L’UNESCO fonde de grands espoirs dans la mode africaine pour étonner le monde durant les prochaines décennies

Afriquinfos Editeur
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Le créateur de mode américain Virgil Abloh face au public à la fin de la présentation de la création de Louis Vuitton, lors de la collection de mode masculine printemps/été 2020 à Paris, le 20 juin 2019.

Lagos (© 2023 Afriquinfos)- Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’Unesco, a dévoilé ce jeudi 26 octobre le contenu d’un rapport inédit. Le document dévoilé à l’occasion de la ‘Fashion Week de Lagos’, au Nigeria, démontre l’apport essentiel de l’Afrique au secteur mondial du textile et combien la mode peut être vectrice de croissance pour le continent.

Le siège de l’Unesco à Paris en octobre 2017.

Baptisé «Le secteur de la mode en Afrique: tendances, défis et opportunités de croissance», le rapport dédié à l’industrie de la mode en Afrique démontre que le continent a tous les atouts pour devenir un prochain champion mondial du secteur, à condition que les acteurs de l’écosystème de la mode bénéficient d’un soutien accru des décideurs publics.

Selon la même source, le continent est à la fois un important producteur de matières premières (37 pays sur 54 produisent du coton), exportateur de textiles (15,5Mds $ par an) et marché importateur (23,1Mds $ par an). Le continent connaît également un engouement nouveau et grandissant pour le ‘Made-in-Africa’ en particulier chez les jeunes – les moins de 25 ans représentent 50% de la population totale du continent – et dans une classe moyenne en plein essor – déjà plus de 35% de la population –, ouvrant ainsi de nouveaux marchés de consommation.

L’Afrique connaît également une croissance très rapide du secteur numérique qui facilite les commerces intra-africains ainsi que le rayonnement de jeunes talents. Comme en témoignent ses 32 Fashion Weeks organisées chaque année. L’Afrique regorge par ailleurs de talents dans le domaine de la haute couture, des métiers d’art et de l’habillement. Une augmentation de 42% de la demande pour des articles africains de haute couture est ainsi attendue d’ici les 10 prochaines années.

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Tirer profit d’une mine d’or inexploitée

Dans son rapport, l’UNESCO souligne 4 défis posés aux gouvernements et décideurs pour réaliser le potentiel du secteur de la mode en Afrique: entre autres renforcer la protection juridique des créateurs et des professionnels, qu’il s’agisse de la propriété intellectuelle, du niveau de rémunération, des conditions de travail et d’organisation en unions professionnelles ou encore des droits sociaux. A cette fin, l’UNESCO accompagne déjà 23 pays africains pour qu’ils améliorent le statut de l’artiste par voies législative et réglementaire.

Investir dans les PME (Petites et moyennes entreprises), qui représentent aujourd’hui 90% des entreprises du secteur de la mode en Afrique. Maillant l’ensemble du territoire, elles sont les premières garantes de la diversité des pratiques et des expressions culturelles. Génératrices d’emplois locaux, elles sont aussi un puissant levier pour donner leur chance aux jeunes qui veulent se lancer dans le secteur.

Etablir des normes environnementales exemplaires: alors que l’industrie de la mode demeure l’une des plus polluantes, l’Afrique peut davantage recourir aux matériaux locaux, innover autour des textiles durables, et sensibiliser à des modes de consommation durable. La production de fibre de coton biologique a déjà progressé de 90% entre 2019 et 2020 et représente aujourd’hui 7,3% de la production mondiale.

Le marché des vêtements de seconde main est l’un des plus dynamiques au monde – un tiers des importations mondiales – mais souffre encore de l’absence de filières de recyclage avec 40% de ces vêtements qui finissent dans des décharges voire dans l’océan et les rivières.

Améliorer la transmission des savoir-faire et la formation: l’Afrique compte des savoir-faire traditionnels et des techniques textiles uniques au monde, dont certains sont déjà protégés par l’UNESCO. Le rapport encourage les pays à mettre en place des dispositifs de mentorat pour que ces pratiques passent de génération en génération et qu’elles continuent d’inspirer les jeunes créateurs. En parallèle, l’UNESCO appelle à accroître l’offre diplômante dans des métiers annexes indispensables – contrôle qualité, droit commercial, marketing – et les formations aux nouveaux outils technologies, comme l’impression 3D et le E-commerce.

L’engagement de l’Organisation pour le développement d’une économie créative dynamique en Afrique s’aligne sur les principes énoncés dans la « Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelle » de l’UNESCO. Il a donné lieu à une série de rapports sur l’importance stratégique des ICC (Industries culturelles et créatives) en Afrique, notamment, un rapport sur le cinéma africain publié en 2021.

Lancée en 2011, la Fashion Week de Lagos met régulièrement en lumière de nouvelles générations de créateurs talentueux et engagés, soucieux de valoriser la richesse et la diversité de l’esthétique africaine, comme de ses savoir-faire.

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