Congo Brazzaville : la classe politique en ébullition face à la perspective des élections de 2012

Afriquinfos Editeur
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Face à l’effervescence constatée autour des préparatifs de ces élections, le gouvernement congolais a annoncé récemment, la tenue d’une concertation nationale regroupant tous acteurs politiques, afin d’harmoniser leurs vues sur le fichier et le découpage électoral, ainsi que sur la recomposition de la commission nationale d’organisation des élections.

« Ces élections doivent être des occasions de fierté nationale et d’expression de la maturité et de la souveraineté du peuple congolais », affirme le ministre de l’administration du territoire, Raymond Mboulou, dont l’administration est au coeur de l’ organisation des élections.

En effet, après les élections législatives organisées en 2007, et qui avaient révélé de nombreux dysfonctionnements, les observateurs tant nationaux qu’internationaux avaient recommandé à l’Etat du Congo de réviser son fichier électoral. Sur cette tendance semble actuellement s’aligner les exigences des partis d’ opposition, et même de certains membres de la société civile.

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Le 26 novembre, le Conseil national des républicains, parti issu de l’ancienne rébellion dirigée par Frederick Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, a martelé cette exigence. « Nous veillerons à ce que les objectifs visés par cette concertation ne soient pas détournés par les fossoyeurs de la démocratie », s’est-il positionné dans un communiqué de presse.

Quelques jours avant, le 21 novembre, l’Alliance pour la République et la Démocratie, coalition de l’opposition qui exige « une transparence absolue » à ces élections, appelait déjà à la convocation sans délai « d’un vrai dialogue politique entre la mouvance présidentielle et l’opposition ».

Le débat sur l’organisation des prochaines élections législatives vient ainsi de prendre une nouvelle tournure. Il y a quelques jours, du 15 au 25 novembre, le gouvernement congolais, à travers le ministre de tutelle, avait initié des rencontres avec les responsables des partis politiques de la majorité comme de l’ opposition, de la société civile, des commissions permanentes et groupes parlementaires, en vue d’harmoniser leurs vues sur les préparatifs desdites élections.

Jusque là, le pouvoir et l’opposition restaient divisés sur la manière de refaire le fichier électoral. Le gouvernement qui a organisé en 2011 un recensement administratif sans associer les partis politiques se défend de les avoir exclus du processus. « Il s’agit d’une opération purement administrative. Les acteurs politiques et la société civile seront associés à l’étape de l’ extraction [à partir des données du recensement] de la liste des votants », s’expliquait le ministre Raymond Mboulou. Et pourtant, cette donne politique agite actuellement la scène politique congolaise. Elle augure d’une démocratie plus que vivante l’année prochaine. La question reste cependant de savoir si dans ce pays déchiré il y a une décennie par des guerres civiles, la démocratie prendra bien son réel envol dès 2012.

L’on a assisté, au cours de l’année qui tend à sa fin, le 9 octobre notamment, à un scrutin sénatorial dont l’organisation a été presqu’unanimement saluée par tous les acteurs politiques. Par ailleurs, depuis deux ans les partis politiques bénéficient enfin, dans certaines mesures, du financement par l’Etat.

Or, paradoxalement, l’inorganisation et les déchirements constatés dans les partis de l’opposition et la donne internationale marquée par le printemps arabe et son cortège de protestations des régimes en place restent des inconnues de taille pour l’avenir immédiat de la situation politique au Congo Brazzaville.

Et, de fait, les partis politiques que tous les observateurs invitaient à l’institutionnalisation au sortir des élections législatives, locales et présidentielles de 2007, 2008 et 2009, semblent trainer le pas. Depuis lors, seul le Parti congolais du travail au pouvoir a passablement réussi sa réorganisation, au terme d’un congrès extraordinaire organisé du 22 au 26 juillet à Brazzaville. Il se consolide actuellement comme le plus grand acteur, réduisant de facto tout suspens aux prochaines consultations politiques.