Il y a 55 ans Mohammed V, père de la nation marocaine mourrait

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Le 10ème jour du ramadan de l’année 1380 de l’hégire est une date tragique dans l’histoire du Maroc. Le Royaume perdait son libérateur, le roi Mohammed V. Cinquante-cinq ans plus tard, mardi 8 juillet, les marocains ont pris le temps de rendre hommage au père de leur nation.

– Le calendrier hégirien –

Pour comprendre pourquoi l’anniversaire de la mort de SM Mohammed V a été célébré hier, il faut revenir au calendrier musulman, aussi appelé calendrier hégirien. Contrairement au calendrier géorgien que nous utilisons tous les jours, il s’agit d’un calendrier lunaire. Ces années comptent ainsi 12 mois lunaires, chacun composé de 29 à 30 jours : une année hégirienne compte 354 ou 355 jours. En conséquence, elle est plus courte qu’une année solaire (année de référence aujourd’hui) d’environ 11 jours. Le 10ème jour du ramadan de l’année 1380 était donc le 26 février 1961. Ce mardi 8 juillet était le 10ème jour du ramadan de l’année 1435, ce qui correspond donc bien au 55ème anniversaire de la disparition de Sa Majesté.

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– Un roi aimé de tous –

Cette parenthèse étant faite, il convient de revenir sur la vie du défunt roi Mohammed V. Ceci permettra de comprendre pourquoi il était aimé de tous et en quoi il est désigné comme le Père de la nation marocaine moderne.

Mohammed V était le plus jeune des fils de Moulay Youssef qui a été sultan du Maroc de 1912 à 1927, sous le protectorat français. Les autorités françaises l’ont désigné pour succéder à son père, suite à son décès. Très vite, il réussit à se faire aimer par la population marocaine, et s’engagea dans différents combats, dont le principal fut celui de la libération du Maroc.

– La lutte pour l’indépendance –

Ses divergences avec la France éclatent au grand jour lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le Roi étant notamment contre les dispositions prises sur le statut des juifs. Ce n’est que plus de vingt ans après sa mort que l’on découvrit leur importance. Elles ont conduit à plusieurs tensions avec le Résident général Charles Noguès (représentant du gouvernement français). Dès le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (novembre 1942), SM Mohammed V devient plus actif sur le plan politique. Il reconnait le  Comité français de Libération nationale (CFLN) du général de Gaulle. Il reçoit aussi la conférence d’Anfa à Casablanca en 1943 au cours de laquelle l’invasion de la Sicile puis du reste de l’Italie sont décidées. Certaines des mesures d’aides pour l’URSS y sont aussi prises.

En parallèle, l’engagement de celui qui était alors sultan du Maroc se nationalise. Il soutien son fils, le futur roi Hassan II, et les mouvements nationalistes marocains qui réclament, dès janvier 1944 l’indépendance du pays. Dans le même temps, SM Mohammed V dénonce la répression française des émeutes qui secouent l’ensemble du territoire. Il est aussi très critique vis-à-vis de l’arrestation de deux leaders nationalistes.

Après la guerre, les relations entre le sultan et la France semblent se normaliser. Il s’y rend en 1945, devenant ainsi le premier souverain accueilli par la métropole depuis la fin de la Guerre. Toutefois, en 1947, les hostilités reprennent de plus belle. Dans son discours de Tanger, Mohammed V réclame l’indépendance et l’adhésion du Maroc à la Ligue arabe fondée deux ans plus tôt. Dès lors, les relations entre la métropole et son protectorat se compliquent, et à chaque changement de résident général, elles deviennent plus tendues. La rupture est définitivement consommée lorsque, en 1951, allant en l’encontre des revendications du résident général, Sa Majesté conclu le pacte de Tanger pour lutter contre l’indépendance.

En 1952, avec le soutien des Etats-Unis, il donne une audience internationale à l’ONU, plaidant pour la cause de son pays. La France prend alors des mesures pour empêcher Mohammed V de continuer à souder les marocains autour de la question de l’indépendance. En 1953 ils placent son oncle au pouvoir puis le déportent, d’abord en Corse puis à Madagascar. Néanmoins, cette décision n’eut pas l’effet escompté. Se regroupant autour de la cause de leur sultan, les marocains sortent dans la rue, et plusieurs évènements violents se produisent. Deux ans plus tard, Mohammed V est rappelé. Dès son retour, le processus de transition vers l’indépendance se met en place. Le 2 mars 1956 signe la fin du protectorat français et le 7 avril, l’Espagne mis fin au sien.

Dès lors, Mohammed V devient roi du Maroc. Il est connu pour avoir soutenu la décolonisation dans d’autres pays et pour avoir mis en marche la modernisation du Royaume et le début de sa progression économique. Le 26 février 1961, il décède d’une opération chirurgicale. : endormi à la clinique médicale de son palais, pour subir une opération sur sa cloison nasale, il ne s’est jamais réveillé.

Mardi, l’actuel roi Mohammed VI s’est recueilli sur la tombe de son prédécesseur, rendant ainsi hommage à celui que tous qualifient désormais de père de la nation marocaine moderne.

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