Sénégal : Nouveau président élu, Macky Sall annonce "une nouvelle ère" aux Sénégalais

Afriquinfos Editeur
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Sur la base des premiers résultats sortis tout droit des urnes au terme d'un scrutin sans incidents majeurs, l'ex-Premier ministre (2004-2007) est crédité d'un score de plus de 65% des voix contre environ 35%, a appris Xinhua d'une source de la Commission électorale nationale autonome (CENA), chargée de contrôle et de la supervision des élections.

Porté par une importante coalition de l'opposition, le Rassemblement des forces du changement, regroupant les douze autres adversaires du chef de l'Etat au premier tour le 26 février que sont les autres ex-chefs du gouvernement Idrissa Seck et Moustapha Niasse, Macky Sall, bientôt 51 ans, a assimilié sa victoire sans appel à un "plébiscite".

Pour lui en effet, "l'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes des populations". "J'en prends toute la mesure. Ce soir, une ère nouvelle commence pour le Sénégal", a-t-il souligné, se déclarant le président de tous les Sénégalais, y compris du camp des perdants.

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"Ensemble, nous allons rapidement nous atteler au travail de redressement attendu par chacun et attendu de chacun", a indiqué le nouveau dirigeant sénégalais élu au terme d'un scrutin où la majorité des quelque 5 millions d'électeurs inscrits appelés aux urnes à l'intérieur et à l'extérieur du pays s'est prononcé en sa faveur en signe d'expression des aspirations de changement.

Deuxième au premier tour avec 26,57% des voix, Macky Sall a très vite acquis le statut de favori au détriment du président Wade qui, avece ses 34,82%, n'avait pas réussi à s'imposer comme en 2007 et 2000, date de son arrivée au pouvoir suite à sa victoire après plus de 25 ans d'opposition sur le socialiste Abdou Diouf, actuel secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

C'est pratiquement tous les pronostics qui apparaissaient favorables à ce symbole du renouvellement de l'élite politique sénégalaise. Selon lui, "en ce 25 mars 2012, après la journée mémorable du 26 février, le peuple sénégalais s'est exprimé dans les urnes".

"A l'intérieur de nos frontières comme à l'étranger, les électeurs ont voté dans le calme et la sérénité. Leur maturité est un motif de fierté pour chacun de nous", a-t-il poursuivi lors de sa déclaration à la presse dans la capitale du pays, entouré de ses alliés du premier tour et du second tour, y compris le célèbre chanteur Youssou Ndour, candidat indépendant recalé.

"Ce soir, un résultat est sorti des urnes, le grand vainqueur reste le peuple sénégalais. Nous avons prouvé à la face du monde que notre démocratie est majeure", a-t-il en outre relevé, saluant la mémoire des "martyrs de la démocratie qui ont perdu la vie pour défendre notre Constitution et notre démocratie", une allusion aux victimes des violences postélectorales du premier tour.

Après avoir rendu par ailleurs "hommage à tous ceux qui ont voté pour moi, à mes alliés du premier tour et du second tour, mais également à mes compagnons de la première heure de l'Alliance pour la République (son parti créé en décembre 2008 après sa démission du Parti démocratique sénégalais d'Abdoulaye Wade, ndlr)", il s'est félicité de l'appel lui adressé par le président Abdoulaye Wade pour le féliciter.

Par cet acte, Macky Sall s'est positionné au mieux comme un rassembleur soucieux de composer avec toutes les sensibilités pour répondre aux défis cruciaux qui l'interpellent après douze ans de pouvoir de Wade, jugés peu productifs en termes d'amélioration des conditions de vie des Sénégalais, qui se plaignent d'un manque de solutions à la vie chère.

Pour cette question sensible, le nouveau président élu, dont la victoire n'attend plus d'êre confirmée par les résultats officiels qui seront proclamés dans les prochains jours, à une date non encore déterminée, par le Conseil constitutionnel après la Commission nationale de recensement des votes, avait énoncé une série de mesures dès l'annonce des résultats du premier tour.

"Je m'engage également à mettre en oeuvre dès les premiers jours de mon mandat des mesures immédiates de réduction des prix des produits de première nécessité, comme le riz, l'huile et le sucre", avait-il promis lors d'une conférence de presse.

Il avait aussi annoncé "une réforme constitutionnelle visant entre autres à ramaner la durée du mandat du président de la République à cinq ans (au lieu de sept, nldr) renouvelable une seule fois. Et là je voudrais que je m'appliquerai cette réforme. ça veut dire que si je suis élu pour sept ans, je m'engage à n'exercer qu'un mandat de cinq ans".

"Cette réforme qui limitera le nombre de mandats à deux et la durée à cinq ans ne pourra plus faire l'objet de modification", a-t-il précisé.

Annoncée aussi, une modification du mode de désignation des membres du Conseil constitutionnel appelés à passer de cinq à sept dont trois seulement proposés par le président de la République, un par l'Assemblée nationale à travers le groupe de la majorité, un par le groupe de l'opposition et les autres "par les magistrats eux-mêmes selon des modalités définies".

Macky Sall s'était également engagé à ouvrir "des négociations sincères et inclusives avec tous les acteurs de l'école", dont le corps enseignant en grève depuis le début de l'année scolaire et universitaire, afin de "sauver l'année scolaire blanche".