Qui en veut à Keshi et sa vision africaine du foot au Nigeria ?

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Même après avoir réussi à rentrer dans l’histoire du foot africain en tant que deuxième fils du continent noir à avoir remporté la Can dans la peau de coach principal et de joueur, Stephen Keshi n’épate pas ses compatriotes. Il aura fallu l’intervention personnelle de l’actuel ministre nigérian des Sports, Mallam Bolaji Abdullahi, pour amener Stephen Keshi à reconsidérer sa démission de la veille. Annoncer sa démission, dans le contexte de victoire des Super Eagles en Can 2013 comme Keshi l’a fait, était pour lui l’idéal canal pour exercer de la pression sur les dirigeants sportifs de son pays. Encore faut-il que ces responsables aient la notion du bon sens et de l’honneur pour être sensibles à la démission d’un bon coach autochtone.

Ukechukwu Keshi qui se met rarement dans la peau d’un plaisantin est ainsi allé au devant d’un certain nombre d’incongruités managériales qui minent depuis plusieurs années le foot nigérian en dénonçant publiquement des approximations qui ont marqué la participation de son pays à la Can 2013. Depuis qu’il a pris en main la sélection des Super Eagles en novembre 2011 pour quatre ans, l’ancien sélectionneur du Mali a progressivement annoncé les couleurs des innovations qu’il souhaite imprimer à l’équipe fanion de sa terre natale. En gommant notamment un certain nombre d’aspérités comme l’envie de stars de la sélection de continuer à être sélectionnées, malgré leur méforme.

Keshi a aussi pris le risque de donner un coup de pied dans la fourmilière en privilégiant la mise en place d’un effectif homogène, fait de professionnels comme des joueurs locaux méritant de jouer en équipe nationale ou encore de Nigérians expatriés qui ont grande envie de jouer pour leur terre natale. Ce cocktail novateur a marché sous la férule de Keshi et a besoin d’être soutenu pour un nouveau Nigeria émergent en matière de foot. Rares sont les sélectionneurs en Afrique qui se fixent de grandes ambitions en prenant en main une équipe. Au Nigeria, Keshi a réappliqué sa vision singulière du foot qui avait déjà fait mouche avec les Eperviers du Togo : projeter une participation à de grand-messes du football mondial comme la Coupe des Confédérations ou le Mondial. Champion d’Afrique en titre, le Nigeria sous Keshi a les moyens de s’offrir une qualification pour la Coupe du monde 2014 dans le groupe F des éliminatoires qu’il domine avec 4 points. Au vu de l’envie de vaincre et du talent de la formation dirigée par Keshi, le Nigeria aura une belle carte à jouer dans un an au Brésil, s’il arrive à composter son billet.

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S. Keshi tranche aussi avec le comportement de l’entraîneur africain classique en dénonçant l’enrôlement de coaches occidentaux peu expérimentés en Afrique au détriment de valeureux Africains qui maîtrisent sur le bout des doigts les rouages du fonctionnement du foot de leur pays et les comportements de leurs compatriotes joueurs. Il faut avoir de la suite dans les idées et une vision pour son pays et son continent pour faire cette dernière dénonciation comme Keshi.

« It is your right man », a-t-on envie de lancer aux dirigeants nigérians qui ne croient toujours pas aux "miracles" de Keshi. En politique, en économie, en sport, etc, l’Afrique a surtout besoin de nouveaux Mandela, de modèles qui réalisent des gageures pour hâter son décollage multisectoriel. Le "messie" africain dans le foot sera peut-être Keshi avec le Nigeria (et ses plus de 160 millions d’habitants) en demi-finale du Mondial 2014 ou au-delà, si on lui donne les armes pour matérialiser ses nombreux rêves sportifs.

 

 

 

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