Le Niger, pays producteur et exportateur de pétrole un an déjà

Afriquinfos Editeur
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Doté d'un système complet d'industrie pétrolière, le Niger assure désormais sa consommation nationale en hydrocarbures et exporte plus des 2/3 de sa production vers l'étranger. Un rêve nourrit depuis longtemps par le peuple nigérien qui est devenue une réalité.

La SORAZ produit pour la première phase, trois produits finis à savoir le gasoil, l'essence, (20 000 barils par jour), et le gaz, 44 000 tonnes par an, alors que la consommation nationale est d'environ 3 500 tonnes, actuellement.

La commercialisation de ces produits est assurée par la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep), aussi bien pour le domestique que pour l'export.

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Par la faveur du lancement de la vente du pétrole produit au Niger, depuis le 5 décembre 2011, le consommateur nigérien achète désormais le litre d'essence qui était de 679 FCFA, à 579 FCFA à la pompe sur tout le territoire national, et celui de gazoil à 570 FCFA, alors qu'il était à 768 FCFA ; mieux, le gouvernement a annoncé une réduction de 40 cfa sur le litre de l'essence dès le premier janvier prochain.

La bouteille de gaz qui était de 6 500 FCFA, celle de 12 kg, et 3 500 FCFA, celle de 6 kg, auparavant, sont vendues respectivement aujourd'hui à 3 750 et 1 800 FCFA. Ce qui rend facilement accessible et disponible ce combustible qui est convoité par plusieurs pays de la sous-région.

Par ailleurs, depuis le 26 novembre dernier, il a été lancé, sur toute l'étendue du territoire national, la campagne de promotion et de vulgarisation du gaz butane appelé "gaz domestique ".

Cette opération, initiée par le ministère en charge de l'Energie, en collaboration avec le ministère nigérien des Finances, visant à booster la consommation du gaz domestique a mis, pour cette première phase, en vente promotionnelle 1000 réchauds pour les ménages de la capitale en raison de 15 000 CFA l'unité.

La campagne sera élargie très bientôt aux autres régions avec des propositions de cuisinières modernes, à des tarifs étudiés, selon le ministre Foumakoye.

Une autre opération "un fonctionnaire, un kit", et "un ménage, un kit", sera lancée très prochainement sur toute l'étendue du territoire.

L'objectif, pour le gouvernement, vise à accroître considérablement sa consommation par les ménages nigériens, en lieu et place du bois pour la cuisson.

Les recettes générées par la vente de ces produits sont injectées en partie dans l'économie nationale et reparties au profit de plusieurs agents économiques, ce qui finira sans doute par booster l'économie nationale.

Pourtant, quatre ans auparavant, rien ne présageait un tel nouvel essor.

En effet, le sous-sol nigérien regorge depuis la nuit des temps d'importants gisements miniers dont le pétrole.

Les premières recherches de pétrole ont commencé depuis 1952 dans le nord du pays avec des compagnies, la plupart, occidentales, mais en vain.

Au bout de trois ans seulement de la signature du contrat de recherche avec la CNPC, et après des travaux titanesques, dans des conditions climatiques très difficiles, au plain coeur de ce grand désert qu'est le Sahara, le rêve des nigériens, vieux de plusieurs décennies, est devenu en fin une réalité.

Le Niger dispose dans l'immédiat d'une industrie pétrolière complète, produisant un pétrole de haute qualité, grâce au consortium chinois la China National Petroleum Corporation.

La production qui est actuellement de 20.000 barils par jour, dont 7.000 pour le besoin national et 13.000 destinés à l'exportation, sera portée à 80000 barils/jour en début 2014, dont 60000 destinés à l'exportation, selon le Président Nigérien Mahamadou Issoufou. Ce qui "va générer des ressources et des recettes fiscales substantielles pour l'Etat, susceptibles de financer les ambitions de mon programme électoral, à hauteur de 9 milliards d'euros sur cinq ans ", a-t-il précisé.

 

INCIDENCES POSITIVES SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Trois ans après la signature du contrat avec la CNPC du contrat d'exploitation, et un an après le lancement de la production nationale de pétrole, le constat sur le terrain est reluisant avec la réalisation de plusieurs infrastructures, et les retombées économiques pour le Niger.

De l'avis des spécialistes, toutes les catégories d'agents économiques se verront directement ou indirectement affectés, par la faveur des retombées de la vente de l'or noir et ses dérivées.

Outre les recettes tirées directement de la commercialisation de ces trois produits à travers la Sonidep, l'Etat, dans ses droits régaliens perçoit les taxes, impôts, redevances et autres cotisations sociales, considérables.

Toujours sur le plan économique, nombreux sont les transporteurs et autres entreprises du pays, qui ont vu, grâce à l'exploitation du pétrole, leurs chiffres se fructifier.

Au plan social, la CNPC a procédé à l'aménagement des espaces cultivables dans la région permettant aux populations locales d'entreprendre et de développer la pratique des petites activités génératrices de revenus.

L'exploitation du pétrole à Agadem a également permis le recrutement de 4.122 employés locaux, 1.186 chinois et 24 employés étrangers. "Ce qui témoigne de la volonté des responsables de la CNPC de privilégier d'abord les compétences locales, et de résorber, en même temps le problème de chômage des jeunes", précise-t-on de même source.

A Zinder, la Société de Raffinerie de Zinder (SORAZ) envisage de construire 400 logements pour ses employés nigériens.

