10 jours, 80.000 albums vendus : on se prendrait pour Dieu le Père pour moins que ça. Mais pas Stromae. Lui, il reste mesuré et critique, droit comme un i dans son costume rétro. Car Paul Van Haver (de son vrai nom) n’est pas du genre à exulter par anticipation ou à rechercher le feu des projecteurs. Lui, ce qu’il veut, c’est faire la meilleure musique possible.
Et il semblerait qu’il ne se débrouille pas trop mal : ‘Racine Carrée’, son 2ème album, est sorti le 19 août ; et en dix jours, il totalise 80.000 ventes, propulsant le jeune métis en tête des charts. Après le succès incontestable de ‘Alors On Danse’ en 2010, ce sont maintenant deux de ses chansons, ‘Formidable’ et ‘Papaoutai’, qui ont marqué l’été 2013.
Malgré l’ampleur du phénomène, Stromae lui-même nuance ce succès de prudence : « C’est cool, bien sûr, on sent un engouement. Mais les ventes, c’est avant tout un soutien. Etre en tête la première semaine, ça ne veut rien dire. L’important, c’est de voir comment l’album va vieillir ».
Pourquoi on ne peut pas s’empêcher d’adorer Stromae
D’abord, on le voit bien, il est humble. Alors que tout le monde n’a de cesse de le mettre sur un piédestal – qu’il n’est pas sans mériter – il reste lui-même, refusant de jouer le jeu de la super-star.
Ensuite, il fait des chansons de qualité. Au-delà de rythmes franchement entraînants, il ne s’applique à écrire des textes forts de sens et de charge émotionnelle. Point de chansonnette romantico-fadasse pour ce petit génie : n’hésitant pas à mettre les pieds dans le plat, il aborde les sujets qui font mal avec une mélancolie teintée d’humour et de second degré. Pas de pathos, mais de la distance.
Il s’investit à fond. « Je suis comme un boulanger trois étoiles qui a envie de faire le meilleur pain », confie-t-il. « J’ai envie de faire les choses avec minutie ». Et il se donne à fond, quitte à livrer de sa personne. Ainsi, certaines chansons – pas toutes – sont directement inspirées de sa vie, de ses origines, de ses questionnements. Et cette passion à l’état brut se ressent dans sa musique.
Enfin, il est stylé. C’est indéniable, Stromae a forgé un style unique en son genre qui se retrouve partout dans son univers. Des chemises à carreaux, nœuds papillon et mocassins vernis à cette silhouette droite et longiligne reconnaissable entre mille, son look est en lui-même le premier ambassadeur d’un monde qu’il a créé.
Il convient donc d’applaudir Stromae deux fois : une fois pour réussir avec autant de succès, et une autre pour le faire avec une telle classe.
