Des ONG marocaines protestent contre l’impunité dont jouissent les violeurs (PAPIER GENERAL)

Afriquinfos Editeur
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La victime avait déposé des plaintes auprès de la police avant de se donner la mort.

Les manifestants composés de plusieurs ONG féminines marocaines de défense des droits humains ont ainsi appelés à l'annulation, d' une loi qui fait du viol un simple délit et bénéficie plus au violeur qu'à sa victime.

Il s'agit de l'article 475 du Code pénal marocain qui permet au violeur d'une femme mineure d'épouser sa victime pour échapper à sa peine et de l'article 20 du code de la famille qui confère au juge toute latitude de marier le garçon et la fille avant l'âge de la capacité matrimoniale.

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Les violeurs se voient ainsi proposer par les juges d'épouser leurs victimes, au lieu de purger leur peine d'emprisonnement de cinq ans maximum.

L'association marocaine "Touche pas à mon enfant" a réclamé la poursuite en justice des personnes impliquées dans cette affaire et l'application saine et stricte de la loi.

"Amina Al Filali a été violée et s'est suicidée la semaine dernière à Larache, pour protester contre son mariage avec l'homme qui l'avait violée", a pour sa part affirmé Mme Fouzia Assouli, présidente de la Fédération de la Ligue démocratique pour les droits de la femme.

Cette association féminine a adressé une lettre ouverte au chef du gouvernement marocain, M. Abdelilah Benkirane, l'appelant à promulguer une loi-cadre visant la lutte contre la violence à l'égard de la femme et à prendre d'urgence les mesures administratives, judiciaires et administratives pour que ce qui est arrivé à la jeune fillette Amina qui s'est donnée la mort ne se reproduise plus.

La présidente de l'ONG a déploré que le fait que l'article incriminé défend la famille, les moeurs mais ne prend pas en compte le droit de la femme en tant que personne.

En réponse, le gouvernement marocain s'est dit disposé à durcir les peines contre les actes de viol.

Toutefois, le ministère marocain de la Justice et des Libertés avait expliqué que dans cette affaire, le Parquet s'est retenu d'engager des poursuites en prenant en compte l'intérêt de la mineure et pour donner suite à sa demande et celles de son père et de l'homme qui l'a épousée, conformément à la loi.

Un communiqué du ministère rendu public vendredi avait précisé que le père de la défunte avait adressé une demande, le 19 septembre 2011, au juge de la famille chargé du mariage près le Tribunal de première instance de Larache qui a convoqué toutes les parties, y compris la fille mineure, qui avait comparu devant lui, pendant quatre audiences, en compagnie de ses parents.

Elle avait alors exprimé librement son souhait, en présence de sa mère, de se marier avec l'accusé qui a manifesté, à son tour, son désir de l'épouser. Le juge avait donc autorisé la conclusion de leur mariage.

"Cette fille a été violée deux fois, la dernière quand elle a été mariée", a déclaré à la presse, à l'issue de la réunion du conseil du gouvernement tenue jeudi à Rabat, le porte-parole du gouvernement et ministre marocain de la communication, Mustapha El Khalfi.

L'homme a pu échapper ainsi à sa condamnation par la justice, en s'appuyant sur un article du code pénal.