Le Mali attend un nouveau départ avec le second tour de l’élection présidentielle

Afriquinfos Editeur
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Les résultats du premier tour des élections présidentielles viennent de tomber et un second tour sera nécessaire pour séparer les deux candidats restants : Ibrahima Boubacar Keita qui a obtenu quelque 48 pour cent des votes et Soumaïla Cissé, environ 22 pour cent du total des votes.

Le Mali est tourmenté par un conflit avec différents groupes rebelles dans la région du nord depuis un an et demi. Au plus fort de la crise, une junte militaire menée par le Capitaine Amadou Sanogo a renversé le président Amadou Toumani Touré en 2012 et pris le contrôle comme instance dirigeante.

Affiliations politiques mises à part, la participation générale à l'élection est une raison se se réjouir. Cette élection est le premier pas vers un retour à la normalité pour un pays qui fait aussi face à un grave problème de réfugiés et de pénurie alimentaire [anglais]. Le second tour se tiendra le 11 août.

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Les prétendants

Les premiers résultats préliminaires du premier tour indiquent que Ibrahim Boubacar Keita est le mieux placé pour devenir le prochain président, avec 55,93 pour cent des suffrages exprimés pour lui. En fin de compte,Ibrahim Keita a obtenu autour de 40 pour cent des votes. Keita fut le premier ministre du Mali de 1994 à 2000 sous la présidence de Alpha Oumar Konaré. Il fut ensuite le président de l'Assemblée Nationale du Mali de 2002 to 2007. Il est aussi le leader du parti politique Rassemblement pour le Mali (RPM).

 Ibrahima Boubacar Keita from fis facebook page - Public Domain

Ibrahima Boubacar Keita sur sa page Facebook – Domaine Public

Ses principaux opposants dans la course sont Soumaïla Cissé et Dramane Demblé, entre autres. Il y a eu quelques inquiétudes sur le fait que les élections se seraient tenues trop tôt alors que l'armée doit encore reprendre le contrôle de certaines zones du pays dans le nord occupées par des groupes rebelles.

Alors que quelques candidats ont déjà félicité Keita pour son succès, certains candidats ont signalés quelques irrégularités dans  le processus électoral. Souamalia Cissé, déjà candidat aux présidentielles en 2002, prétend que certaines urnes ont été remplies de bulletins frauduleux. Sur le blog Koaci, le parti de Cissé affirme :

L’URD, Union pour la République et la démocratie, parti de Soumaila Cissé, est monté au créneau ce mercredi pour dénoncer “un bourrage des urnes”.

 Le parti de Cissé ajoute :

Malgré ce bourrage, selon nos chiffres, un second tour est inévitable pour départager notre candidat, Soumaïla Cissé, et Ibrahim Boubacar Keïta [..]. Le ministre a annoncé un taux de participation de 53 % selon des résultats partiels. Cela donne à peu près 3 600 000 électeurs qui ont voté. Cela veut dire qu'il faudra au minimum 1 800 000 voix pour passer au premier tour, or, à ce jour, aucun candidat n'a plus d'un million de voix.

 Une étape très importante pour le Mali 

En raison du conflit avec les rebelles, de nombreux Maliens ont été déplacés et  ont trouvé  refuge dans les pays voisins. Dans la vidéo suivante consultable sur YouTube du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l'UNHCR, Jarrou Ag Ahmed, un réfugié malien au Burkina Faso, explique pourquoi l'élection présidentielle est une étape importante pour le rétablissement du Mali :

Nous voulons avoir un président afin d'avoir la paix dans notre pays.

D'autres opinent, tel Sean Gallagher, un représentant du Catholic Relief Services au Mali :

Les élections sont vues comme une opportunité au Mali, et le peuple espère que les dirigeants nouvellement élus profiteront de cette opportunité et s'attelleront aux véritables problèmes de fond qui ont empêché le pays de travailler au nom du peuple malien. On a aussi le sentiment que les élections vont maintenant mener le pays au-delà du coup d'État.

 Christos Kyrou, un expert en paix et résolution de conflit, n'est pas si optimiste que ça sur le nouveau départ que les élections pourraient fournir au Mali. Il explique sur la plate-forme d'actualités The Fair Observer ce qui s'annonce pour le Mali et les importants défis qu'il reste à  affronter :

Les causes originelles du conflit, dont la pauvreté, la corruption, et la sécheresse persistante des dernières années dans le nord du Mali, sont les plus grands défis à long terme auxquels le pays fait face. De plus, un manque d'infrastructure élémentaire, d'opportunités d'emploi, d'eau, et de composants micro-économiques de base tels que du crédit disponible, suggèrent que, à moins que la communauté internationale répond rapidement et fournit de l'aide dirigée vers ces sujets de préoccupation, ce ne sera qu'une question de temps avant que la prochaine rébellion ait lieu.

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