UA : Fin du 19e sommet par l’investiture de Nkosazana Dlamini-Zuma

Afriquinfos Editeur
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Première femme africaine et première anglophone à diriger l'UA depuis sa création en 2002 sur les cendres de l'Organisation de l' unité africaine (OUA, créée en 1963), la ministre sud-africaine de l'Intérieur aura à charge pour son mandat de quatre ans renouvelable une fois de renforcer le leadership de l'organisation, selon le président en exercice de l'union, le président béninois Thomas Yayi Boni.

Nkosazana Dlamini-Zuma, par ailleurs ex-épouse du président Jacob Zuma, est "une femme digne, charismatique" et "une figure emblématique de l'engagement de la femme africaine pour (sa) libération et (son) émancipation" avec un long parcours professionnel et politique utile pour ses nouvelles fonctions sur laquelle les dirigeants du continent ont décidé de porter leur choix, a-t-il noté.

Après l'imbroglio de janvier où ni elle ni son concurrent Jean Ping n'étaient parvenus à réunir la majorité des deux tiers des voix requise pour que l'un d'entre eux puisse être élu, plongeant l'UA dans une impasse électorale, la Sud-Africaine a été élue par 37 voix sur 51 au terme du quatrième tour d'un scrutin âprement disputé.

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Pour le président Yayi Boni, c'est "un signal fort" lancé par les chefs d'Etat et de gouvernement africains concernant leur capacité à surmonter leurs contradictions en permettant de sortir l'Union africaine de "la situation difficile dans laquelle elle se trouvait", après l'avoir dotée d'un nouveau leadership.

Il a rendu un vibrant hommage au président de la Commission sortant pour son travail par lequel il s'est illustré comme "un pèlerin de la paix, parcourant inlassablement tous les foyers de tension du continent", qui témoignent d'un mandat exécuté "dans une période particulièrement mouvementée". Une allusion aux crises en Somalie, au Mali, en Guinée-Bissau, en République démocratique du Congo, entre le Soudan et le Sud-Soudan.

S'y ajoutent, entre autres, les événements en Libye, en Côte d' Ivoire, en Tunisie, en Egypte. Après avoir félicité sa remplaçante, Jean Ping, salué par une salve d'applaudissements au terme de son discours, a affirmé avoir "essayé de faire de (son) mieux pour servir l'Afrique" et s'est dit fier des réalisations enregistrées au cours des dernières années.

"Notre organisation, a-t-il observé, est encore à ses balbutiements et doit être soutenue avec la contribution non seulement de la Commission, mais également des autres organes de l' Union, des Communautés économiques régionales, des Etats membres et de la population africaine dans son ensemble".

Avant d'être investie dans ses nouvelles fonctions, suivie de son adjoint, le Kényan Erastus Mwencha, qui rempile pour un second et dernier mandat de quatre ans, et des nouveaux commissaires, Dlamini-Zuma, par ailleurs ancienne ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud, a dit vouloir effectivement travailler avec l'ensemble des Etats membres de l'UA et tous les talents du continent.

"Nous devons créer les conditions pour contribuer à la paix mondiale, au développement durable et relever le défi des changements climatiques", a-t-elle guidé.

Tout en soutenant que son élection, faut-il le souligner acquise à la suite d'une bataille électorale ayant créé des divisions au sein du continent à cause de sa candidature jugée au départ malvenue pour certains pays, "est une victoire de tout le continent et des femmes africaines", elle n'a cependant pas manqué de se réjouir de la réparation de ce qu'elle a qualifiée d' injustice.

D'après elle, ce succès électoral donne enfin l'occasion à la région de l'Afrique australe et surtout à une femme africaine de diriger pour la première fois depuis 49 ans l'organisation continentale.

Bien qu'étant réputée femme de caractère et créditée d'une capacité à pouvoir s'imposer par des décisions et des actions courageuses, Nkosazana Dlamini-Zuma devra néanmoins composer avec les pressions et les susceptibilités des dirigeants africains qui avaient poussé l'ex-président malien Alpha Oumar Konaré, prédécesseur de Jean Ping, à consentir à ne pas se maintenir à ce poste.Car, le président de la Commission de l'UA est avant tout un haut fonctionnaire au service et sous els ordres des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine.

C'est en septembre que la Sud-africaine et les autres membres élus de la Commission prendront officiellement leurs fonctions, a- t-on appris.

Parmi les autres faits majeurs du 19e sommet ordinaire de l' organisation, figure la volonté réaffirmée des participants, une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, soit un record, de trouver des solutions aux crises et conflits enregistrés sur le continent.

Pour le cas spécifique du Mali, le président Yayi Boni a fait état de la détermination à libérer ce pays de l'Afrique de l'Ouest de la spirale terroriste. "Il s'agit d'un fléau dont il faut absolument se débarrasser", a-t-il déclaré, ajoutant que "nous prendrons nos responsabilités".

Ce sommet devait initialement se tenir à Lilongwe au Malawi, mais il a été déplacé à la dernière minute au siège de l'UA en Ethiopie à cause d'une décision controversée des autorités de ce pays de refuser d'accueillir le président soudanais Omar el Béchir, menaçant d'ailleurs de l'arrêter en cas de participation à ces assises en exécution du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).