Mali : L’opinion malienne favorable à une solution musclée contre les rebelles touaregs

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Les attaques des éléments du MNLA contre les forces armées, qui ont fait officiellement au total 36 morts, dont 28 du côté rebelle, constituent, selon les hommes politiques, une violation flagrante des Accords de Ouagadougou (Burkina Faso), signés en juin 2013 entre le gouvernement de transition et les fractions rebelles pour permettre la tenue des élections générales.

A Bamako, les personnes interrogées ne parlent plus de "violation", mais de "rupture définitive" des dits accords.

Pour sa part, le Premier ministre malien affirme, à son retour à Bamako, que "le Mali est en guerre" (contre les rebelles du MNLA). Et des instructions ont été données pour envoyer à Kidal des renforts, dont une grande partie serait arrivée la nuit dernière. L'objectif est désormais de mettre fin à ce statut de "no man's land" que cette ville est devenue depuis le début de la rébellion, en janvier 2012.

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"Il sera difficile de sauver les meubles cette fois-ci parce que la rébellion a posé des actes graves ce week-end", pense un diplomate africain en poste dans la capitale. A son avis, "la communauté internationale, notamment la Minusma (mission des Nations unies) et l'opération française Serval, doit aller au-delà de la simple condamnation pour se désolidariser des rebelles".

Et si, souligne-t-il, "le gouvernement malien s'était jusque-là retenu pour privilégier le dialogue en vue de résoudre la question, il est maintenant clair que les rebelles sont allés loin dans la provocation et qu'il n'est ni politiquement ni diplomatiquement corrects d'empêcher les autorités maliennes de répliquer".

     Pour Fadimata Sow, une jeune intellectuelle panafricaniste, "la France est en partie comptable du drame qui s'est joué à Kidal le week-end dernier. C'est une situation que Serval a savamment entretenue en laissant les rebelles se comporter comme en territoire conquis. L'administration et les forces armées et de sécurité du Mali sont cantonnées dans des espaces alors que les rebelles et les milices terroristes se pavent en toute liberté partout où ils veulent. C'est donc normal qu'ils aient la prétention d'empêcher la visite du Premier ministre à Kidal".

De son côté, le chroniqueur malien Kader Toé affirme que "ce qui vient de se passer à Kidal est inadmissible. Des forces républicaines d'un Etat souverain ont été attaquées par des narcotrafiquants et des terroristes sous le regard indifférent des forces de la Minusma, et surtout de Serval".

"Il ne faut plus se voiler la face : ceux qui ont attaqué les soldats maliens sont des terroristes alliés au MNLA dont les combattants sont assez frileux pour s'engager dans de tels affrontements", pense le chroniqueur.

Pour lui, comme pour une grande majorité d'observateurs et d'intellectuels maliens interrogés, "la duplicité de la France à Kidal ne fait plus l'ombre d'un doute". Et ils exigent le retrait de Serval et même de la Minusma pour laisser l'armée malienne "nettoyer la ville pour de bon".

Tous soutiennent le Premier ministre qui se dit déterminé à chasser les rebelles et les terroristes de Kidal. "N'en déplaise à la France et à la Minusma", ajoute Fatou Diakité, leader d'une association de "jeunes patriotes".

La majorité des Maliens n'a jamais été favorable à une solution négociée avec le MNLA, selon les observateurs. Les "actes criminels" perpétrés entre vendredi et dimanche derniers contre le gouvernement, les forces armées et surtout des fonctionnaires maliens et leurs familles ne pouvaient donc que les conforter dans cette position.