Smart Grids: Une solution pour illuminer l’avenir du continent africain

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Abidjan (© 2022 Afriquinfos)- Avec plus de 6,9% de croissance en 2021, l’Afrique s’impose comme l’un des continents les plus dynamique dans le monde. Pourtant, condition essentielle pour stimuler le développement socio-économique et améliorer le bien-être des populations, le déficit d’accès à une électricité fiable et abordable représente encore l’un des obstacles majeurs au maintien d’une telle croissance sur le long terme.

Le développement des smart grids sur le continent apparaît donc progressivement comme une solution majeure face au défi de l’électrification sur le continent. Intégrant les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), les smart grids sont des infrastructures réseaux permettant de produire, de distribuer et de consommer plus intelligemment de l’électricité. Si le développement de ces solutions en Afrique permettra d’électrifier le continent durablement en intégrant les énergies renouvelables au réseau, le secteur devra faire face à un défi de taille : celui de la cybersécurité sur un continent encore peu formé à ces enjeux.

Les enjeux de l’accès à l’électricité en Afrique

 Sur le continent, l’accès à l’électricité est conditionné par la réponse à un certain nombre de défis socio-économiques, parmi lesquels le besoin d’accès à des services essentiels que sont la santé ou encore l’éducation. Ces derniers jouent, en effet, un rôle crucial dans l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment au regard de la croissance démographique que connaîtra le continent dans les prochaines décennies. Par ailleurs, l’accès à l’électricité est essentiel dans le sens où il est un catalyseur de croissance dans certains domaines économiques clés, tels que l’agriculture et l’industrie.

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Cependant, avant tout, la problématique de l’amélioration de l’accès à l’électricité répond à des considérations environnementales, l’Afrique étant l’une des premières victimes du réchauffement climatique, quand bien même elle n’y contribue que faiblement.

En conséquence, il est capital de déployer des infrastructures, – de transport et de distribution d’électricité -, requérant une forte mobilisation et implication de l’ensemble des acteurs de l’écosystème, acteurs publics et privés compris. En effet, un tel développement ne pourra pleinement advenir sans un recours aux moyens humains, techniques et financiers.

 Les Smart Grids face au défi de l’accès à l’énergie sur le continent

En Afrique, si le taux d’électrification a certes connu une croissance importante ces dernières années, passant ainsi de 42% à 55% entre 2015 et 2019, les résultats restent malgré tout insuffisants et les disparités entre les régions demeurent importantes.

A titre d’exemple, en Afrique de l’Ouest, seulement 8% de la population rurale a accès à l’électricité, les habitants de ces régions étant pour la plupart non-raccordés au réseau national. En termes de valeurs, cela signifie que plus de 620 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne en février 2022.

Le continent dispose pourtant d’un important potentiel en énergies renouvelables, notamment grâce à ses ressources solaires, éoliennes et hydrauliques dont il commence de plus en plus à tirer parti. Le déficit ou le mauvais entretien d’infrastructures, – énergétiques ou encore de transport -, en Afrique, notamment dans les zones reculées, ne permet pas un acheminement d’énergie optimal, fiable et peu coûteux. Si le déploiement du réseau d’électricité à l’échelle d’un pays peut sembler ardu car particulièrement onéreux, les installations d’énergies renouvelables à l’échelle locale se multiplient quant à elles pour répondre aux besoins des populations rurales. A titre d’exemple, en Côte d’Ivoire, l’opérateur de télécommunications MTN s’est emparé du sujet en signant un partenariat avec la société d’énergie solaire hors-réseau Lumos afin de fournir une électricité fiable à plusieurs millions de foyers dans le pays.

Le développement de ces nouvelles infrastructures énergétiques permettra, certes de renforcer les capacités installées de production d’électricité, mais également d’accroître le taux d’électrification dans les zones reculées. Cependant, le caractère irrégulier de celles-ci pose malgré tout de nombreux défis, notamment en matière de stockage.

La capacité à gérer l’intermittence de ces énergies et à optimiser les rendements de cette production décentralisée représente donc un enjeu majeur auquel répondent les Smart grids, ces réseaux de distribution intelligents, qui se déploient à travers l’utilisation des NTIC, telles que l’intelligence artificielle (IA) ou l’Internet des Objets (IoT).

