Journée mondiale de lutte contre le sida/Côte d’Ivoire : objectif "zéro nouvelles infections de sida"

Afriquinfos Editeur
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Dans un message lu mercredi par la ministre de la Santé, Thérèse N'dri-Yoman, à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida célébrée tous les 1er décembre, le gouvernement a réaffirmé son engagement à bloquer la propagation du sida à travers le slogan "zéro nouvelles infections liées au sida pour une Côte d'Ivoire unie et réconciliée".

DES CHIFFRES ALARMANTS

La Côte d'Ivoire reste le pays d'Afrique subsaharienne le plus touché par la pandémie du sida avec une prévalence de 4,7%.

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Selon le Rapport national 2010 de l'ex ministère de la Lutte contre le sida, la prévalence au sein de la population ivoirienne de 20,5 millions d'habitants était de 4,7% en 2005 sur la base d'une enquête sur les indicateurs du sida.

Ce taux de prévalence nationale est passé à 3,7% en 2008, selon des estimations de l'Onusida et l'Oms.

On estime, sur la même période, à 440 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH en Côte d'Ivoire en 2008.

A total 51 820 personnes sur les 440 000 vivant avec le virus du sida étaient sous traitements antirétroviraux.

Toujours en 2008, selon l'Onusida, 34 000 cas de décès dus au VIH ont été enregistrés, portant à 430 000 le nombre d'orphelins et d'enfants rendus vulnérables du fait de l'infection à VIH dans le pays.

"Plus qu'un problème de santé publique, le sida reste un problème de développement et de sécurité", commente le Rapport.

Sans doute, poursuit-il, "la lutte contre cette pandémie est l'un des défis majeurs du siècle pour assurer le développement harmonieux de nos pays et garantir la qualité de vie des populations".

UNE REPONSE MULTI-SECTORIELLE

Face à ce drame, le gouvernement ivoirien a opté pour une stratégie "décentralisée et multi-sectorielle".

La décentralisation a consisté à organiser "la riposte" aux niveaux régional, départemental, communal et villageois à travers la création de comités de lutte contre le sida appuyés par des cellules techniques.

L'approche multi-sectorielle, elle, se traduit par l'implication de tous les secteurs d'activité dans la lutte contre le sida avec des comités dans chaque secteur ou département ministériel et des cellules focales.

Pour soutenir et compléter l'action gouvernementale, la société civile est fortement impliquée dans la "riposte nationale" à travers ses réseaux de lutte contre le sida, tout comme le secteur privé.

Selon le Rapport national 2010, "300 entreprises disposent aujourd'hui de cellules focales de lutte contre le sida contre une dizaine il y a quelques années".

La mobilisation de la société ivoirienne dans toutes ses composantes a fait avancer dans l'atteinte des cibles de "l'accès universel" avec la gratuité de l'accès aux antirétroviraux décidé par le gouvernement ivoirien depuis 2008.

La "riposte nationale" est matérialisée par un Plan stratégique national (PNS) de lutte contre le sida élaboré en 2006 pour quatre ans et révisé en 2009 pour s'étendre jusqu'en 2013.

LA CRISE POST-ELECTORALE PLOMBE LA RIPOSTE

La crise post-électorale déclenchée en novembre dernier a fortement perturbé l'accès à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien en matière de VIH en Côte d'Ivoire.

En mars dernier, l'Onusida relevait que devant l'intensification des hostilités à travers le pays, beaucoup d'établissements de soins de santé avaient dû fermer et qu'il y avait une pénurie de médicaments essentiels, y compris de médicaments pour la thérapie antirétrovirale.

En outre, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a décidé de geler dès janvier 2010 le déboursement de fonds pour ses principaux programmes en Côte d'Ivoire, en raison de l'instabilité politique du pays.

DES COMPORTEMENTS A RISQUES PERSISTANTS

La réponse nationale est également mise à mal, selon le Rapport national 2010, par des "comportements à risque persistants" chez les jeunes et des connaissances encore limitées sur la pandémie.

Le Rapport cite une étude de 2005 confirmée par une autre en 2009 qui indique que "21% de filles contre 15% de garçons ont eu leur premier rapport avant l'âge de 15 ans" et que "44% des garçons et 75% des filles n'utilisent pas de préservatifs" lors des rapports sexuels alors qu'avant l'âge de 16 ans, 52,2% des jeunes sont sexuellement actifs.

De même, 87% des femmes et 90% des hommes n'ont jamais fait le test de dépistage du VIH, soit une moyenne nationale de 88,5%.

Un taux de dépistage très faible alors que connaître sa sérologie est la porte d'entrée à l'offre de services de prévention de nouvelles infections.

En matière de connaissances sur le sida, "seulement 10% des professionnelles du sexe ont une connaissance complète du sida", indique le document qui cite une étude de 2007.

Pour le gouvernement, "l'intensification des programmes de prévention chez les jeunes, le passage à l'échelle de la transmission de la mère à l'enfant, l'amélioration de l'offre des soins de qualité et l'intégration des populations à haut risque dans la réponse nationale" constituent les priorités pour la planification stratégique.

Une volonté politique fortement dépendante de l'extérieur quand on sait qu'entre 2006 et 2008, la plus importante source de financement en matière de lutte contre le sida provenait des partenaires au développement avec 75,1 milliards de franc CFA soit 87,22% des ressources.

L'argent est le nerf de la guerre et de ce point de vue, la question de la pérennité de la lutte contre le sida en Côte d'Ivoire se pose avec acuité.