine d'enfants, dont l'âge varie entre 8 et 20 ans, se livrent à l'exploitation artisanale de diamant. Ils sont tous couverts de boue de la tête aux pieds.

"Notre travail comporte d'énormes risques. En cas d'éboulement du sol, il n'est pas sûr qu'on en sorte vivant. Il y a cinq jours, deux de nos amis sont morts dans l'éboulement de la mine des diamants située en amont. Mais nous n'avons pas de choix. Car faute d'argent pour aider nos familles pauvres, nous sommes obligés de faire cette activité de creuseur à nos risques et périls", a déclaré François Mukenge qui venait fraichement de sortir d'un puits de 25 mètres de profondeur avec un sac remplie de boue mélangée à la pierre précieuse.

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Pour remonter à la surface, il se sert d'une corde qui est tirée de l'extérieur par trois de ces collègues qui, également leur donne toutes les directives ou lui signalent d'éventuels dangers.

"Moi, je suis devenu creuseur artisanal des diamants parce que mes parents n'ont pas d'argent pour m'envoyer à l'école. C'est surtout à cause de la misère et de la pauvreté que beaucoup de jeunes viennent ici, avec l'espoir de trouver un jour un diamant qui le tirera d'une vie d'extrême pauvreté à l’opulence. Même beaucoup de nos familles nous encouragent à aller dans les mines pour chercher cette pierre précieuse", a expliqué le jeune Trésor Kayembe, 9 ans, creuseur artisanal.

Il convient de souligner que le site minier de Matempu wa Bakwatshimuna est également un haut lieu de prostitution. Situé à quelques encablures des sites, des dizaines de maisons de passe se dressent ça et là. Des jeunes filles dont l'âge varie entre 8 et 20 ans, qui viennent de localités et villes telles que Mwene-Ditu, Tshimbombo, Miabi, Tshikapa, se livrent à la prostitution à grande échelle.

"Ces jeunes filles […] sont très recherchées par les creuseurs de diamants qui trouvent en elles une vraie distraction sexuelle après une journée à la fois dangereuse et épuisante dans les mines de diamants", a affirmé presqu'en sanglots un enseignant de Bakwatshimuna.

La responsable de l'Espace Communautaire d'Eveil, un centre de récupération et d'encadrement des jeunes retirés de zones minières, basé dans les localités de Bakwatshimuna et de Tshimbombo, dans le territoire de Lupatapata, a reconnu avec douleur cette triste réalité.

"Certains enfants retirés des mines y retournent quelques temps après à cause de la pauvreté de leurs parents", a indiqué Eugènes Motombo, 40 ans, l'un des plus anciens creuseurs artisanaux.

"Mais tant que la pauvreté frappera leur famille, il leur sera difficile d'abandonner ce métier où la vie et la mort se côtoie à chaque instant", a-t-il soutenu.

"Je suis un peu choquée par ce que nous avons vu ici, des enfants dont la place devrait être à l'école, mais qui malheureusement se transforment en creuseurs artisanaux des diamants, au péril de leur vie. L'Unicef travaillera main dans la main avec son partenaire, le Japon pour que beaucoup de ces enfants retournent à l'école et elle s'investira pour le respect des principes de la Convention sur les droits de l'enfant", a conclu quelque peu bouleversée Mme Barbara Bentein.