NOIR, C’EST NOIR

Afriquinfos Editeur
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Dans cette livraison, dont nous reproduisons la couverture litigieuse, les ressortissants d’Afrique au Sud du Sahara sont dépeints sous des traits caricaturaux. Ils sont trafiquants de drogue, prostituées, gardiens, femmes de ménage, masseurs, vendeurs à la sauvette, mendiants aux feux rouges et aux abords des mosquées. Et ils travaillent forcément tous « au noir ».

Ils sont censés être en transit au Maroc, mais ce « provisoire dure ». On en oublierait que nombre de résidents subsahariens dans le royaume chérifien sont médecins, chefs d’entreprises, ingénieurs, notamment dans le secteur de pointe des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, à Casablanca. Quand ils ne sont pas dans la mode, la musique et le… journalisme.  

La couverture de Maroc-Hebdo est d’autant plus choquante qu’elle surfe sur les bas instincts d’une frange de la population marocaine encline à la xénophobie. On y aperçoit la moitié du visage d’un Subsaharien visiblement préoccupé, avec le titre suivant, en jaune: « Le péril noir ». Le clin d’œil à une supposée invasion asiatique redoutée dans d’autres contrées est indéniable. On croyait pourtant qu’une bonne partie de la population marocaine était noire, que la mère de feu Hassan II, père de l’actuel monarque,  Mohammed VI, était noire…

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Dans ce salmigondis d’article même les cadavres ne sont pas épargnés. Ils sont priés de faire de la place aux nationaux dans les morgues : « Repêchés dans la mer, les corps des Subsahariens sont entassés dans des morgues et attendent d’être identifiés. » Et ce n’est pas tout. « Toute cette situation dépasse les responsables marocains, peut-on également lire. Un véritable casse-tête d’autant plus corsé que le flux des immigrés ne s’arrêtera pas tant que le continent noir connaîtra l’indigence extrême. »

On croit rêver ! Le Maroc serait-il devenu à notre insu un continent à part, détaché du bloc Afrique ? La palme d’or revient cependant à un officier de police pour le moins inspiré : « Sans jeu de mots, nous sommes face à un véritable péril noir qu’il faut traiter avec beaucoup de doigté tellement il est sensible. » Le mot était lâché. Et la cover-story de Maroc-Hebdo toute trouvée. Hélas.