Le sort des jeunes filles violées au Maroc préoccupe « Equality now »

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C’est à travers une sortie médiatique adressée aux autorités du Royaume chérifien le 18 mai dernier qu’« Equality now » a pressé le Maroc de hâter « la fin de l’impunité légale des violeurs qui épousent leurs victimes ». L’organisation a fondé son interpellation des plus hauts dirigeants du Maroc sur le cas de la « jeune Safae, 15 ans, originaire de Tanger, qui a été violée et est tombée enceinte des suites de ce viol en janvier 2011, alors même qu’elle n’avait que 14 ans ». « Bien que sa mère et elle aient déposé plainte, d’après les récentes informations, elles ont fait l’objet de pression pour abandonner les charges de la part du procureur et du juge. En l’absence de ses parents, le juge aurait marié Safae à son violeur pour sauver "son honneur», détaille « Equality now ». Et de souligner : « En agissant ainsi, la loi écarte la menace d’une peine criminelle qui pesait sur le violeur de Safae ».

Pour éviter à la société marocaine de produire d’autres Safae, l’organisation sus-citée exhorte « ses sœurs du Maroc et leurs sympathisants à encourager le gouvernement à tout faire pour veiller à ce que les jeunes filles et les femmes soient protégées de la violence et de la discrimination et qu’elles aient accès à la justice quand elles sont victimes d’abus ». « Equality now » a justifié ce cri d’alarme par le triste sort qu’a connu ces derniers mois la jeune Amina Filali, 16 ans, qui s’est suicidée après avoir été contrainte d’épouser son violeur.

Indirectement, c’est surtout l’article 475 du Code pénal marocain qui est décrié à travers les dénonciations d’« Equality now». Ce texte de loi « autorise le mariage des violeurs avec leurs victimes ». Au-delà de l’esprit de cet article, plusieurs spécialistes de la science juridique craignent qu’il n’ouvre la voie à un cycle infernal de viol-mariage-dissolution-impunité-récidive, pour la simple raison que les violeurs ont la possibilité de rompre leur union avec leurs victimes en se vautrant dans une impunité sans limites.

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Par ailleurs, beaucoup d’observateurs de la société marocaine n’hésitent pas à dénoncer le laxisme des familles qui hésitent à porter plainte contre les violeurs quand leur fille n’a pas été déflorée durant un viol, ou encore qui précipitent la dissolution des unions qui suivent les violences sexuelles exercées sur leur fille ! Le viol sur mineur(e) puni d’une peine de 2 à 30 ans de prison est rarement réprimé sévèrement par la justice marocaine. Les juges expliquent essentiellement leur position souple sur ces cas en invoquant « leur pouvoir d’appréciation » du statut social des présumés violeurs.

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