Rentrée diplomatique 2023: E. Macron trace des lignes rouges aux diplomates français en Afrique

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Paris (© 2023 Afriquinfos)- A l’heure où le vent anti-français souffle sur le continent, et ce depuis quelques années, la France ne veut toujours pas lâcher-prise et compte bien rester en Afrique. Le patron de l’Elysée s’est une énième fois exprimé à ce sujet ce 28 août 2023, notamment à l’occasion de la  Conférence des Ambassadrices et des Ambassadeurs qui s’est tenue à Paris.

Dans un discours prononcé ce lundi, lors de la 29ème édition de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs, Emmanuel Macron  a réfuté tout « paternalisme » mais aussi toute « faiblesse » de la France en Afrique alors que le Sahel fait face à une « épidémie de putschs« , le dernier, au Niger.

« Ni paternalisme, ni la faiblesse parce que sinon on n’est plus nulle part », a-t-il insisté, appelant aussi les pays du Sahel à avoir une « politique responsable » en la matière. « La faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales. Il y a une épidémie de putschs dans tout le Sahel« , a-t-il déclaré.

Aussi, a-t-il reconnu que « la France et les diplomates ont été confrontés ces derniers mois à des situations dans certains pays particulièrement, que ce soit au Soudan où la France a été exemplaire, au Niger en ce moment même », dans un discours aux ambassadeurs à l’occasion de leur réunion annuelle.

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Ces propos du président français interviennent à l’heure précisément où les militaires au Niger ont expulsé l’ambassadeur français, Sylvain Itté de leur territoire. Mais la France refuse de se soumettre à cette injonction et maintient son ambassadeur à Niamey. Reste à savoir, de quels moyens Paris dispose pour maintenir un diplomate déclaré persona non grata par des autorités militaires nigériennes qui ont le contrôle de Niamey depuis plus d’un mois.

Pour M. Macron «le problème des nigériens aujourd’hui, ce sont des putschistes qui les mettent en danger, parce qu’ils abandonnent la lutte contre le terrorisme, parce qu’ils abandonnent une politique qui était économiquement bonne pour eux, et qu’ils sont en train de perdre tous les financements internationaux qui étaient en train de leur permettre de sortir de la pauvreté».

«Notre politique est simple: on ne reconnaît pas les putschistes, on soutient un président qui n’a pas démissionné », a-t-il laissé entendre et d’ajouter:  « Nous soutenons l’action diplomatique, et quand elle le décidera, militaire de la CEDEAO ».

Le Président a saisi cette occasion pour saluer l’ambassadeur français au Niger, toujours en poste ce lundi 28 août, tout en défendant  la politique étrangère de Paris à Niamey.

Un mois après le renversement du président Mohamed Bazoum, la junte militaire avait donné 48 heures à Sylvain Itté pour quitter Niamey.

Emmanuel Macron a, aussi dans son speech défendu le soutien total de Paris envers le président Mohammed Bazoum, renversé le 26 juillet 2023 par les militaires putschistes au palais présidentiel. « De Washington aux capitales européennes, j’ai entendu des voix, journaux, tribunes qui expliquaient de ne pas faire en trop, que ça devenait dangereux. Non ! On veut être clair, cohérent. Je pense que notre politique est la bonne !  » A-t-il affirmé.

Et de poursuivre : « On a dit que la France était trop engagée en soutien au président Bazoum (…) mais on ferait quoi si un coup d’Etat comme ça se déroulait en Bulgarie ou en Roumanie ? a-t-il poursuivi, ajoutant : on a un homme intègre, démocratiquement élu, courageux, car il ne démissionne pas au péril de sa vie et de celle de sa famille, et on nous explique que la bonne politique serait de le lâcher ?  »

« Notre politique est simple : nous ne reconnaissons pas les putschistes, on soutient un président qui n’a pas démissionné, et nous soutenons l’action diplomatique et militaire de la Cedeao dans son approche de partenariat », a-t-il enfin martelé.

Aussi bien au Niger, que dans d’autres pays, le sentiment « anti-français » prend de l’ampleur. Des milliers de personnes favorables au renversement de Bazoum, ont manifesté samedi à proximité de la base militaire française à Niamey, brandissant des pancartes demandant notamment le départ des troupes françaises. Mais la France oppose une position de fermeté, arguant qu’elle ne reconnaît pas le gouvernement des généraux.

Dimanche, des partisans des militaires ayant pris le pouvoir se sont retrouvés dans le stade Seyni Kountché, le plus grand du Niger, des drapeaux nigériens, algériens, russes, parsemant les tribunes.

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