Exfiltration d’Amira Bouraoui en février 2023: Le tribunal de Constantine l’a condamnée à 10 ans de prison par contumace ce 7 novembre

Afriquinfos Editeur
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L'opposante franco-algérienne Amira Bouraoui, l’une des figures du mouvement de protestation "Hirak", le 2 juillet 2020 près de Tipasa, à l'ouest d'Alger.

Le tribunal de Constantine a condamné mardi 7 novembre à 10 ans de prison par contumace l’opposante franco-algérienne Amira Bouraoui, et à six mois ferme le journaliste Mustapha Bendjama, accusé de l’avoir aidée à s’enfuir en France, selon des médias algériens et Khaled Drareni, représentant de Reporters sans Frontières.

Le parquet avait requis 10 ans de prison contre Mme Bouraoui et trois ans contre le journaliste qui, compte tenu du temps déjà passé en détention préventive, est libérable immédiatement, a indiqué M. Drareni sur X (anciennement Twitter).

« La militante, se trouvant en France actuellement, a été condamnée à dix années de prison ferme » tandis que « le journaliste a écopé de six mois de prison ferme », a précisé le site d’information Interlignes. « En détention depuis le 19 février dernier, il devra quitter la prison aujourd’hui, comme nous l’a confirmé son avocat, Adel Messaoudi », a ajouté cette source.

Amira Bouraoui, médecin de formation et âgée de 46 ans, était jugée en première instance pour « sortie illégale du territoire » après avoir franchi la frontière entre Algérie et Tunisie le 3 février 2023, bravant une interdiction de sortie, avant d’être interpellée à Tunis alors qu’elle tentait d’embarquer vers Paris.

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La militante avait finalement pu s’envoler vers la France trois jours plus tard, malgré une tentative des autorités tunisiennes de la renvoyer en Algérie. Alger avait qualifié sa fuite d' »exfiltration illégale » menée à l’aide de personnels diplomatiques et sécuritaires français, et avait rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations. Cette brouille diplomatique s’était résorbée en mars 2023.

Mme Bouraoui s’est fait connaître en 2014 par son engagement dans le mouvement « Barakat » contre le quatrième mandat du feu Président Abdelaziz Bouteflika, avant de s’engager dans le mouvement de protestation pro-démocratie « Hirak » et de travailler aussi pour la radio privée indépendante ‘Radio M’. Cette radio appartient à Ihsane El Kadi, également patron du site ‘Maghreb Emergent’, qui purge une peine de sept ans de prison pour « financement étranger de son entreprise », mais est considéré comme « un détenu d’opinion » par ses avocats.

Le tribunal de Constantine (nord-est) a également condamné à trois ans de prison ferme Ali Takaida, un agent de la police aux frontières, et à un an de prison avec sursis la mère de Mme Bouraoui, Khadidja, âgée de 71 ans, selon les mêmes sources. Les co-accusés de la militante étaient poursuivis pour « constitution d’une association de malfaiteurs, sortie illégale du territoire national, organisation d’immigration clandestine par un réseau criminel organisé« .

Mustapha Bendjama avait été arrêté le 8 février dans les locaux du journal francophone Le Provincial, basé à Annaba (est), dont il est rédacteur en chef, dans le cadre de l’affaire Bouraoui. Il a été condamné le 26 octobre dans une autre dossier à 20 mois de prison dont huit fermes aux côtés du chercheur algéro-canadien Raouf Farrah, qui a retrouvé la liberté après avoir purgé la même peine.

Mustapha Bendjama « quitte aujourd’hui la prison de Boussouf à Constantine après près de neuf mois de détention arbitraire et une condamnation à 6 mois de prison ferme dans l’affaire Bouraoui », a précisé Khaled Drareni sur X.