PME : Un cadre légal protecteur de l’investissement requis pour l’accès aux crédits (ministre ivoirien du Commerce)

Afriquinfos Editeur
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Par ailleurs ancien président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire avant son entrée au gouvernement, l'ex-patron du groupe Sifca qui possède une raffinerie d'huile de palme à Abidjan de 1.500 à près de 2.000 tonnes de production par jour, appelle à bannir les freins à l'entreprise. Car, mentionne-t-il, "c'est parce qu'il n'y a pas suffisamment de protection de l'investissement que les banques freinent leurs prêts".

 Question : Monsieur le ministre, l'Afrique a-t-elle un problème de talents pour son développement, comme le prétend une certaine opinion ?

 Réponse : On ne peut pas dire que l'Afrique n'a pas de talents. Vous-même vous voyez des Africains talentueux, qui vont s'exporter ailleurs et qui deviennent des talents reconnus ailleurs qu'en Afrique. Il faut savoir retenir ces talents-là, il faut faire en sorte que ces talents puissent s'exprimer. Et pour que ces talents puissent s'exprimer, il faut favoriser la liberté. C'est pour ça qu'on se bat pour la démocratie. C'est pour ça qu'on se bat pour liberté d'entreprise. Quand je parle de liberté d'entreprise, il ne faut pas qu'il y ait des freins à l'entreprise. Les freins à l'entreprise, je parle de l'environnement hostile. Là où il y a la corruption, c'est là où on favorise les monopoles. Il faut savoir que la concurrence est pour le monde économique ce que le multipartisme et la démocratie sont pour le monde politique. Plus vous êtes libre, plus vous êtes créatif. Plus vous êtes libre, plus vous êtes entreprenant. Donc, il faut favoriser cette liberté d'entreprise-là et vous allez voir que les talents vont s'exprimer.

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 Q : Quand on parle d'opportunités, comment la PME africaine peut-elle se développer alors qu'elle n'a pas accès aux crédits et aux financements ?

 R : Elle aura accès aux crédits et aux financements à partir du moment où on lui offre ce cadre légal qui est protecteur de l'investissement. C'est parce qu'il n'y a pas suffisamment de protection de l'investissement que les banques freinent leurs prêts. A partir du moment où vous avez une justice adaptée au monde économique, où les garanties prises par les banques sont reconnues par la justice et que l'entrepreneur ne va pas disparaître le lendemain avec les fonds, vous allez voir que les banques elles-mêmes ont besoin de travailler, ont besoin de prêter et les PME trouveront leur compte là-dedans.

Q : Quel profit l'Afrique peut-elle tirer de la Chine pour construire ses infrastructures et mobiliser ses investissements ?

R : C'est un profit à tirer de tout le monde, pas que de la Chine. Mais il faut quand même penser à l'entreprise africaine. Il ne faut pas qu'un pays ou une entreprise vienne de l'extérieur et fasse tout et repart. Il faut que dans des grands pans de l'économie africaine on trouve des entreprises africaines. Ça doit être un développement partagé. Que quand la grande Chine vient sur le continent africain, elle sous-traite une partie de ses projets aux entreprises africaines. Il faut qu'un bon chiffre d'affaires reste sur le continent africain. Ce n'est qu'à ce prix-là qu'on va se développer. C'est là qu'on va créer une classe moyenne africaine sur laquelle repose le développement de l'Afrique.

Q : Pensez-vous que les Africains soient suffisamment outillés pour la transformation locale des matières premières ? Ou bien vous voyez cela avec des joint-ventures ?

R : On peut s'outiller. Je dis : offrez un environnement favorable à l'entreprise, les outils et les hommes viennent en même temps. Il y a une expression qui dit : on n'attire pas les mouches avec du vinaigre ; on doit les attirer avec du sucre. Donnez-nous un environnement sucré et vous allez voir tous les talents arriver autour de cet environnement-là.