PARIS (© 2019 Afriquinfos) – Les compagnies aériennes africaines sont de nouveau sur la sellette après le crash dramatique du vol ET302 de «l’Ethiopian Airlines», qui s’est écrasé 6 minutes seulement après son envol, tuant la totalité des 157 personnes à bord. Si les causes de cette tragédie restent à établir, l’enquête s’oriente vers la responsabilité du constructeur, dont le Boeing 737-800 MAX, récemment mis en service, a connu un accident similaire, en fin 2018, en Indonésie. D’ailleurs, «Ethiopian Airlines» est connu pour sa rigueur et son sérieux. Mais qu’en est-il des autres compagnies du continent ? Le ciel africain est-il plus dangereux que le autres?
485 accidents avec destruction complète de l’appareil ont été répertoriés depuis 1967 dans la base de données «d’Airfleet». 66 concernent des compagnies africaines, soit 13,6% du total. Soit une moyenne de 2,17 accidents par compagnie africaine, supérieure à la moyenne mondiale hors Afrique, de 1,65 accident par compagnie. La moyenne africaine se situe au-dessus du reste du monde.
Mais l’analyse doit être nuancée par le nombre de victimes. Sur un total mondial recensé de 180 accidents mortels, avec 18.766 victimes toutes compagnies aériennes confondues, le nombre de victimes attribuables aux compagnies africaines est de 2.174, soit 11,57% du total. La moyenne africaine est donc de 108,7 victimes par compagnie, contre 103,18 victimes par compagnies hors Afrique. L’Afrique n’est donc ni meilleure ni pire.
Les compagnies dont les accidents ont causé le plus grand nombre de victimes sont de grandes compagnies américaines, chinoises, indiennes, coréennes, et françaises. «American Airlines» vient en tête, avec un total de 858 victimes, puis «China Airlines» avec 760 victimes. Suivent la «PanAm» (594), «Korean Airlines» (586), la «Malaysia Airlines» (537), la «Japan Airlines» (520), «Air India» (542). Avec l’accident de dimanche dernier, «Ethiopian Airlines» compte à ce jour 407 victimes dans ce bilan macabre.
La majorité des cas de cette liste en Afrique sont dus soit à des incendies, soit à la perte de repères en raison de l’obscurité ou de la fatigue des pilotes. Dans trois cas («TAAG Angola» en 1983, «Flash Airlines» en 2004 et «Egyptair» en 2016), la piste terroriste a été évoquée mais non prouvée.
Pour assurer une meilleure sécurité aérienne, il est essentiel que les enquêtes sur les causes des accidents puissent être menées sans interférence politique, afin que les problèmes techniques puissent être identifiés quand ils existent. L’identification adéquate des causes d’accident permet une meilleure formation des pilotes, et permet d’améliorer les systèmes d’aviation par les constructeurs. La sécurité des transports aériens est donc amenée à jouer un rôle croissant pour accompagner le développement économique du continent.
Providence A. Kasongo