Le Maghreb ‘’pris en otage’’ par des fraudes aux examens du BAC?

Afriquinfos
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Les Algériens sont privés de Facebook et de twitter depuis le week-end écoulé. Les autorités ont décidé de bloquer ces réseaux afin d’éviter d’éventuelles fraudes à l’examen qui a débuté ce dimanche. De graves fuites ont émaillé les épreuves scientifiques qui ont amené à l’annulation de matières. Au Maghreb, la fraude s’installe-t-elle avec fracas et indignation au baccalauréat ?

En Algérie

C’est via leurs comptes Facebook que beaucoup de candidats au BAC avaient eu connaissance des épreuves. Ce qui a soulevé un tollé général en Algérie. Afin  d’éviter ces situations humiliantes  qui ont amené la recomposition des sujets, l’accès aux réseaux sociaux a été bloqué jusqu’au 23 juin, date de la fin de l’examen.

Cependant, cette mesure risque de ne pas faire l’unanimité. «S’ils s’y étaient pris à temps, ils auraient pu par exemple crypter les sujets et les imprimer dans chaque centre d’examen au lieu de les transporter depuis Alger vers les autres régions du pays», indque Younès Grar, expert en Technologies de l’information et de la communication (TIC). A l’en croire, le gouvernement algérien a choisi «la solution la plus simple».

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Ce sont au total deux (02) millions d’abonnés à l’internet ADSL et seize (16) millions à la 3G qui sont privés de Facebook et Twitter selon les chiffres officiels.

Retour sur les faits

C’est une opération  menée par la Gendarmerie algérienne qui a permis d’arrêter des personnes soupçonnées dans la fuite et la divulgation des épreuves. Les candidats des séries scientifiques ont été mis au parfum des épreuves sur leur compte Facebook avant l’examen.

Et c’est à la suite de cette révélation que la Gendarmerie a procédé à la saisie des ordinateurs, des CD et  les matériels qui ont contribué à la fraude. Plusieurs membres du corps enseignant ont été arrêtés. Il s’agit d’enseignants, cadres, chefs de certains Centres d’examens et des employés de l’Office national des examens et des concours (ONEC). A cela, s’ajoute le coup de filet de la brigade de cybercriminalité. Elle a mis la main sur «les personnes suspectes qui ont (…) publié les sujets sur les réseaux sociaux (…), des personnes intermédiaires impliquées dans l’opération des fuites», selon la Gendarmerie.

Ce qui a suscité l’indignation du Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, qui a parlé  d’«atteinte à la sûreté de l’Etat». Pour Ahmed Ouyahia, Directeur de Cabinet de la Présidence, c’est un «complot» ourdi contre Nouria Benghabrit, ministre de l’Education algérienne. Elle est devenue la cible des députés islamistes et des ultra-conservateurs. Ils lui en veulent pour avoir manifesté son désir d’opérer les réformes dans l’enseignement.

Nouria Benghabrit avait souhaité introduire le dialecte algérien dans les programmes scolaires. Ce qui lui a valu des courroux. Car, les ultra-conservateurs lui reprochent d’être contre l’arabe et de «vouloir détruire la culture algérienne. Mais, à en croire la ministre, la fraude massive «avait été organisée pour semer l’anarchie dans le pays». Un avis que ne semble pas partager le site El Watan. Car, selon le journal en ligne, Nouria Benghabrit veut profiter de la situation pour faire adopter ses réformes.  «Une refonte de l’examen du baccalauréat est nécessaire à travers notamment  la révision du mode d’évaluation, de l’organisation», aurait-elle suggéré, à en croire El Watan.

Des cas similaires aussi au Maroc

Au Maroc, des fraudes massives (environ 3.000 cas) ont été également signalées lors du démarrage de l’examen. C’est le site Bladi.net qui a relayé l’information. Le ministère de l’Education nationale a décelé depuis le début de l’examen des cas de tricheries estimés à 3000. «Pour montrer sa détermination face aux tricheurs, le ministre indique qu’en tout 21 personnes soupçonnées d’être impliquées dans des opérations de fraudes et de fuites ont été interpellées par les services de police à Rabat, Salé, Témara, Kénitra, Tanger, Marrakech, Oujda, Fès, Meknès, Taza ou encore Safi», révèle le site.

Le journal précise que «dans la plupart des cas, il s’agit de jeunes lycéens ou d’étudiants qui ont publié les épreuves sur les réseaux sociaux en promettant des réponses contre des sommes d’argent». Si, pour le moment, la sanction à infliger aux auteurs de ces tricheries massives se fait attendre, elle pourrait être accélérée. Fin mai dernier, les députés marocains ont voté un projet de loi contre la fraude. Le texte prévoit jusqu’à deux (02) ans  d’emprisonnement et 20.000 dirhams d’amende.

Ce sont en tout 306.000 élèves marocains  qui  ont passé leur examen de baccalauréat cette année. Le phénomène de la triche à l’examen touche tout le Magrheb. A l’instar de l’Algérie, du Maroc, des fuites à travers les réseaux sociaux ont également eu lieu en Egypte.

Anani  GALLEY