Un catalogue africain de la mode vient de naître au Togo !

Afriquinfos Editeur
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Quelle importance revêt le lancement d’un catalogue adapté aux habitudes vestimentaires africaines dans le contexte de la mode togolaise ?

 En Afrique, particulièrement en Afrique occidentale et en Afrique centrale, les couturiers manquent de support de travail, et  les étudiants et apprentis dans le secteur de la mode font leur formation avec presque pas de matériel didactique et ne disposent d’aucune information sur les tendances (…)

La plupart des couturiers africains ont d’énormes difficultés à proposer des modèles à leurs clients ; les rares catalogues de mode que nous avons sur le marché sont européens, mais à peine 15% des modèles répondent à leurs besoins ! Il y a aussi les magazines de mode qui proposent surtout les modèles d’exhibitions qui ne sont pas forcément  exploitables… En outre, la beauté de la femme africaine repose entre autres sur la qualité des tenues vestimentaires. « Fragima » leur permet d’être à la mode et d’avoir une garde-robe bien colorée.

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 Comment vous est venue l’idée de créer un catalogue ?

 Je me suis mise (en tant que styliste de formation) dans la peau des tailleurs et couturières et même dans celle des femmes qui vont passer des heures chez leurs couturiers pour choisir deux ou trois modèles à confectionner. Quand on n’est pas créateur, cet exercice est un véritable casse-tête.

 La création de catalogue(s) a-t-elle une histoire au Togo, y a-t-il eu des précédents en la matière?

 C’est une première au Togo (…)

 En quoi votre catalogue est-il original ?

 C’est un ouvrage professionnel. En plus des modèles, il y a le dessin technique à côté et la description du modèle en français et en anglais. L’originalité de notre catalogue réside aussi dans la  technique (la façon de dessiner) : la  stylisation y est personnelle. Les modèles sont originaux.

 De quelle manière cet outil indispensable à la mode a-t-il été créé ?

 C’est une initiative personnelle que j’ai eu du mal à mener à terme (…)C’est difficile d’être porteur d’un projet avant-gardiste.

  La friperie a pris une énorme place dans les habitudes vestimentaires au Togo. Dans une population togolaise essentiellement jeune, de quelle manière comptez-vous aguicher la jeunesse autour de vos modèles, au détriment de la friperie ?

 Si les jeunes se tournent vers la friperie, c’est justement  parce qu’ils n’ont pas d’autres choix pour être à la mode ! Mais avec notre catalogue, ils ont la solution à ce problème. Il suffirait d’acheter un tissu et d’aller chez le couturier pour avoir des tenues tendances dans un tissu qu’on a choisi.

 Avez-vous des sponsors ?

 Pour le moment, seule « Togo cellulaire » (Ndlr : première société de téléphonie mobile au Togo) me soutient. Un seul sponsor, c’est très insuffisant.

 Dorénavant, faudra-t-il parler de Nicoué-Beglah Kotokocréatrice de catalogues, de modèles, formatrice ou d’une personne portant ces trois casquettes à la fois ?

 Ayanick la styliste suffirait. Comme cela,  j’ai le champ libre d’aller vers d’autres aventures. J’ai plusieurs cordes à mon arc. Ce sont les moyens idoinesqui manquent ! 

 Avec le lancement de votre catalogue, peut-on espérer dans les années à venir la naissance d’une véritable industrie de la mode au Togo ?

 On se permet  d’espérer.  Cela nécessite beaucoup de moyens financiers. Si je n’ai pas de soutien, je risque d’abandonner comme « Alokpa » (Ndlr : un « Concours de design de mode »piloté par « Eamod Ayanick » et lancé en 2001) qui a connu très difficilement quatre éditions.  Et ce sera dommage pour moi et surtout pour la jeunesse de notre pays qui croit en la “Mode togolaise”.

 

Afriquinfos