Sénégal : Cahiers de lutteurs en stock

Afriquinfos Editeur
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Point de vue des parents sur le sujet

L’industrie sénégalaise de papiers et de cahiers scolaires est un secteur très fermé. Elles sont à peu près quatre manufactures spécialisées dans la production ou la transformation de manuels scolaires : Copahu, Manufacture sénégalaise de papiers (Msp),  Ok Book et Société Industrielle de Papeterie au Sénégal (Sips).

Ces entreprises se partagent une bonne partie du marché sénégalais de cahiers d’écolier, l’autre étant comblée par les importations.

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Si la Copasen implantée par des investisseurs marocains a disparu, de même que la Msp avec ses célèbres cahiers de marque « Distingo », il n’en est pas pour la nouvelle société « Ok Book » des Farhat qui en train de faire son bonhomme de chemin en milieu scolaire. 

La loi de la jungle — celle de la concurrence — ayant joué à fond, la  célèbre Société Industrielle de Papeterie au Sénégal (Sips) reste leader sur le marché des cahiers d’écolier où elle règne sans partage avec sa marque « Topic ». D’ailleurs, la Sips est la première à avoir confectionné des couvertures à l’effigie de champions de l’arène sénégalaise. N’est-ce pas Mme Marie-Jo Badiane ?

« Effectivement, on reconnaît avoir fait des photos de lutteurs sur nos différents produits. Mais c’était dans un autre contexte c’est-à-dire l’avénement de Mohamed Ndao « Tyson » dans l’arène sénégalaise. On avait fait « Tyson », « Yekini » et « Balla Gaye 2 ». Seulement voilà, depuis trois ans, la Sips ne fait plus des photos de lutteurs sur ses produits… » a expliqué Mme Badiane, responsable commerciale de la Sips, jointe au téléphone. Les responsables marketing de la Sips avaient-ils conscience que certains personnages sont des « anti-modèles » en milieu scolaire ? «  Je vous ai dit que c’était dans un autre contexte. Et depuis trois ans, on ne fait plus de lutteurs sur nos manuels scolaires… » répète Mme Badiane, histoire d’esquiver le débat. 

Si les responsables commerciaux et marketing de la Sips ont tourné cette sombre… page de couverture montrant les « stars » de la lutte sénégalaise, c’est parce qu’ils se sont rendu compte que cette stratégie commerciale consistant à attirer les élèves en leur faisant miroiter les photos de « Modou Lo », « Yekini » ou « Balla Gaye 2 » ne profite pas au système éducatif.

Hélas ! Le mal était déjà fait et la leçon du mal enseignée dans tous les établissements scolaires puisque la campagne avait trop duré. À preuve, si la production des cahiers à l’effigie des lutteurs est arrêtée depuis trois ans comme l’a fait croire Mme Badiane, il reste encore des stocks dans certaines boutiques et papeteries.

Or, si on était dans d’autres pays où les gouvernants sont soucieux de la qualité du système éducatif et où les parents veillent à l’éducation de leurs enfants, tous ces produits seraient retirés du marché depuis longtemps…

Pape NDIAYE

Le Témoin, hebdomadaire sénégalais
Édition N° 1140 (OCTOBRE 2013)