Niamey (© 2024 Afriquinfos)- Suite à la dénonciation de l’accord militaire qui lie le Niger et les Etats-Unis, Washington a annoncé qu’il commençait à planifier le retrait de ses 1.100 hommes du pays. Si la prochaine destination de ces troupes n’est pas encore officielle, il s’agirait d’un pays de la façade Atlantique.
Après l’échec des négociations pour trouver un nouvel accord militaire avec la junte militaire au Niger, les Etats-Unis ont décidé de planifier le retrait de leurs troupes. Une rencontre à Washington entre le Premier Ministre nigérien, Ali Lamine Mahamane Zeine et des responsables militaires, a sonné le glas de la coopération entre les deux pays. Le Chef du Gouvernement nigérien, face à la volonté des USA de négocier un nouvel accord, a réitéré la ferme position de la junte militaire quant à la rupture de ce partenariat qui dure depuis 2012.
«Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays», a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder. Une «petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l’Afrique» participe aux discussions, a-t-il précisé. Les Etats-Unis vont «continuer à explorer les options possibles afin d’assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes», a-t-il encore dit.
Les Etats-Unis disposent en effet d’une importante base de drones à Agadez (nord), construite pour environ 100 millions de dollars qui sert pour des vols de surveillance avec ou sans pilote et d’autres opérations. Le Niger joue un rôle central dans les opérations de l’Armée américaine dans la région du Sahel Afrique, une zone située à la lisière du désert du Sahara où pullulent des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, la donne a changé entre les deux pays.
Si les Etats-Unis ont dans un premier temps joué la prudence en n’incriminant pas automatiquement le putsch perpétré contre Mohamed Bazoum, ils prendront des sanctions. La suppression de 500 millions d’aides au Niger et l’arrêt de partage de renseignements avec la junte nigérienne, entravant ainsi les opérations antiterroristes car l’échange de renseignements est essentiel pour suivre et planifier les attaques contre les groupes d’insurgés. C’est le point de non-retour pour les nouvelles autorités nigériennes qui entretemps se sont rapprochées de la Russie.
Illustration: l’arrivée récente à Niamey d’instructeurs russes tandis que les autorités du pays réceptionnaient leur première livraison de matériel militaire russe dans le cadre de la nouvelle coopération sécuritaire avec Moscou. L’Africa Corps né des cendres du groupe paramilitaire Wagner a également annoncé sa prochaine arrivée au Niger. On se doute bien que la cohabitation entre ces différentes entités est inenvisageable. Aussi, les USA sont-ils à la recherche d’un autre point de chute.
Les options qui sont sur la table des responsables militaires américains seraient le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Bénin où Washington veut établir de nouveaux accords de coopération en matière de sécurité et installer une base pour ses drones de reconnaissance. Mais avant d’en arriver là, l’heure est au déménagement du Niger qui peut prendre plusieurs mois comme ce fut le cas pour les Forces françaises qui ont aussi été invitées à quitter le Niger.
Boniface T.
