Côte d’Ivoire : après la "pluie" de problèmes en 2011, le "beau temps" pour 2012 ?

Afriquinfos Editeur
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Plus de 3 000 personnes vivant sur le territoire ivoirien ont perdu la vie dans le conflit, et plus d'un million d'autres ont été contraints au déplacement.

Le point culminant des péripéties a été l'arrestation le 11 avril de l'ancien président Laurent Gbagbo après une rude bataille qui a opposé les forces de celui-ci aux combattants pro-Ouattara appuyés par les Casques bleus et la force française Licorne à qui l'ONU avait donné mandat de détruire les armes lourdes utilisées par les forces pro-Gbagbo "contre les populations civiles".
 

Cette arrestation a permis l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara qui avait été déclaré vainqueur aux élections présidentielles par la Commission électorale indépendante (CEI) soutenue par l'ONU mais qui avait buté contre l'intransigeance de Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur du scrutin par le Conseil constitutionnel.

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Les élections législatives qui constituent le dernier jalon politique de l'année 2011 ont elles aussi leur lot de violences avec plusieurs morts enregistrés durant la campagne électorale dans plusieurs régions du pays dont l'ouest et le sud.

Les nouvelles autorités ivoiriennes tentent ainsi de fermer la parenthèse de violences qui ont précédé et suivi le conflit post-électoral.

UNE ANNEE DE L'ESPOIR
Tout comme elles, la population tourne son regard vers l'année 2012 perçue de manière quasi unanime comme une année de l'espoir.
Pour Frédéric Gnézé, enseignant à la faculté des sciences économiques de l'Université de Cocody, l'espoir se décline en la capacité des dirigeants du pays d'établir la normalité dans le pays après le "désordre" qui s'est emparé du pays.

"La véritable normalité devrait débuter en 2012, car la fin de 2011 a été elle aussi relativement tumultueuse avec les scènes de violence parfois meurtrières auxquelles l'on a assisté dans certaines régions", a fait remarquer M. Gnézé.

"Nous attendons une véritable reprise économique de la Côte d'Ivoire en 2012. Avec l'appui actuel des bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale et l'Union africaine, le secteur économique doit normalement redécoller à partir de la nouvelle année", a renchéri Lambert Assalé, responsable d'une entreprise de négoce à Abidjan.

"Le bilan 2011 pour les opérateurs économiques ivoiriens est négatif, avec les pillages et les fermetures forcées que nous avons connus. Nous considérons l'année 2012 comme un nouveau départ. C'est une renaissance en quelque sorte", a-t-il noté.
Les nouvelles autorités ivoiriennes se disent conscientes de ce nouveau souffle dont veut se doter le pays, et ne manquent pas l'occasion de révéler les "importants" défis qui les attendent.

Dans une adresse le jeudi 8 novembre aux ambassadeurs accrédités en Côte d'Ivoire, le président ivoirien Alassane Ouattara a reconnu que la crise socio-politique et le conflit post-électoral ont mis à mal les valeurs cardinales de paix, de stabilité, d'hospitalité et de solidarité chères au premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, "père de la Côte d'Ivoire moderne".
M. Ouattara a toutefois fait état des efforts du gouvernement pour assurer la normalité.

De son avis, ces efforts s'articulent autour de trois grands défis à relever, entre autres la sécurité, la réconciliation nationale, et la reconstruction et la relance économique.

Il s'agit ainsi pour les autorités ivoiriennes de ramener la confiance des partenaires économiques et de faire en sorte que la destination Côte d'Ivoire soit désormais prisée.

LE DEVELOPPEMENT DANS L'UNION
La réconciliation se présente comme l'un des nouveaux défis des Ivoiriens pour la nouvelle année.

Pour Landry Djéni, président de la Jeunesse panafricaine démocrate (JPAD), la déchirure entre les Ivoiriens doit disparaître avec l'année 2011 pour céder la place à la paix et à la cohésion en 2012.

"Comme le dit l'adage, l'union fait la force. C'est en nous réconciliant et en étant unis que nous allons amorcer notre véritable développement", a souligné M. Djéni qui a par ailleurs plaidé pour que soit relevé en 2012 le défi de l'emploi des jeunes.

"Tout est lié. Il faut une amélioration de l'environnement des affaires pour parvenir à un fort taux d'investissement et une bonne croissance, ce qui arrangera les jeunes en termes d'opportunités d'emplois", a expliqué Maurice Taho, expert au ministère ivoirien de l'Economie et des Finances.

"Après la crise politico-militaire, il y a eu la crise post-électorale. Cela a fait chuter le taux de croissance à -5% en 2011 selon les dernières estimations du Fonds monétaire international (FMI)", a relevé M. Taho.

"L'aide des partenaires au développement permettra à la Côte d'Ivoire de rebondir dans la nouvelle année. Pour l'année 2012, les prévisions de croissance sont estimées à près de 9% par le gouvernement", a-t-il ajouté.

Selon Maurice Taho, la Côte d'Ivoire attend un événement important en cette année 2012 qui devrait lui permettre de relever le défi sur le plan économique : l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE).
"Ce sont environ six millions de dollars qui seront annulés au profit de notre pays et cela va apporter une bouffée d'oxygène", a-t-il énoncé.
 

SORTIR DE L'ISOLEMENT
En outre, force est de noter qu'avec les événements qui ont émaillé l'année 2011 en Côte d'Ivoire, le pays a vécu dans un isolement.
Pour cette raison, la reprise insinue aussi le développement de la coopération avec les autres pays, de l'avis de certains observateurs.
Ceux-ci se sont ainsi réjouis de la volonté du chef de l'Etat ivoirien de développer "une coopération de confiance, dynamique et mutuellement bénéfique" avec l'Afrique, l'Europe, l'Amérique, comme avec l'Asie et l'Océanie.

"Avec ses grands partenaires traditionnels comme le Japon, la Chine, l'Inde et la Corée mais aussi avec ses nouveaux alliés, nous comptons examiner de nouveaux projets porteurs pour démonter notre réel engagement à poursuivre cette fructueuse collaboration", avait promis Alassane Ouattara.

Manifestement, il s'agira pour les autorités ivoiriennes de remettre le pays sur les rails en 2012, après les soubresauts de 2011. Après la "pluie" de violences et de difficultés, les Ivoiriens placent la nouvelle année sous les auspices du "beau temps".