Le transfert d’argent via le mobile, un phénomène en vogue au Sénégal

Afriquinfos Editeur
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Les nouvelles sociétés de transfert bousculent, grâce au mobile, le quasi-monopole des ténors établis au niveau national et international depuis plusieurs années, qui sont aujourd'hui obligés d'ajuster leurs tarifs.

Ces sociétés aux noms empruntés au vocabulaire local suggérant la rapidité et la fiabilité attirent la clientèle grâce à la simplicité de la procédure, la proximité des points de transfert et le coût abordable du transfert. Plus besoin de faire des kilomètres jusqu'à la banque ou le bureau de poste pour envoyer ou recevoir de l'argent. "On va juste à la boutique du coin", confie Younouss, un jeune mécanicien qui envoie régulièrement de l'argent à sa mère au village.

Le procédé est simple : "le client décline son identité, son numéro de téléphone et celui du destinataire ainsi que le montant à envoyer", explique Arame Ba, gérante de transfert d'argent à la Médina, un quartier populaire de Dakar. Tout se fait en moins de cinq minutes. Le destinataire reçoit sur son portable un message lui indiquant le montant de la somme envoyée, l'identité de l'expéditeur et le code secret en chiffre qu'il doit présenter au gérant de transfert pour pouvoir retirer tranquillement son argent. Quant à l'expéditeur, il est avisé dès que son envoi est retiré.

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Quant au coût de l'envoi, il varie selon le montant à expédier. Par exemple, renseigne Mme Ba, "pour envoyer 5.000 francs CFA, le client paye 500 FCFA, pour 10.000 francs, 700 FCFA, et il est possible d'envoyer de l'argent presque partout au Sénégal".  "Le transfert d'argent (via le portable) nous fait gagner du temps et nous évite d'aller faire la queue dans les banques. En plus, poursuit Arame Guèye, la cinquantaine, il est possible d'envoyer de l'argent même les dimanches parce que les boutiques sont tout le temps ouvertes". Mais malgré ses avantages, le transfert via le mobile a ses limites : "Si le réseau téléphonique est saturé, il n'est presque pas possible d'effectuer l'opération car il devient difficile d'envoyer un message au destinataire", confie Abdourahmane, gérant.

Autre contrainte : le transfert ne concerne que le Sénégal et ne peut se faire entre deux pays. Les opérateurs ne sont pas autorisés à proposer des services de transfert extérieur. Car dans la réglementation des transferts d'argent, seuls les postes et les banques sont autorisées à faire des transferts. Et pour pouvoir investir dans le secteur, les opérateurs sont obligés de travailler sous le couvert d'une banque. Les Sénégalais, pris dans leur ensemble ou regroupés dans les différentes localités, sont des utilisateurs assidus des services de transfert d'argent, indique une enquête sur l'évaluation de la qualité des services de transfert d'argent, réalisée par le Cabinet Afrique Communication, basée à Dakar.

Au ministère de l'Economie et des Finances, on souligne l'importance des transferts d'argent dont le volume dépasse largement les Investissements directs étrangers. En 2011, les montants transférés de l'extérieur comme de l'intérieur du pays tournaient autour de 936 milliards (transfert rapide et classique effectué au niveau du système bancaire), selon la direction de la monnaie et du crédit, qui indique que 80 à 85% des transferts envoyés par les migrants sénégalais passent par le circuit formel. Et, d'après une étude, 85% des transferts vont à la consommation (aide aux familles qui n'ont pas suffisamment de revenus).