Paris (© 2022 Afriquinfos)- L’Afrique est l’un des continents sur lequel la FIDH (Fédération internationale pour les droits humains) s’est renforcée, notamment après la décolonisation et les indépendances, et l’adhésion dès 1978 de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. En cent ans d’existence, la Fédération a connu trois dirigeants africains à sa tête.
La Fédération compte actuellement 39 ligues en Afrique. Elle n’a connu à sa tête que trois dirigeants africains. Il s’agit de l’avocat et ex-ministre de la Justice du Sénégal Sidiki Kaba, a été président de la Fidh de 2001 à 2007. Il a été remplacé par la journaliste et défenseur des droits de l’homme tunisienne Souhayr Belhassen (2007 à 2011). De 2019 à ce jour, la Fidh est dirigée par la Botswanaise Alice Mogwe.
Ce dimanche 23 octobre 2022, la Fidh tenait son 41e congrès à Paris, en France, dans le cadre de son centenaire. S’exprimant pour l’occasion, Maître Drissa Traoré, secrétaire général de l’ONG, a expliqué que des progrès ont été faits pour permettre aux militants de défendre leur cause : «Les responsables politiques aujourd’hui regardent par deux fois avant de menacer, et quand cela arrive, ils reculent rapidement parce qu’il y a une réaction qui instantanée et rapide».
La célébration était également l’occasion de longuement s’interroger sur la situation des droits de l’homme sur le continent, notamment celle du Tchad. Comme d’autres pays du continent, depuis plusieurs mois le Tchad est particulièrement sous les projecteurs.
«La Fidh est à ce jour très présent au Tchad avec notamment le massacre de manifestants [le 20 octobre dernier]. La FIDH, avec la Ligue tchadienne des droits de l’homme, a produit un communiqué de presse et a fortement réagi pour critiquer ce massacre. On travaille actuellement en Guinée avec le suivi du procès sur le 28 septembre 2009. La FIDH a été très impliquée en Guinée à la suite de ce massacre et, depuis 12 ans, soutient les victimes et demande la vérité et la justice», a affirmé Éléonore Morel la directrice générale.
«On a actuellement aussi un gros travail avec la Côte d’Ivoire sur la question des violences sexuelles et des violences basées sur le genre. On est aussi présents dans la région des Grands lacs, et notamment en République démocratique du Congo, en Ouganda, sur les questions des entreprises et des droits humains avec notre organisation ougandaise FHRI [Foundation for Human Rights Initiative]. Donc, on essaie d’être présents et surtout de pouvoir répondre aux demandes de nos organisations en cas de violation des droits humains», a-t-elle ajouté.
300 défenseurs des Droits de l’Homme assassinés
Chaque année, près de 300 défenseurs des droits de l’homme sont assassinés selon l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme.
Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), était l’invité d’honneur de la cérémonie : il a demandé aux militants de ne pas perdre espoir et a rendu hommage à leur travail sur le terrain.
«Rien qu’en jetant un coup d’œil à toutes les situations qui relèvent de la juridiction de la CPI, ce qu’on voit ce sont des océans de larmes et de souffrance. Mais ce que vous faites à la FIDH, bien sûr, va beaucoup plus loin: vous vous rendez là où nous n’en avons pas le pouvoir, vous donnez une voix à ceux qui n’en ont pas. Nous savons les souffrances des Rohingyas, le malaise et l’absence d’espoir en Palestine et en Israël, ou encore l’explosion continue des violences sexuelles ou de genre, des violences sur les enfants, dans une très grande partie du monde.
Peu importe que ce soit en Afrique du Nord, de l’est, en Afrique centrale ou de l’Ouest. Dans ce contexte, il y a pourtant de l’espoir, grâce à vos actions et à celles de ces âmes nobles qui vous ont précédé. Elles ont fait des différences. Donc, ce je vous dis, c’est : ne soyez pas déprimés, ne cédez pas au désespoir car vous avez vraiment de quoi être fiers».
Les 100 ans d’existence de l’organisation ont été célébrées à l’Hôtel de Ville de Paris en présence de 300 invités, dont 180 militants venus du monde entier.
C’est le 28 mai 1922 qu’une quinzaine d’organisations nationales se sont réunies pour fonder la FIDH, première organisation internationale de défense des droits humains avec l’idée qu’un modèle fédérateur était la solution dont le monde avait besoin pour promouvoir l’universalité des droits. Idéal des mêmes droits pour toutes et tous, partout dans le monde.
Vignikpo Akpéné