Second tour de la présidentielle couru dimanche entre Abdoulaye Wade et Macky Sall

Afriquinfos Editeur
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Avec une organisation moins discutable qu'au premier tour le 26 février concernant la mise en place du matériel électoral dans les délais et la présence des responsables, la plupart des bureaux de vote visités dans la capitale sénégalaise ont ouvert plus ou moins à l'heure indiquée de 8 heures (même heure GMT).

Enthousiasmés, les électeurs votaient dans la discipline lors d'une journée électorale jusque-là sans incidents majeurs pour départager Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis 2000, et Macky Sall, par ailleurs ex-président de l'Assemblée nationale, deux personnalités trempées dans le libéralisme mais incarnant deux générations politiques différentes.

Pour certains, à l'évidence militants et sympathisants de l'opposition, il s'agit d'un scrutin pour le changement de régime. "On veut changer, parce qu'on veut un président jeune, comme nous- mêmes d'ailleurs, un travailleur surtout et un président qui sait écouter sa population", a confié à Xinhua Moussa Ndiaye, technicien de bâtiment de 32 ans.

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"Ce que je souhaite, c'est qu'on fasse un référendum et non pas un vote, que tous les Sénégalais votent contre Abdoulaye Wade. Il n'y a plus d'emplois. Ce n'est pas parce qu'on a fait des aéroports et des routes qu'on se dit qu'il y a un développement. Il y a la pauvreté au Sénégal. Dès que vous sortez de la région de Dakar, tout le reste du pays il n'y a rien. Ce n'est que du sol et du sable", a de son côté émis le vieux Omar Mané, 70 ans.

Bien que plus réservée sur son intention de vote, Mme Sène Sali, cadre de banque à la retraite de 65 ans, a dit souhaiter elle aussi le changement. "On attend beaucoup de choses, le changement, parce que les gens sont fatigués. Le panier de la ménagère, c'est trop cher. L'eau, l'électricité, tout est cher ici au Sénégal".

Pour son premier vote en raison de ses 18 ans révolus, l'âge du vote au Sénégal, le jeune Coumba Ndoffène Guèye, élève en terminale au lycée Saïdou Nourou Tall, s'est réjoui d'"une journée symbolique pour moi, parce que cela me permet de choisir un candidat qui pourra gouverner notre pays"."

"Le président Wade doit partir. Par exemple, le secteur de l'éducation connaît des crises notoires avec des grèves récurrentes des enseignants. Il y a aussi le mauvais fonctionnement du système administratif", a asséné le jeune électeur qui a assimilé le régime de Wade à "un échec".

Trois semaines après le premier tour où Abdoulaye Wade s'était affronté à un total de treize adversaires le 26 février dont son actuel rival Macky Sall, plus de 5 millions d'électeurs inscrits sont appelées aux urnes dimanche dans 11.904 bureaux de vote sur l'ensemble de territoire national, y compris les Sénégalais de l'étranger appelés aux urnes dans 42 pays.

Parmi ces votants, environ 23.003 militaires et paramilitaires ont voté une nouvelle fois par anticipation le week-end précédent, conformément à la loi électorale.

Autour de Macky Sall, qui a voté comme au premier tour dans sa commune de Fatick (à l'intérieur du pays) dont il est maire, un front uni s'est constitué à travers le Rassemblement des forces du changement, une coalition regroupant les 12 autres candidats de l'opposition du premier tour. De facto, l'ex-Premier ministre est présenté comme le grand favori du scrutin.

Mais, emmené lui aussi par une coalition, les Forces alliées pour la victoire (Fal 2012), Wade a minimisé ces ralliements lors de son vote à Dakar et s'est, comme au premier tour où il se disait en passe de l'emporter largement, déclaré assuré d'être réélu, avec le soutien de 75% au moins des militants de Moustapha Niasse, autre ex-chef du gouvernement passé à l'opposition, et 85% des socialistes. Pour cette victoire déclarée, il a affirmé qu'"on s'en apercevra ce soir ou demain".

C'est le même élan d'enthousiasme manifesté par ses partisans dont certains se sont rassemblés pour une manifestation aux allures de campagne électorale devant le bureau de vote habituel des Wade au lycée d'enseignement franco-arabe Cheikh Mouhamadou Fadlou Mbacké, au quartier point E à Dakar, non loin de la résidence présidentielle.

Une agitation insoutable créée par ces manifestants en signe de démonstration de force de leur soutien à leur candidat a obligé la police à faire usage de tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour les disperser, avec dans la foulée quelques interpellations.

"La fois dernière, il y a des gens de l'opposition qui avaient pris la peine de s'organiser et de le huer. On pouvait faire la même chose pour leurs candidats, mais on ne l'a pas fait, on a voulu faire démocratiquement les élections. Donc, les partisans ont trouvé normal de venir aujourd'hui soutenir le candidat que tous les Sénégalais aiment, Me Abdoulaye Wade", s'est défendue Rolhyaya Niang, partie du Havre en France où elle est responsable politique du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir).

En cas de défaite, Niang écarte l'hypothèse de confiscation du pouvoir, se disant convaincue de la dimension démocrate de son candidat. "Abdoulaye Wade a toujours été démocrate, on saura qu'il a perdu, mais je sais qu'il ne va pas perdre".

Les bureaux de vote ouverts à 8 heures devront refermer à 18 heures. Les premières tendances seront annoncées dans trois et quatre heures plus tard. Au premier tour, Wade était arrivé en tête avec 34,82% des voix contre 26,57% à Macky Sall, pour un taux de participation de 51,58%, d'après les résultats officiels.