Mali : L’économie malienne plus paralysée par les délestages que l’embargo de la CEDEAO

Afriquinfos Editeur
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Ces délestages menacent sérieusement l'activité socioéconomique de la capitale malienne où la plupart des entreprises (agences de banque, cliniques médicales…), les ateliers (métallurgie, couture…) dont une grande partie fonctionne aujourd'hui grâce à des groupes électrogènes.

"Nous sommes obligés d'utiliser les groupes électrogènes pour continuer à fonctionner pendant la journée. Cela à une incidence importante sur les dépenses de fonctionnement. Déjà, les marges de bénéfice étaient réduites avec la crise. Cette crise d'électricité, si elle se prolonge, va étouffer l'économie nationale", B. Doumbia, un jeune opérateur économique très actif sans le secteur de l'agroalimentaire. Un avis partagé par de nombreux économistes du pays.

"Les délestages vont contraindre beaucoup d'entreprises à fonctionner au ralenti. Et si la crise énergétique se prolonge, beaucoup d'entres elles vont faire faillite avec ce que cela suppose comme conséquences socioéconomiques sur ce pays déjà au bord de l'asphyxie à cause des sanctions diplomatiques et économiques de la CEDEAO", indique pour sa part Alphaly, un journaliste économique du quotidien privé Les Echos. Mais, à son avis et de presque tous les économistes rencontrés ces derniers jours, pour le moment, l'économie malienne souffre beaucoup plus des délestages diurnes et des sanctions de cette organisation.

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Sans compter que, avec les sanctions imposées par la CEDEAO depuis lundi dernier, la crainte d'une pénurie de carburant s'est de nouveau emparée de la capitale malienne. Le Mali dispose à ce jour de 5 dépôts de carburants qui sont tous correctement ravitaillés selon l'Office national des produits pétroliers (ONAP). Le 6e dépôt se situe à Tombouctou, actuellement sous occupation des islamistes d'Ançar Dine.

"Ces dépôt ont procédé à une évaluation du stock disponible sur le territoire national pour tous les types de produits pétroliers (essence super, pétrole, jet-avgaz, gasoil, DDO, et fuel-oil)… Le stock satisfait aux besoins du pays. Il peut nous permettre de tenir pendant une dizaine de jours. Mais, des problèmes pourraient survenir si l'embargo venait à durer longtemps. Quant aux stocks de gaz butane et du jet, ils peuvent satisfaire les besoins pendant une trentaine de jours", explique M. Ibrahima Dansoko, Directeur général adjoint de l'ONAP.

Les délestages de ces derniers jours ont naturellement contraint des entreprises et le secteur informel à changer leur moment de travail. "Maintenant, nous travaillons la nuit, souvent de 18h à 6h du matin. La récupération est difficile parce qu'on ne parvient pas à bien dormir avec cette canicule sur Bamako. Mais, nous n'avons pas le choix parce que nous avons d'importantes commandes et nous sommes obligés de respecter les délais pour ne pas perdre notre crédibilité, donc la clientèle", souligne Youssouf Camara, promoteur d'un atelier de métallurgie.

Et du constat d'un policier, les accidents de circulation se sont multipliés ces derniers jours parce que la ville est presque privée de feux tricolores à cause des délestages. Rapidement, les débats prennent une tournure politique.

"Au moins avec ATT (Amadou Toumani Touré), nous avions oublié ces délestages sauvages constituant une menace grave pour les activités socioéconomiques du pays. ATT a non seulement oeuvrer pour maintenir les prix de l'eau et de l'électricité à un niveau supportable pour les Maliens, il aussi augmenté le taux de desserte et a énormément investi dans l'amélioration de la production d'énergie", rappelle un jeune homme d'affaires.

Ces dernières années, l'EDM a bénéficié des chantiers de renforcement de ses centrales à Dar-Salam et Balingué, deux quartiers de la périphérie ouest et est de Bamako. En 2006, sa capacité de production avait été renforcée avec l'installation de 8 groupes totalisant 17,6 MW que le gouvernement malien a acquis sur financement du gouvernement indien pour conforter le parc de production thermique du réseau interconnecté.

Malgré l'amélioration de l'approvisionnement grâce au barrage de Manantali, le coût de l'électricité au Mali est l'un des plus élevés dans la sous-région avec 140 F CFA le du KW/h. Face à la situation actuelle, certains habitants envisagent déjà des mouvements pour protester. Toutefois, une grande partie de la population et des opérateurs économiques semble impuissants face aux dommages subis du fait des interruptions de la distribution de l'électricité.