Mali : Le mini-sommet de Ouagadougou divise la classe politique et la société civile maliennes

Afriquinfos Editeur
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La tenue de cette rencontre dans la capitale burkinabé divise les acteurs politiques et de la société civile du Mali.

En effet, le Pr. Younouss Hamèye Dicko, président de l'Alliance pour la démocratie et la République (ADR, pro-putsch, ndlr), a indiqué jeudi que "par rapport à ce mini sommet, nous n'avons aucune entente".

" Nous pensons que la rencontre de Ouagadougou ne doit pas avoir lieu. Et qu'on ne doit pas régler les problèmes du Mali en dehors du Mali. C'est à travers les médias que nous avons appris la tenue de cette rencontre. Personne ne nous a informés", a-t-il dit.

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"De toutes les façons, nous ne jugeons pas utile que ce soit un gouvernement étranger qui nous touche pour nous dire d'aller à l'étranger dans le but de discuter, de régler des problèmes maliens. Si nous devons aller à l'étranger, il y a un gouvernement malien, c'est lui qui doit nous informer et nous autoriser d'y aller si nous devons y aller", a précisé le Pr. Dicko.

Le même refus est évoqué du côté des amis du Premier ministre de la transition du Mali, Dr Cheick Modibo Diarra, qui sont réunis au sein du "Front pour le renouveau du Mali".

De l'avis des membres de ce front, "les linges sales doivent se laver en famille, pas question d'aller à Ouagadougou pour parler de notre pays".

Les responsables de ce front vont jusqu'à remettre "en cause les compétences du médiateur".

En effet, ils se demandent "n'est-il pas opportun de confier la gestion de la crise malienne à une personnalité plus respectueuse de l'honneur et de la souveraineté du Mali ? N'est-il pas temps de mettre fin à cette médiation qui a déjà montré ses limites ?".

Par ailleurs, les responsables du Forum des Organisations de la société civile (OSC) malienne, ont exprimé toute leur "désapprobation du choix annoncé d'organiser cette deuxième rencontre" des parties prenantes du pays à Ouagadougou, à travers une déclaration déposée ce jeudi à Xinhua.

Ledit forum a tenu par la présente déclaration à "informer les parties prenantes de sa position non seulement sur la question de fond mais aussi de forme".

Sur le fond, ce Forum a invité à la "prudence et à la clairvoyance" en ce qui concerne l'élargissement du gouvernement de transition par rapport à la recherche d'une solution de sortie de crise pour le pays.

Selon le président de ce forum, M. Adama Diakité, "ce questionnement s'adresse à la probable valeur ajoutée attendue de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale dans le contexte actuel du Mali étant donné que toutes les parties prenantes s'étaient prononcées pour l'accompagnement du gouvernement actuel".

Celui-ci a précisé que "sur la forme et au cas où la concertation devra se tenir, le Forum des OSC au Mali exprime son souhait de la voir se tenir à Bamako afin d'élargir la base sociale du processus".

A cet effet, dit-il, le Forum des OSC tient à exprimer toute sa "désapprobation du choix annoncé d'organiser cette deuxième rencontre des parties prenantes du Mali à Ouagadougou".

"Le Forum des OSC au Mali estime inopportun ce second déplacement de Ouagadougou et invite toutes les parties prenantes à privilégier l'espace national dans tout processus de recherche de solutions et d'appropriation citoyenne", a indiqué M. Diakité.

Cependant, la tenue de ce somme dans la capitale burkinabé est perçue autrement, c'est-à-dire de "façon positive" par certains Maliens, à l'image des acteurs du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république (FDR, front anti-putsch, ndlr).

En effet, le secrétaire politique du FDR, Amadou Koïta, a confié à Xinhua que "Nous allons participer à cette rencontre dont les partis politiques représentés à l'Assemblée nationale et un représentant par regroupement, y prendront part. Notre souhait le plus ardent qu'il y ait une issue heureuse pour une sortie de crise".

M. Koïta a rappelé que  "le Premier ministre a été au sommet de Yamoussokro (capitale politique de la Côte d'Ivoire, ndlr) et c'est au cours de ce sommet que la décision de tenir cette rencontre a été prise. C'est à lui de nous informer. Dans les résolutions de Yamoussokro, il est bien noté la mise en place d'un gouvernement d'union nationale".

Selon celui-ci, "pour répondre à ceux qui disent pourquoi pas la tenue de ce sommet au Mali, je précise que nous aussi, nous avons souhaité que la rencontre se déroule à Bamako. Mais, à partir du moment où Bamako n'a pas pu être capable de sécuriser un président de la république qui a été agressé jusque dans son palais, Bamako est-il capable de sécuriser 6 chefs d'Etat ? Cela est une question primordiale".

Evoquant les raisons qui justifient selon lui la tenue de ladite rencontre à Ouagadougou, il a précisé "premièrement, n'eut été ce refus exprimé aux chefs d'Etat de la CEDEAO dont leurs avions ont été empêchés d'atterrir au début de la crise, il n'allait pas y avoir Ouagadougou 1".

"Comme si cela ne suffisait pas, on est allé agresser le premier responsable du pays jusque dans son palais. Troisièmement, en regardant l'histoire du règlement des conflits, ils se sont toujours réglés ailleurs. C'est le cas du conflit ivoirien qui a été réglé à Ouagadougou, entre autres", a-t-il ajouté.

Le secrétaire politique du FDR a conclu que "je pense qu'il faut laisser de côté les sentiments de nationalisme et de patriotisme, qui ne vont pas nous sortir de cette crise. Nous devons aller au-delà de certaines considérations. Nous sauvons d'abord le Mali".

De l'avis d'un leader du FDR qui a préféré requérir l'anonymat, "le Premier ministre de la transition n'a pas à s'opposer à la tenue de ce mini sommet hors du Mali, car c'est à l'étranger, plus précisément à Ouagadougou, que la décision de sa nomination a été prise".