Soudan : Omar El Béchir propose une paix durable à son opposition méfiante

Afriquinfos Editeur
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Depuis 2003, le Darfour est miné par des insurrections  entre le gouvernement et des insurgés qui se sentent ethniquement marginalisés par le régime arabo-dominant de Khartoum. Outre ces violences, l’économie soudanaise souffre, notamment en raison de l’embargo imposé par les Etats-Unis depuis 1997 et de la perte des trois quarts de ses ressources pétrolières depuis la sécession du Sud.

Des problèmes cruciaux qui ont amené Omar El Béchir à lancer un processus de réconciliation nationale sous forme d'une Conférence nationale du dialogue qui doit durer trois mois. Au cours de cette opération, le président veut essayer d'amener à la négociation les partis de l'opposition et les mouvements insurrectionnels armés afin de  mettre fin à la guerre et rehausser le niveau économique du pays.

Une rencontre à laquelle a pris part le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, des dizaines de petits partis politiques, pour la plupart affiliés au parti soudanais du Congrès de M. Béchir, ainsi que des petites factions de rebelles du Darfour.

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Mais l’opérationest déjà sur de mauvaises bases, compte tenu du boycott dela plupart des mouvements d’opposition et groupes rebelles, notamment  de la confrérie el-Ansar, du Front révolutionnaire du Soudan ou encore du mouvement Egalité et justice, des principaux acteurs du processus.

 Comme annoncé, ces derniers n’ont pas participé à la rencontre appelant plutôt à une rencontre hors du Soudan pour fixer les termes des négociations.

Cependant, le président soudanais ne compte pas céder à leur doléance les invitant même à revenir sur leur décision. «Nous ne leur fermerons pas la porte», a-t-il assuré au cours de son discours d’ouverture.

El Béchir a par ailleurs affirmé qu’il pourrait décréter un cessez-le-feu permanent avec les rebelles qui le combattent dans les Etats du Darfour-Ouest, du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud. «Nous annonçons notre souhait, si la partie rivale montre un sérieux engagement d’instaurer un cessez-le-feu permanent», a-t-il déclaré.

En août dernier, M. Béchir avait annoncé qu’il était prêt à une trêve de deux mois et à l’amnistie des rebelles qui participeraient au dialogue national. Mais les rebelles du Darfour, du Mouvement de libération du Soudan (SPLM-N) du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud n’avaient pas répondu à son appel.

A la clôture de cette première session, El Béchir a accordé trois mois, temps que doit durer la conférence, à ses opposants pour intégrer le processus. Passé ce délai, le président promet une guerre sans merci à l'opposition.

Au pouvoir depuis 1989 suite à un coup d’Etat, Omar El Béchir  est recherché depuis 2009 par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide lors de la guerre du Darfour. Ce conflit a fait plus de 300.000 morts et déplacé environ 2,5 millions de personnes, selon l’ONU.

Larissa AGBENOU