Ni repentance ni excuses de la France en Algérie

Afriquinfos Editeur
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"Je ne viens pas ici faire repentance ou excuses. Je viens dire ce qu'est la vérité, ce qu'est l'Histoire", a déclaré mercredi en fin d'après-midi le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse donnée à l'issue de son entrevue avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika.

D'après le quotidien français Le Figaro, une telle démarche n' aurait pas été demandée au président français par les autorités algériennes et ce dernier ne la souhaiterait pas lui-même.

"Vérité sur le passé, vérité sur la colonisation, vérité sur la guerre, avec ses drames, ses tragédies, vérité sur les mémoires blessées", a plutôt réclamé mercredi François Hollande.

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"Mais en même temps volonté de faire que le passé ne nous empêche pas, au contraire, de faire le travail pour l'avenir. Le passé doit, dès lors qu'il est reconnu, nous permettre d'aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin pour préparer l'avenir", a-t-il poursuivi.

"Il y a une vérité à dire sur le passé et il y a surtout une volonté à prononcer pour l'avenir. Et ce voyage, il est sur l'avenir, il est pour engager une mobilisation de nos deux sociétés", avait déclaré un peu plus tôt le président français.

Le matin-même, la présidente de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale française, Elisabeth Guigou, avait déclaré sur la chaîne d'information LCI qu'elle souhaitait que l'"on parle de reconnaissance d'une histoire qui a été tragique", notant que "le colonialisme a produit des tragédies qui ont broyé des gens" et que "c'est un système qui était en effet condamnable".

Interrogé mercredi matin sur la chaîne d'information i-télé, le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis a prôné ni repentance à outrance, ni indifférence, estimant que "François Hollande est, en ce domaine, l'homme de la normalisation".

La relation franco-algérienne doit trouver un point d'équilibre entre "devoir d'inventaire", "devoir de lucidité" et "nécessité de se tourner vers l'avenir", a indiqué le député socialiste.

De manière générale, l'ensemble de la classe politique s'accordait mercredi à saluer "le pas vers l'avenir" symbolisé par la visite de François Hollande en Algérie, selon la radio d' information France Info.

Côté algérien, une dizaine de partis politiques, dont quatre islamistes, ont boycotté la visite de François Hollande en Algérie, soulignant "le refus des autorités françaises de reconnaître, excuser ou indemniser, matériellement et moralement, les crimes commis par la France coloniale en Algérie", indique la presse française.

Mercredi, Le Figaro rapportait que 35 % des Français seraient opposés à l'idée d'excuses, selon un sondage CSA, tandis que 47 % des Algériens, selon l'institut Okba, seraient sceptiques à l'idée que les deux pays surmontent leur passé.