Quand des intellectuels africains à Rabat rendent hommage à l’écrivain francophone émérite Henri Lopes

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Henri Lopes, Congolese writer in 2011. Credit: Ulf Andersen / Aurimages.

Rabat (© 2024 Afriquinfos)- D’éminents chercheurs marocains, africains et internationaux se sont réunis ce 23 avril 2024, pour une journée d’étude, en guise d’ hommage posthume à l’écrivain, homme de lettres, diplomate et ancien premier-ministre congolais, Henri Lopes.

 Initiée par la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat (FLSHR), cette  journée d’études a été une occasion de lire Henir Lopes pour se rendre compte de l’idiome de l’écrivain au sein de la langue standard, a fait observer la doyenne par intérim de la FLSHR, Leila Mounir. « La littérature francophone qui nous réunit aujourd’hui autour de la figure marquante que fut et restera l’écrivain congolais Henri Lopes (1937-2023) est la preuve tangible que la langue française est passée, depuis, entre d’autres mains et qu’elle a désormais ses grands classiques », a-t-elle souligné.

Le chef de département de langue et de littérature française, et directeur du Laboratoire Langues, Littérature, Arts et Cultures. Hassan Moustir, a pour sa part indiqué que cette journée d’études, organisée en hommage à Henri Lopes, s’inscrit dans le cadre d’un nouveau cycle baptisé « Lire et relire ». Et de poursuivre : « Cet hommage vise à faire découvrir nos classiques africains à notre public marocain notamment estudiantin pour porter son regard vers l’intérieur du continent sur des auteurs ayant des accents critiques ou parfois esthétiques très marqués comme celui de Henri Lopes ».

 Auteur d’une douzaine d’ouvrages littéraires, dont son célèbre « Le Pleurer-rire » (Présence africaine, 1982) et « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » (Gallimard, 2003), Henri Lopes, a livré à travers ses écrits sa théorie de métissage et son identité triple à la fois originelle, internationale et personnelle.

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Il a souligné qu’Henri Lopes était un écrivain qui s’est distingué de la négritude en explorant l’identité dans sa relation avec autrui sous un angle complexe, mettant en lumière sa contribution essentielle et esthétique à travers son chef-d’œuvre « Le Pleurer-rire », où l’auteur a brillamment illustré sa façon unique d’utiliser la langue française pour exprimer ses idées.

Bouazza Benachir, enseignant-chercheur, a soutenu que Henri Lopes a opéré une nouvelle discursivité dans la manière de présenter, d’écrire et de penser l’Afrique, relevant que la pensée lopésienne s’est façonnée au fil du temps à travers ses connexions avec le mouvement culturel de la négritude et sa corrélation avec le mouvement new-yorkais de Harlem Renaissance, pour s’affirmer par la suite comme « une autre manière de narrer, de penser et de mettre en récit l’Afrique ».

Né en 1937 à Léopoldville (actuelle Kinshasa) dans un pays sous domination coloniale belge, Henri Lopes a mené une carrière politique très dense entre postes de ministre, de diplomate et de premier ministre. En tant qu’écrivain, Henri Lopes a été l’une des figures emblématiques de la littérature africaine moderne.

Décédé à Suresnes  à l’âge de 86 ans, il laisse à la postérité une œuvre littéraire riche et variée, dont « Tribaliques », « La nouvelle romance », « Le Chercheur d’Afriques », « Une enfant de Poto-Poto » et le « Méridional ».

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