Mali : La classe politique veut un retour intégral à l’ordre constitutionnel (PAPIER GENERAL)

Afriquinfos Editeur
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Toutefois, le Comité national pour le redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE, junte militaire) "n’est pas dissous".

"Le Comité restera aux affaires mais seulement dans un bref délai, nous allons mettre en place un gouvernement de consensus, avec toute la société civile, tous les partenaires, les religieux, tout le monde", a confié le Capitaine Sanogo à la presse internationale en présence de nombreux militaires. C’est ce maintien du CNRDRE qui est paradoxal aux yeux de nombreux leaders de la classe politique malienne.

"C’est paradoxal de rétablir la constitution et les institutions et maintenir le CNRDRE qui n’a plus de raison d’exister dans un contexte républicain et démocratique. Nous nous demandons réellement à quoi jouent les militaires", a dénoncé Me Kassoum Tapo, porte-parole de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), la première force politique du pays et membre du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République.

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De l’avis de nombreux interlocuteurs dans la classe politique et la société civile, si le CNRDRE rétablit l’ordre constitutionnel, il doit accepter de quitter le pouvoir et le céder au président de l’Assemblée nationale, comme le prévoit la Constitution malienne de janvier 1992.

Une option balayée, en privé, du revers de la main par le capitaine Amadou Sanogo, pour qui "le Comité reste et demeure pour un délai non encore déterminé. Cela va dépendre de l’avis des techniciens en la matière, parce que ce sont eux qui vont déterminer jusqu' à quand ce peuple sera prêt à organiser des élections libres, crédibles, indépendantes". Selon lui, les représentants des différentes entités vont désigner un gouvernement de technocrates, de façon consensuelle. Cette équipe devra exécuter "la feuille de route" des putschistes axée sur "résolution de la crise au nord, ensuite et l’organisation d’élections libres et apaisées".

Une position tranchée qui donne raison à ceux qui pensent que cette "reddition subite" n’est que du "dilatoire pour gagner du temps". "A mon avis, constitutionnellement, les militaires ne peuvent jouer un rôle politique que dans le gouvernement. Dans le prochain gouvernement, ont peut par exemple confier le Ministère de la Défense et de la Sécurité intérieur au jeune Capitaine Sanogo avec comme mission de restructurer les forces armées et de sécurité. Vue la situation actuelle que nous vivons au nord-Mali, c’est l’armée malienne qui a le plus besoin de redressement que la démocratie", propose Kader Toé chroniqueur politique qui se fait écho de la classe politique pour dénoncer l’ambigüité de la proposition de retour à un ordre constitutionnel de la junte. Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République, qui rassemble les partis politiques et les associations de la société civile les plus influents du pays, n’adhèrent pas à ce plan des putschistes du 22 mars 2012.