«Nous venons de rencontrer la médiation internationale au siège de la mission de l'ONU au Mali. Jusqu'à ce que les groupes de la plateforme quittent la ville d'Anéfis, nous suspendons notre participation aux travaux du Comité de suivi des accords d'Alger», a déclaré Sidi Brahim Ould Sidati, représentant de la CMA devant l’assistance au cours d’une séance de réunion entre les protagonistes.
Cette réaction de la CMA fait suite à son refoulement de la ville d'Anéfis lors des derniers affrontements avec des groupes armés favorables au gouvernement de Bamako. Le 15 août dernier, des heurts armés avaient opposé près de Kidal dans le nord du pays, des combattants de la CMA aux hommes du Groupe d'auto-défense touareg Imghad et alliés (GATIA). Ces affrontements meurtriers, qui ont duré trois jours, se sont soldés, selon l'Organisation des Nations unies (ONU), par dix morts et la destruction de nombreux équipements militaires de la CMA.
Pour parer à toute éventualité d'une extension des combats pouvant affecter la population de Kidal, la Mission de l'ONU a annoncé une zone de sécurité de 20 km autour de la ville d’Anéfis. La mesure devait entrer en vigueur dès le lendemain. Tout en annonçant des enquêtes pour déterminer les responsabilités quant à cette violation du cessez-le-feu, elle a adressé une mise en garde à la Plateforme.
Une mesure contre laquelle le CMA s’offusque. «On exige le retrait des milices de toutes les positions occupées, en flagrante violation des arrangements sécuritaires et des accords de paix», a déclaré le porte-parole de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidati sur le site «Sahelien.com».
Nouveau départ ?
Pour revenir à la table des négociations, ce dernier a posé trois conditions. Premièrement, le départ de la localité d'Anéfis des groupes armés pro gouvernementaux. Le Coordination des mouvements de l'Azawad demande ensuite au gouvernement malien «d'arrêter de soutenir ces groupes armés». Et enfin, la CMA demande l'inscription prioritaire de la question d'Anéfis à l'ordre du jour de la réunion du Comité de suivi.
«Pour le moment, tant qu'il y a pas un règlement correct, juste et équitable par les garants de l'accord et la médiation, de la situation qui prévaut sur le terrain, nous ne pouvons pas envisager de continuer à faire comme si de rien n'était», a poursuivi Sidi Brahim Ould Sidati.
Des déclarations qui ne semblent pas impressionner la Plateforme. «Nous ne sommes pas contre ce qui peut nous faire avancer, mais il n'est pas question de céder une quelconque position à la CMA », a déclaré à «Sahelien.com», Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), membre de la Plateforme.
Ce lundi 23 août, la médiation internationale a multiplié les rencontres entre Gouvernement malien, rebelles et groupes armés pro-gouvernementaux. Les différentes parties ont été approchées en vue de trouver une issue de sortie à cette nouvelle impasse. «Nous acceptons de quitter Anéfis, mais il faut que la localité passe sous le contrôle de la mission de l'ONU et de l'armée malienne», explique un responsable de la plateforme qui regroupe les mouvements armés alliés au pouvoir malien.
Des propos qui ne rassurent pas la Coordination des mouvements de l'Azawad : «Ils avaient dit la même chose pour la localité de Ménaka, située dans le nord. Et après, ils ont traîné des pieds», estime-t-elle. Toutefois, la CMA se dit favorable à toute négociation. «Tant que sur le terrain, il n'y a pas d'autres violations de cessez-le-feu. Tant qu'il n'y a pas eu de nouveaux accords, un dialogue est toujours possible», a lancé Sidi Brahim Ould Sidati.
Fruit de longs mois de laborieuses négociations conduites par l'Algérie, «l'accord de paix et de réconciliation» a été signé le 15 mai par le gouvernement malien, puis par la CMA le 20 juin. Il vise à l'établissement d'une paix durable dans le nord du Mali, une région qui a connu plusieurs rébellions touaregs depuis l'indépendance de ce pays sahélien.
Larissa AGBENOU