Relance du débat sur le phénomène de la mendicité des enfants au Sénégal

Afriquinfos Editeur
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"Il faut que l'ensemble de la population sénégalaise décide de se battre contre cette mendicité des enfants. Il faut que la population se sente également concernée par ce problème", a-t-il  déclaré mercredi, relançant ainsi le débat sur la mendicité des talibés (élèves des écoles coraniques), un des problèmes de société le plus controversé au Sénégal.

Abdoul Mbaye, qui  présidait une réunion sur la mendicité des enfants à la suite de la mort de neuf enfants d'une école coranique dans un incendie dans un quartier de Dakar, a dénoncé la mendicité organisée, l'exploitation des enfants exposés à des risques terribles et qui vivent entassés à 50 dans de petites baraques.

Au Sénégal, un pays dont la majorité de la population est musulman, les parents envoient leurs enfants dans des daaras ( école et parfois internats coraniques) pour leur assurer une éducation religieuse.

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Communément appelés talibés, ces enfants âgés de 4 à 12 ans sillonnent pieds nus, les grandes artères des grandes villes, pour demander l'aumône : pièces de monnaies, reste de repas, sucre, riz etc.

Selon un rapport de l'IONG Human Rights Watch (HRW) publié en 2010 au Sénégal, de nombreux marabouts se servent de l'éducation comme prétexte pour exploiter économiquement les enfants à leur charge.

Ainsi "dans plus de 100 daaras, indique le document, "le marabout (maître coranique) recueille en général de 20.000 à 60. 000 dollars par an grâce à la mendicité".

"Des dizaines de milliers d'enfants fréquentant des daaras au Sénégal sont soumis à des conditions qui s'apparentent à l'esclavage. Il est courant que les enfants dorment à 30 dans une petite pièce. Les maladies se répandent rapidement et les enfants tombent souvent malades (maladie de peau, paludisme et de parasites intestinaux", estime HRW.

"Ils sont au moins 50.000 jeunes talibés à être ainsi exploités et maltraités par leur marabout", poursuit l'ONG.

Des révélations graves qui avaient fait réagir le gouvernement de l'ancien régime. Sur ordre de l'ancien président Abdoulaye Wade, le Premier ministre avait fait appliquer la loi interdisant la mendicité et la maltraitance des enfants, votée depuis 2005 par le Parlement.

Ainsi à l'exception des lieux de culte (mosquées et  églises), la mendicité avait été interdite dans les rues de Dakar. Seulement la mesure n'a pas fait long feu à cause du manque d'adhésion des religieux qui sont très puissants au Sénégal.

Reste à savoir si cette fois-ci, le nouveau régime réussira à les faire adhérer à sa cause.