Par ailleurs, dans le domaine de l'enseignement, la CNPC a construit 10 salles de classes en matériaux définitifs, dans la région de Diffa ; la construction de 6 autres en matériaux définitifs à d'autres établissements scolaires à Bakin Birgi ( Zinder) et N'gourti (Diffa), au cours de l'année 2012, est en cours, selon la direction de la Société chinoise.

En outre, la CNPC a mis à la disposition des élèves du village de Bokordawoud, situé dans la zone des opérations pétrolières, en octobre passé, 21 classes équipées. Il s'agit des containeurs transformés en classes modernes, équipées de tables, de chaises, de tableau noir, et dotées de fenêtres pour l'aération et d'un plancher complémentaire contre les intempéries (sable, chaleur et froid).

Selon le représentant de la CNPC d'Agadem, M. Dong Jing, d'autres localités situées sur le passage du pipeline, seront également concernées, dans un délai très proche.

Parallèlement, elle a procédé à l'exécution de plusieurs points d'eau pour l'abreuvage des animaux et permettre également aux populations de se ravitailler en eau potable, dans les régions de Diffa et Zinder. A cela s'ajoute l'assistance en soins médicaux de la part de la CNPC au profit des différents centres sanitaires implantés dans cette zone.

Sur tout un autre plan, suite aux graves inondations qui avaient durement frappé le Niger, en août dernier, une dizaine d'entreprises chinoises travaillant au Niger, parmi lesquelles la CNPC, a offert une contribution de 146,5 millions de FCFA au gouvernement nigérien en faveur des victimes.

Dans le domaine de la culture, le musée national "Boubou Hama" de Niamey, sera bientôt d'un pavillon dédié au pétrole nigérien, sur financement de la société chinoise la China National Petroleum Corporation (CNPC); la pose de la première pierre de sa construction a été effectuée début novembre par le ministre nigérien en charge du pétrole, M. Foumakoye Gado et l'ambassadeur de Chine au Niger, M. Shi Hu.

La construction de ce joyau va sans nul doute renforcer la dynamique de diversifications culturelles au Niger, s'est réjoui le ministre nigérien en charge de la Culture, M. Hassane Kounou.

Quant à l'ambassadeur de Chine au Niger, il s'est dit " convaincu qu'une fois construit, ce pavillon du pétrole va mieux montrer le processus de développement de l'industrie pétrolière nigérienne et les fruits importants de la coopération sino- nigérienne dans ce domaine, donnant ainsi un nouveau témoin des relations d'amitié et de coopération entre la Chine et le Niger".

D'autres projets non moins importants, dont la ligne électrique qui va transporter le courant produit à partir de la SORAZ (Zinder) jusqu'à Malbaza (région de Tahoua), siège de l'usine de cimenterie, verront également le jour très bientôt, selon les autorités nationales.

 

CHANGEMENT TIMIDE DU NIVEAU DE VIE DE LA POPULATION

 

 

Aujourd'hui, les citoyens nigériens sont, dans leur majorité, persuadés qu'un an d'exploitation du pétrole nigérien a apporté sans nul doute un changement de leur niveau de vie. Ils sont nombreux à reconnaitre que le pétrole pout contribuer à la relance de l'économie du pays, tout en reconnaissant des efforts restent à faire.

Dans une interview accordée à l'hebdomadaire nigérien "l'arbre à palabre", le Conseiller du Président de la République, M. Sanoussi Tambari Jackou, souligne que "l'exploitation du pétrole a déjà permis de créer des infrastructures sur le territoire du Niger. Ça a transforme? l'environnement et le visage du Niger et le pays marche vers une modernisation de ces structures".

De son coté, tirant le bilan de la visite de travail et d'amitié du Président Nigérien Mahamadou Issoufou, en Chine, le ministre d'Etat nigérien en charge de la Coopération, M. Bazoum Mohamed, le 24 juillet dernier à Niamey, a tout simplement indiqué que "la Chine est un partenaire stratégique pour le Niger, à en juger par son engagement à notre coté pour le développement de notre pays", à travers notamment l'exploitation du pétrole.

L'exploitation du pétrole nigérien a été certes accueillie avec joie et soulagement par la majorité des consommateurs, toutefois, une partie de la société civile nigérienne estime le citoyen nigérien ne sent pas encore dans son quotidien les avantages issus de l'exploitation du pétrole.

Pour cette catégorie de Nigériens, le gouvernement doit notamment revoir encore à la baisse ces prix à la pompe "qui ne cadrent pas avec le pouvoir d'achat des populations".

En rappel, pour exiger du gouvernement la réduction de 30% du prix à la pompe des hydrocarbures produits au Niger, le collectif des propriétaires de taxis, et les syndicats des conducteurs de taxis et de minibus avaient observé une série de débrayages, pendant plusieurs mois, sans succès. Ce qui avait motivé leur décision de vouloir relever, de manière unilatérale, le 6 octobre dernier, le prix de la course urbaine et interurbaine.

De son coté, le collectif des syndicats des transporteurs des hydrocarbures, des transporteurs des marchandises et des conducteurs des camions citernes, était également parti en grève de 10 jours, en octobre dernier, pour exiger des autorités le monopole de l'enlèvement des hydrocarbures à partir de la société de raffinerie de Zinder (SORAZ), au détriment des véhicules étrangers.

Les parties ont trouvé, à tous les niveaux, un terrain d'entente, au grand bonheur de la population. Mieux, le gouvernement a annoncé une réduction de 40 cfa sur le litre de l'essence dès le premier janvier prochain.