Génocide rwandais : Des mandats d’arrêt lancés contre des Français présumés génocidaires

Afriquinfos
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Kigali (© Afriquinfos 2017)-  Le Rwanda est prêt pour lancer ses mandats d’arrêt internationaux contre certains anciens officiels français présumés criminels de génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda de 1994. C’est ce qu’a declaré Mme Louise Mushikiwabo, Ministre rwandaise des Affaire étrangères et Coopération internationale au cours d’une conférence de presse de ce dimanche 24 décembre 2017.

« Il se fait actuellement une instruction de leurs dossiers », a dit la Ministre précisant que ce n’est qu’à la conclusion de cette instruction que des mandats d’arrêt internationaux seront lancés.

Il ne manquait que cette conférence pour montrer la détermination du Gouvernement rwandais qui a, régulièrement, tous les ans, depuis l’an 1995, au cours des journées de commémorations annuelles du 7 avril, date marquant le début de ce génocide en 1994, toujours accusé certains hauts officiels français d’avoir beaucoup de responsabilité dans l’organisation et l’exécution de ce génocide qui a emporté quelques 1.023.000 de Tutsi et autres Hutus modérés.

Le Rwanda a déja publié une liste de hauts gradés militaires français présumés avoir trempé dans ce génocide. L’instruction de leurs dossiers va commencer pour bientôt, a dit la Ministre montrant que le Gouvernement rwandais ne dit pas les choses en l’air, qu’il passe toujours à l’action.

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Pour ce faire, le Gouvernement rwandais suit de près les publications qui se font autour de cette question par la Communauté internationale. C’est le cas de l’Institut américain Cunningham Levy Muse qui vient récemment de publier le Rapport Muse accusant, preuves à l’appui, la France d’avoir fourni des armes au Gouvernement génocidaire rwandais avant et après les cent jours qu’a duré ce génocide.

Existence de preuves

« Nous avons de nombreuses preuves tangibles de l’implication des officiels français dans le Génocide des Tutsi de 1994. Outre la publication de ce Rapport Muse allant dans ce sens, d’autres vont l’être pour bientôt. Il y a d’autres qui sont rendus publics depuis un certain temps. Nous souhaitons cette fois ci aller en profondeur du problème pour certaines personnalités françaises pour lesquelles nous avons des preuves sérieuses. Et même, des mandats d’arrêt ont commencé à être rédigés. Ils sont là », a annoncé la Ministre montrant que le Rwanda peut aussi se permettre de poursuivre des criminels de n’importe quel pays au monde soit-il une puissance mondiale ou non. Reste à se poser si le cadre légal international permet aux pays du sud de montrer une structure judiciaire respectée par le Nord avec une force qui sied à la Justice internationale.

La CNLG/ Commission Nationale de Lutte contre le Génocide a publié le 31 octobre 2016 une liste de hauts gradés militaires français soupçonnés d’avoir joué un rôle dans le génocide des Tutsi de 1994. Le Procureur Général de la République rwandaise, Jean Bosco Mutangana, a, dans un entretien avec IGIHE, confié qu’à cette question de militaires français présumés génocidaires, le Rwanda souhaite une coopération judiciaire avec la France pour faire éclater la lumière à ce sujet autant que le recommande un principe de la convention internationale.

Vignikpo Akpéné