Niger : Les fortes précipiations suscitent espoir et désolation

Afriquinfos Editeur
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L'espoir des premiers jours suscité par la fréquence des fortes pluies, synonyme de bonne campagne agricole, fit aussitôt place à l'anxiété.

A Maradi comme à Dosso ou à Tillabéry, en passant par Agadez, partout les fortes précipitations ont semé sur le passage espoir et désolation.

C'est pour faire une évaluation rapide des besoins des populations affectées par les inondations, identifier les zones touchées et recenser les zones à risques, que la conseillère principale aux actions humanitaires et sociales du Premier ministre, Mme Saadatou Mallam Barmou, a entamé jeudi par la région de Dosso, une mission qui la conduira dans toutes les régions du pays affectées.

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Au village de Angoile Marafa, dans le département de Tchibiri, première étape de la mission, ce sont environ 190 maisons qui se sont effondrées suite à une forte pluie, laissant 990 habitants sans abri, parmi lesquels plus de 200 enfants, qui attendent des secours (abris, couvertures, nourriture…), selon la radio nationale.

Dans le village de Gonga Tarey, dans le département de Dosso, 150 maisons ont été détruites, 19 champs et le puits du village, engloutis par les eaux de pluie.

Ils sont une soixantaine de ménages sans abri à recevoir la visite de la délégation qui comprend, outre la conseillère du premier ministre, le gouverneur de la région de Dosso, M. Amadou Babalé, des députés nationaux au titre de la région ainsi que des partenaires humanitaires.

A Sandidey, toujours dans le département de Dosso, ce sont quelques 130 maisons qui sont tombées, faisant 120 ménages sans abri.

Dans le département de Birni Ngaouré (une centaine de kilomètres à l'est Niamey), également, les fortes précipitations enregistrées ces derniers jours, notamment à Harikanassou et à Kiota, ont occasionné l'effondrement de plus 500 maisons avec des pertes en vies humaines, des champs et des jardins inondés, selon les autorités locales.

Dans le chef-lieu de la commune de Birni, la députée nationale au titre de la région ainsi que les autorités administratives et coutumières, ont entrepris une visite jeudi pour constater l'ampleur des dégâts et prendre des dispositions pour soulager les sinistrés.

A croire la députée Assamaou Garba, la menace d'inondation de toute la commune, voire de tout le Boboye, est réelle, vu la montée continue de la nappe phréatique.

Dans l'ouest du pays, à Tillabéry, la situation n'est guère enviable. Les importantes précipitations enregistrées ont occasionné la coupure de la route nationale numéro un, et menacent le pont de Dessa, sur le même axe qui mène à la frontière du Mali.

A Djomona, toujours dans le département de Tillabéry, c'est tout le village qui est menacé, pris au piège par un kouri. Le Préfet de Tillabéry, M. Sadou Oumarou, dépêché sur les lieux a donné des instructions à la population d'évacuer leurs maisons en attendant que des mesures urgentes soient prises.

A Djambala, plus de 50 hectares du périmètre irrigué sont sous les eaux. Une campagne complètement perdue par ses exploitants, d'après les techniciens.

A Niamey, c'est le fleuve qui a débordé de son lit, suite aux fortes pluies de mercredi, pour inonder tout le quartier de Zarmagandey, dans le 5eme arrondissement. On dénombre des dizaines de maisons détruites et de nombreuses autres submergées qui risquent de s'effondrer à atout moment. Ce sont des dizaines de ménages sans abri que le secrétaire général de la région de Niamey, les responsables communaux et les représentants des organisations humanitaires, ont recasé temporairement dans les écoles du quartier. L'on ne déplore heureusement aucune perte en vie humaine.

Un comité ad' hoc de gestion d'inondation a été mis en place à cet effet par les autorités compétentes.

Selon les responsables de l'hydraulique, la hauteur d'eau a largement dépassé son seuil critique.

En rappel, l'Observatoire du Bassin du Niger, un service du Secrétariat exécutif de l'Autorité du Bassin du Niger (ABN) basée à Niamey, avait attiré, la semaine dernière, l'attention de la population et surtout des autorités, sur la montée subite, ces derniers jours du niveau du fleuve Niger à Niamey, du fait notamment des abondantes pluies enregistrées dans le moyen Niger.

D'après la note technique élaborée par l'Observation, le cumul des volumes d'eau enregistrés du 1er juin au 07 août 2012 est de l'ordre de 2,72 milliards de m3, contre 1,95 milliards de m3, pour la même période en 2011 et 3,05 milliards de m3 en 2010. ''Cette crue locale prend des allures véritablement inquiétantes, semblables à celles de l'année hydrologique 2010-2011, qui a conduit aux inondations dans la ville de Niamey", a-t-on prévenu de même source.