L’Ethiopie prend les rênes de l’Afrique

Afriquinfos Editeur
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C’est un parfait inconnu, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, qui devait être désigné, à la fin janvier, président en exercice de l’Union Africaine (UA) pour un an. Il succèdera au Béninois Thomas Yayi Boni. La présidence tournante de l’organisation est renouvelée à chacun des sommets ordinaires convoqués en janvier, à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie et siège de l’UA. A tour de rôle, chacune des cinq zones géographiques propose un candidat, qui est aussitôt plébiscité et installé pour un an.

Même si elle s’inscrit dans cette règle de l’automaticité, la désignation de Hailemariam Desalegn à la tête de l’UA relève de la prouesse. Il y a quelques mois, l’homme était en effet inconnu du grand public, y compris dans son propre pays. Il n’a été propulsé Premier ministre – poste le plus important, celui de Président étant honorifique dans ce grand pays de 85 millions d’habitants – que le 21 septembre dernier, peu après le décès de Meles Zenawi, qui dirigea l’Ethiopie 21 ans d’affilée.

Certains conseillers ont bien essayé de dissuader le nouveau Premier ministre de briguer une fonction continentale qui requiert une grande disponibilité, une maîtrise de la diplomatie continentale, une bonne connaissance des crises et conflits en cours, mais aussi un bon carnet d’adresses, des relations directes avec les autres chefs d’Etat et d’importants moyens financiers. Les conseillers sourcilleux n’ont pas réussi à persuader Hailemariam Desalegn d’abandonner ses ambitions continentales, d’asseoir son pouvoir au pays avant de se pencher sur le sort du reste du continent.

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Le nouveau Premier ministre pouvait se prévaloir, il est vrai, de deux arguments de poids. Il a occupé par le passé le portefeuille des Affaires étrangères, ce qui lui a permis de rencontrer nombre de ses pairs du continent. Argument plus décisif, son pays sera, dans quelques mois, à l’honneur de la diplomatie africaine. Elle accueillera, en mai, les festivités du cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), rebaptisée, en 2002, l’Union Africaine. L’organisation pratique de ce grand raout relevant, pour l’essentiel, du gouvernement et de l’administration du pays hôte, la désignation du Premier ministre éthiopien à la présidence en exercice de l’UA arrange tout le monde. « On s’attend à ce que les Ethiopiens fassent les choses en grand », explique un fin connaisseur de l’organisation panafricaine, à Addis-Abeba.

Ingénieur hydraulique diplômé de l’Université finlandaise de Tampere, marié à une économiste réputée (Roman Tesfaye), père de trois enfants, le prochain président en exercice de l’UA a fait toute sa carrière politique à l’ombre de Meles Zenawi qui l’a adoubé, nommé conseiller, puis vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères.

Hailemariam Desalegn ne sera d’ailleurs pas le seul haut responsable néophyte consacré lors du sommet des 27 et 28 janvier, à Addis-Abeba. Elue en juillet 2012, la présidente de la Commission de l’UA (l’exécutif continental), la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, fera, elle aussi, ses premiers pas à la tête de l’organisation, même si, comme Hailemariam Desalegn, elle est un vétéran des conférences de l’UA, lorsqu’elle dirigeait la diplomatie de son pays.

Le sommet de l’UA se tiendra, comme en juillet dernier, dans un beau bâtiment construit et offert par la Chine à l’Afrique. Il devrait être dominé par la guerre au Mali, les négociations en cours entre les deux Soudans et la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo, théâtre de combats récurrents entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.