Le Nigeria veut réduire le volume de ses exportations de brut

Afriquinfos Editeur
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Dixième producteur mondial de brut pour une production estimée à plus de 2,4 millions de barils par jour et septième exportateur mondial, le Nigeria importe cependant du pétrole raffiné pour les besoins du marché domestique.

"Les prix du pétrole raffiné augmentent, donc il faut se réajuster", a expliqué le ministre nigérian du Commerce et des Investissements, Olusegun Olutoyin Aganga, lors du 22e Forum économique mondial sur l'Afrique tenu jeudi et vendredi à Addis Abeba en Ethiopie, à l'initiative du World Economic Forum (WEF), sous le thème "Façonner la transformation de l'Afrique".

Depuis la première découverte en 1956, le Nigeria se caractérise par la production du Bonny Light, un type de pétrole facile à raffiner.

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Le pays en tire 95% de ses recettes d'exportation et 80% du PIB (produit intérieur brut), d'après les estimations.

Mais, alors que nombreuses raffineries sont sous exploitées voire inexploitées, les consommateurs nigérians sont régulièrement confrontés à des pénuries de carburant.

Sur une population estimée à 167 millions d'habitants, soit la plus importante d'Afrique, un quart vit avec moins de un dollar par jour, autrement dit en dessous du seuil de pauvreté.

Deuxième puissance économique du continent derrière l'Afrique du Sud et devant l'Egypte, ce pays d'Afrique de l'Ouest ambitionne désormais de tirer profit de son "potentiel d'être la cinquième plus grande économie du monde à l'horizon 2050", a déclaré à Xinhua le ministre Aganga."Des ressources naturelles existent en abondance, le marché existe aussi.

Le Nigeria fera tout pour atteindre cet objectif", a dit celui- ci rappelant que son pays dispose 34 différents types de minerais solides, mis à part le pétrole et le gaz dont il représente la 10e plus grande réserve mondiale.

Sans oublier qu'en matière agricole, sur quelque 840 millions d’hectares de terres disponibles, seules 40% sont cultivées.

C'est dire, a démontré le ministre du Commerce et des Investissements qui accompagnait le président Goodluck Ebele Jonathan au forum d'Addis Abeba, les opportunités pour permettre au Nigeria de s'inscrire non seulement dans une dynamique panafricaine mais surtout de mieux jouer son rôle de leader au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dont il représente 40% de l'économie.

"Aujourd'hui, l'Afrique se trouve au niveau où certains pays industrialisés se trouvaient par rapport à l'exportation des matières premières à l'état brut. Le temps est venu d'entrer dans l'ère de l'industrialisation, en transformation les matières premières et pour pouvoir les exporter en produits finis ayant avec une valeur joutée", professe-t-il.

Dans ce processus, le Nigeria entend jouer un rôle premier plan. Par exemple en ce qui concerne la production agricole, le pouvoir central d'Abuja prévoit de mobiliser un million de dollars en 2013 en vue de financer une partie d'un important programme destiné à porter à 750.000 de tonnes métriques la capacité de production des engrais chimiques dont la demande potentielle globale est évaluée à 3,5 millions de tonnes métriques.

Avec l'Afrique du Sud, le Nigeria attend de bénéficier un soutien de l'African Venture Capital Association (AVCA), un fonds d'investissement européen qui met à disposition pour les deux pays un montant de 280 millions de dollars mais exige d'eux plus d’efforts pour améliorer l'environnement des affaires et la sécurité des investissements étrangers.

Parmi les secteurs visés par cet organisme, figurent le pétrole, le gaz et les télécommunications.

En dépit des actes de terrorisme et de grand banditisme perpétrés par des groupes armés tels la secte dite islamiste Boko Haram ou le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND, dans le sud-est du pays) spécialisé dans des attaques contre les plateformes pétrolières, le Nigeria attire des investisseurs étrangers.

Il est cité dans une liste de trois pays comprenant en outre le Kenya et l'Egypte présentés comme étant les plus grands marchés de consommateurs du continent et où les compagnies ont la possibilité d'un retour rapide sur investissement.

Pour Aganga, "les investisseurs se situent sur le long terme et non pas sur le court terme. Ils apportent les capitaux et la technologie. Ce sont les deux choses dont nous avons besoin. Les deux autres choses, c'est le marché et les matières premières. On ne peut pas les enlever et nous en avons en abondance au Nigeria".

Selon lui, "actuellement, il y a une forte présence d’investisseurs étrangers au Nigeria. J'ai visité plus d'une treize pays différents au cours des sept derniers mois. L'intérêt manifesté à l'égard de notre pays est énorme".