Associant donc la technologie à l’électricité, ces outils dits intelligents sont de plus en plus considérés comme une solution opportune à même d’intégrer les énergies renouvelables dans le système électrique, optimisant ainsi la production d’électricité. Cette question se révèle particulièrement importante dans un contexte mondial marqué par la tenue de la COP 27 à Sharm El-Sheikh en Égypte.

De nombreux investissements s’orientent de plus en plus vers ces projets énergétiques, en témoigne celui développé par Engie au Nigeria. En avril 2022, la branche du groupe français Engie Energy Access a ainsi mis en service son premier mini-réseau solaire photovoltaïque à Gbangba. Cette installation a permis à 1.500 personnes vivant en zone rurale d’accéder à l’électricité, desservant aussi bien des particuliers que des entreprises5.

En Éthiopie, Huawei a par exemple déployé quelques 400 sites solaires utilisant des solutions Advanced Hybrid Power ainsi que des Smart Micro Grids, l’énergie solaire étant alors utilisée pour fournir de l’énergie aux stations de communication. Ces sites solaires permettent d’économiser plus de 12 millions de litres de carburant diesel chaque année, contribuant ainsi à réduire les émissions de carbone de 2.850 tonnes.

Utilisés principalement à l’échelle locale à l’heure actuelle, les smart grids apparaissent toutefois comme une solution majeure pour les pays souhaitant développer des projets d’énergies renouvelables de grande envergure afin de répondre aux Objectifs de Développement Durable (ODD).

Par ailleurs, ils peuvent constituer une réponse à l’amélioration des conditions de vie des populations, limitant ainsi les pannes et participant, de facto, à la diminution des temps de coupure. Pour autant, leur déploiement à l’échelle nationale soulève de nombreux défis pour le continent, notamment en matière de cybersécurité, auxquels il convient de répondre rapidement afin de faire des smart grids une solution pour illuminer l’avenir de l’Afrique.

Le développement des smart grids face au défi des cyberattaques

Les smart grids reposent sur des fonctionnalités technologiques avancées (IA, IoT, Big Data) qui génèrent une quantité très importante de données stockées au sein d’infrastructures numériques que les sont par exemple les data centers.

Au regard de la faiblesse des infrastructures énergétiques sur le continent et les réseaux électriques intelligents étant hautement stratégiques, ils peuvent donc constituer des cibles de choix pour les cybercriminels. Les conséquences de potentielles cyberattaques sur l’un de ces réseaux pourraient engendrer des impacts dramatiques pour les économies africaines. La maîtrise de ces réseaux et des données qui en résultent constitue ainsi un enjeu de souveraineté numérique crucial.

Dès lors, la mobilisation d’importants investissements ainsi que le renforcement des compétences et compétences dans le domaine des technologies de pointe utilisées dans le déploiement de smart grids, particulièrement dans le domaine de la cybersécurité ou de l’IA, apparaît essentiel à leur développement sur l’ensemble du continent africain. Nombreux sont les États à s’être emparés du sujet de la cybersécurité. La Côte d’Ivoire prévoit notamment la création d’un Conseil National de la Cybersécurité et d’une Autorité Nationale de la Cybersécurité pour lutter contre d’éventuelles attaques dont serait victime l’État dans le cyberespace.

C’est également un sujet qui doit engager les acteurs privés, parmi lesquels les équipementiers et opérateurs télécoms. Des entreprises telles que Huawei se sont ainsi emparées du sujet de la formation à ces enjeux à travers son projet de ICT Academy, qui accompagne chaque année plusieurs milliers d’étudiants dans plus de 12 pays du continent dans l’apprentissage de ces technologies disruptives, qui sont avant tout précieuses dans la construction de l’avenir numérique des pays.

Le développement des smart grids représente ainsi une formidable opportunité pour l’électrification du continent au travers d’une gestion maximisée de la production d’électricité issue des énergies renouvelables. L’accès à l’énergie étant un prérequis au développement des économies, le déploiement de cette technologie à grande échelle permettrait à l’Afrique de connaître une croissance socio-économique sans précédent, bénéficiant à l’ensemble des populations. Pour autant, la mise en place à grande échelle de ces réseaux représente un enjeu majeur de souveraineté, imposant dès lors la mise en place de programmes de formations dans le domaine des nouvelles technologies, et tout particulièrement de la cybersécurité.

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