Niger : Préparatifs de la fête du ramadan dans la cherté

Afriquinfos Editeur
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De coutume, au Niger, à l'instar de tous les pays musulmans, la fête du ramadan est synonyme de dépenses ostentatoires notamment dans l'équipement, les beaux habits et les repas délicieux.

Dimanche matin, Niamey semble s'être donné rendez-vous au marché central de la capitale, avec une forte propension de la clientèle féminine.

Une masse foisonnante et indistincte s'agite confusément dans toutes les allées. Bousculades et poussées pour se frayer le moindre passage. Qui pour se procurer des habits, qui pour s'acheter des chaussures et autres articles de décoration de maison.

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Ce qui n'a pas empêché un client d'affirmer, au vu de cette ambiance, que "de nos jours le marché c'est pour les femmes".

En effet, cette année encore, comme à toute veille de fête, les Nigériens vivent, en majoriyé, dans leur chair les affres de la flambée des prix des produits de première nécessité, un mois seulement après la tenue du premier forum national de lutte contre la vie chère au Niger.

Contrairement à leurs promesses de réduire les prix de leurs produits ou, à défaut, de veiller à leur maintien, à l'occasion du mois "béni" de ramadan, la réalité est toute autre. Tout le monde est d'avis que la vie est présentement chère au Niger. Les prix des produits de grande consommation continuent de flamber de jour en jour, pendant que le pouvoir d'achat des ménages s'affaiblit inexorablement.

Les commerçants ont profité de la forte demande pour doubler, voir tripler les prix à leur guise.

Une attitude qui a provoqué le coup de gueule du président de l'Assemblée nationale du Niger, M. Hama Amadou, qui s'en est pris ouvertement à ces commerçants véreux nigériens, qu'il a qualifiés de "partenaires sans coeur" qui, profitant du mois de ramadan, s'adonnent à une spéculation des prix non fondée, au grand dame des ménages nigériens.

"La situation est telle qu'on ne peut plus habiller tout le monde dans la famille", se confiait Harouna à son ami, en sortant du grand marché.

"Cette année, j'ai décidé carrément de supprimer les habits de fête pour la famille ; la priorité, c'est ce que nous allons manger le jour de la fête", disait Djingo, très affligé.

Du côté des tailleurs, également, c'est le pied de grue de la clientèle féminine. Des chamailleries qui tournent des fois à des empoignades entre couturiers et clientes, pour travail mal fait ou non respect de rendez-vous. Il faut à tout prix être en possession de son habit avant la fête. Ici aussi, les tailleurs se frottent les mains, même s'ils semblent apparemment débordés.

Par ailleurs, la volaille, notamment la pintade, principal ingrédient du repas de fête des Nigériens, va encore manquer, cette année, dans beaucoup de ménages. Elle se fait rare en cette veille de fête, et pour les quelques unes qu'on peut trouver sur le marché, le prix s'est subitement envolé.

La viande de pintade à l'occasion de la prochaine fête, semble devenir désormais un luxe pour le nigérien à faible revenu.

Les vendeurs, come à leur habitude, vont sans, vergogne, attribuer la flambée des prix de la volaille notamment à l'éloignement des principaux marchés d'approvisionnement (Balayara, Torodi, Moko), situés dans un rayon de 100 à 150 km de la capitale.

La spéculation sur les prix, et la flambée inflationniste qui en résulte, va sans nul doute gâcher la ferveur de cette grande fête qu'est l'Aid El Fitr, qui consacre la fin d'un mois de jeûne de ramadan, l'un des cinq piliers de l'islam.