Explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville : Les populations sinistrées se disent être abandonnés et réclament plus

Afriquinfos Editeur
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A travers une ronde qui a commencé au site de la paroisse notre Dame du Rosaire dans le deuxième arrondissement Bacongo, en passant par le stade Marchand et la cathédrale sacré Coeur de Brazzaville, le mécontentement des populations est visible.

« Nous sommes arrivés ici depuis ce matin et jusqu'à présent, il sera bientôt 16 heures et nous n'avons encore rien mangé, regardez, j'ai des enfants et depuis que nous sommes là, on ne sait pas ce qu'on doit faire », a dit Joséphine, une mère de famille qui a trouvé refuge à la paroisse notre Dame du Rosaire.

Plusieurs autres sinistrés rencontrés sur ce site qui a accueilli environ 300 personnes, depuis le début de cette tragédie ont affiché leur impatience face à la lenteur du processus de prise en charge des réfugiés.

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« Parmi nous, il y a des gens malades qui ne peuvent pas supporter de rester affamés toute une journée, moi qui vous parle, j'ai des médicaments à prendre à chaque instant de la journée », a affirmé une autre dame rencontrée sur place, soulignant par ailleurs la nécessité pour les pouvoirs publics de mettre en place une structure sanitaire dans chaque site hébergeant des sinistrés en vue de pallier aux problème de santé des populations déplacées.

Pour le coordonnateur de ce site, M. Dieudonné Sylvain Locko, l'accueil des populations s'est bien passé. « A leur arrivée, nous les avons enregistré et nous leur avons donné une natte ainsi qu’une couverture pour passer la nuit. Les conditions d'hygiène sont bien assurées et le site dispose d'une fontaine pour l’approvisionnement en eau de toutes les populations ici présentes et des toilettes. Nous continuons d'accueillir de nouveaux réfugiés en provenance des quartiers touchés », a-t-il expliqué.

Au niveau de la cathédrale sacré coeur, le chef de ce centre d' accueil, M. Fernand Badendissa, a laissé entendre que cette perturbation dans la prise en charge des personnes meurtries au niveau de son site, est due à l'arrivée massive et continue des sinistrés depuis hier. « Avec près de 1525 familles recensées ce lundi, notre centre est actuellement le plus grand de la ville. Avec cette affluence, il faut du temps pour que la logistique de distribution des kits ainsi que des vivres se mette bien en place. Nous avons distribué près de 500 kits hier soir à l'arrivée des premiers sinistrés, à raison d'un kit par famille. Mai maintenant, il faut encore en ajouter d'autres », a relevé M. Badendissa.

Dominique Makosso, père de famille de 5 enfants se plaint lui aussi d'être abandonné par les structures d'accueil. « Nous avons dormi à la belle étoile avec les enfants, et depuis ce matin, il n' y pas d'eau pour se laver ni pour boire, pas d'endroit pour se soulager, les toilettes de l'église sont fermées. En tous cas c' est un véritable calvaire, je ne sais pas si dans les autres sites cela se passe de la même façon »a-t-il déclaré, tout en précisant avoir tout perdu.

« Depuis le matin, on n'a rien mangé avec les enfants, moi et mon voisin que voici, moi je suis commerçant au marché de dragage, avec ces explosions, j'ai perdu toute ma marchandise », a réagi de son côté, Alexis sébikari, un sujet rwandais vivant en terre congolaise.

Cette réaction est par ailleurs partagée par les quarante et quelques réfugiés du stade Marchand, situé dans le premier arrondissement Makélékélé. A ce niveau, devant l'absence de toute forme d'aide et d'assistance, les populations sinistrées ont été obligées de l'abandonner et de se rendre dans d'autres endroits, où elles espéraient trouver du réconfort.

Dans l'élan de solidarité, plusieurs tentes de dix places à coucher chacune ont été dressées dans l'enceinte de la cathédrale sacrée coeur de Brazzaville en fin d'après-midi par les militaires français, pour permettre aux populations de passer la nuit. Une action similaire a été en outre entreprise par les FAC en début de soirée au même site, a-t-on constaté sur place.