En 2022, l’Afrique subsaharienne affichait 980 millions d’abonnements mobiles, avec seulement 22% connectés à la 4G. Cette statistique devrait bondir à 49% de taux d’adoption 4G d’ici 2030.1 En dix ans, le nombre d’abonnements mobiles est ainsi amené à connaître une forte croissance, démocratisant l’accès à la communication et propulsant le développement socio-économique du continent. La connectivité mobile, déjà un vecteur de progrès, sera davantage dynamisée par l’arrivée progressive de la 5G sur le continent, promettant des avancées majeures, notamment dans le secteur de l’industrie. Avec la 5G, dont le taux d’adoption devrait atteindre les 20% d’ici 20302, l’enjeu est de briser les barrières numériques, de pallier le déficit de compétences et d’équilibrer l’accès à Internet, catalysant ainsi la transformation mobile régionale.
La croissance fulgurante de la connectivité en Afrique
L’essor de la connectivité en Afrique va bien au-delà de la simple connexion entre individus ; il représente un puissant outil d’inclusion socio-économique. Cette avancée technologique permet de compenser les déficits en infrastructures physiques et d’améliorer considérablement les services publics, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, tout en transformant le paysage entrepreneurial. Elle offre aux PME une plateforme inédite pour atteindre des marchés auparavant inaccessibles, tant au niveau local qu’international, tout comme elle offre de nouvelles opportunités pour la jeunesse africaine. Conscients de cette dynamique, les acteurs africains ont intensifié le déploiement de la connectivité, avec des investissements significatifs d’opérateurs locaux et internationaux pour étendre les réseaux télécoms, y compris dans des zones rurales isolées. Parmi ces acteurs, l’entreprise chinoise Huawei a joué un rôle important dans la région Northern Africa (Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale), pilotant la mise en oeuvre de la moitié des réseaux sans fil et haut débit 3G/4G, contribuant ainsi significativement à l’expansion numérique du continent en permettant ainsi à près de 30 millions de foyers sans réseau fixe à accéder à l’internet à large bande passante.
Ces initiatives, conjuguées aux stratégies numériques nationales comme le plan Maroc 2030 ou la stratégie digitale de la Tunisie pour 2021-2025, ont significativement amélioré les taux de connectivité dans la région. En conséquence, l’Afrique de l’Ouest compte aujourd’hui 188,5 millions d’utilisateurs d’Internet, tandis que l’Afrique du Nord en regroupe 180,4 millions3. Cette progression marque une expansion rapide de la connectivité sur le continent, reflétant l’impact positif de ces politiques sur l’accès au numérique.
Si l’avènement de la 5G en Afrique représente notamment une opportunité économique majeure en ayant le potentiel d’apporter une contribution économique estimée à 26 milliards de dollars d’ici 2030 selon la GSMA4, ce bond technologique promet d’accélérer le déploiement de l’Internet des objets (IoT) et, par extension, d’ancrer véritablement la quatrième révolution industrielle en Afrique. Cependant, pour que ce potentiel se traduise en réalité tangible, un engagement financier substantiel est requis. Les prévisions indiquent une envolée du marché des infrastructures 5G, passant de 12 à 92 milliards5 de dollars sur la période, soulignant l’impératif d’investissements conséquents.
Face à cet enjeu, l’heure est à l’union des forces entre opérateurs télécoms, acteurs de l’infrastructure numérique et pouvoirs publics, dans le but de maximiser les bénéfices de la 5G et de garantir une connectivité inclusive, étendue à l’ensemble du territoire africain. Ces partenariats seront notamment nécessaires pour alléger le poids de l’investissement pour ces différents acteurs.
La formation, un levier essentiel pour le développement de la connectivité numérique
Cependant, la réalisation de ce potentiel technologique passe inévitablement par une montée en compétences massives dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Cette urgence se reflète dans les objectifs ambitieux fixés pour la prochaine décennie : d’ici 2030, l’Afrique doit former 650 millions de ses citoyens aux compétences numériques, alors qu’actuellement, seulement 11 % des diplômés de l’enseignement supérieur en sont dotés. Le déficit de formation dans ce secteur vital menace de freiner l’essor de la connectivité et de l’économie numérique africaine dans son ensemble.
Conscients de cela, plusieurs pays font désormais de la formation un axe prioritaire dans leur stratégie de développement numérique. Un exemple de cette tendance est le Royaume du Maroc, qui, sous l’impulsion de Ghita Mezzour, Secrétaire d’État chargée de la Transformation numérique et de la Réforme administrative, s’engage résolument dans une ambitieuse stratégie pour l’horizon 2030. Selon les déclarations de Mme Mezzour, la stratégie numérique Maroc 2030 ambitionne de développer le capital humain dans le secteur numérique, avec pour objectif la formation annuelle de 45.000 talents dans les domaines du numérique, la reconversion professionnelle de 50.000 jeunes vers les métiers de l’avenir et l’attraction de 6.000 nouveaux talents numériques étrangers chaque année.
Dans le sillage de cette vision gouvernementale, les acteurs du secteur privé s’impliquent également avec vigueur pour contribuer au renforcement des compétences numériques au Maroc et sur le continent. Un exemple de cet engagement est l’initiative “Women In Tech” organisée en 2023 par Huawei Maroc en partenariat avec le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration du Maroc. L’objectif était de proposer des formations techniques certifiantes ainsi que des formations en Soft Skills à plus de 100 bénéficiaires, dont 50 femmes ingénieures, afin de leur donner la possibilité de découvrir les dernières technologies innovantes, de l’intelligence artificielle au Big Data.
Il apparaît donc crucial de forger des écosystèmes de formation numérique robustes et inclusifs capables de nourrir et de retenir les talents sur le continent. Dans ce contexte, la fuite des cerveaux est perçue comme un défi majeur. Comme l’a justement souligné Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des Relations Publiques de Huawei Northern Africa lors d’un X Space qui s’est tenu lors du Mobile World Congress 2024, « bien que les jeunes talents africains soient convoités à l’échelle mondiale, le défi réside dans notre capacité à les retenir dans le contexte d’une digitalisation galopante. » Ainsi, l’enjeu ne se limite pas seulement à introduire la formation aux TIC dans les programmes scolaires et à créer des emplois dans ce secteur ; il s’agit également d’une question d’autonomie technologique pour l’Afrique.
Ainsi, bien que le continent soit témoin d’une expansion notable de la connectivité et que la 5G constitue une formidable chance pour son essor économique et industriel, les défis restent considérables. Il sera essentiel de maintenir un flux constant d’investissements et de mettre un accent particulier sur la formation aux TIC pour embrasser pleinement cette révolution numérique. La collaboration étroite entre les sphères publiques et privées s’avère indispensable pour relever ces enjeux. Ensemble, ils doivent œuvrer de concert pour concrétiser le potentiel transformateur de la 5G sur le continent.
Afriquinfos