L’invasion des mendiants à Niamey, un véritable casse-tête pour la population

Afriquinfos Editeur
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Ils sont de tous les sexes, de tous les âges, de toutes les catégories.

Les talibés reconnaissables par leurs gamelles, les aveugles, les handicapés des membres supérieurs, notamment, des personnes âgées ne pouvant plus travailler, les femmes peuhles saisonnières et leurs progénitures, les enfants travestis, pullulent dans tous les coins de la ville.

Leurs territoires privilégiés sont le centre ville, la rue, les alentours et l'intérieur des marchés, des bistrots et autres maquis, la devanture des écoles, des centres commerciaux et des formations sanitaires, les lieux de cérémonie (mariage et baptême), la zone des administrations, et surtout la hauteur des carrefours et des feux tricolores qui imposent aux automobilistes de marquer un arrêt.

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Parmi eux, l'on compte les mendiants permanents, à savoir les infirmes et les talibés, qui profitent de leur droit à la mendicité que leur reconnaît l'islam, et surtout des exodants qui ont été contraints de fuir la campagne pour se soustraire des affres de la crise alimentaire suite à la mauvaise saison agricole précédente.

En rappel, le Niger a été confronté cette année à un déficit céréalier de 692.000 tonnes, selon les données officielles.

"34,9 % des ménages, soit plus de 5,4 millions de personnes, étaient dans une situation d'insécurité alimentaire au sortir de la campagne, dont 8,5 % en sécurité alimentaire sévère", et plus de 3,6 millions de personnes étaient classées à risques", selon les résultats d'une enquête sur la vulnérabilité alimentaire des ménages, diligentée par la cellule de coordination du système nigérien d'alerte précoce.

A cela viennent s'ajouter d'autres contraintes exogènes nouvelles résultant de l'arrivée massive sur le territoire nigérien des milliers de refugiés fuyant les conflits notamment au Mali et en Libye.

Selon la cellule d'alerte précoce, en dépit du programme d' urgence mis en place par le gouvernement de la 7eme République pour juguler la crise alimentaire et le dispositif national de sécurité alimentaire, ainsi que les différents appuis des partenaires, les moyens restent en deçà des besoins nationaux.

Environ 8,3 millions de Nigériens touchés par la famine n'ont pas encore bénéficié des distributions gratuites de vivres initiées par le gouvernement pour atténuer la crise, selon le dispositif national de prévention et de gestion des crises, dans un communiqué du 14 mai, rapporté par un journal de la place.

Dans les villages, les stocks sont épuisés, la situation nutritionnelle se détériore.

Toutes choses qui ont rendu les conditions de vie des populations rurales notamment, déjà précaires, très difficiles cette année. D'où le flux incontrôlé des exodants vers la capitale.

N'ayant pas d'autres activités, la plupart, notamment la couche la plus fragile (les personnes les plus âgées, les femmes et les enfants), étaient contraints de mendier pour survivre.

A Niamey, c'est un véritable déferlement de mendiants auquel l' on assiste. De jour comme de nuit, les mendiants sont visibles et abordent les passants, exhibant leur condition de misère pour susciter ainsi l'apitoiement des passants.

Devant le collège mariama, un des vieux établissements de Niamey, situé au centre-ville, c'est un groupe de mendiants, très âgés mais en bonne santé, qui se sont appropriés les lieux.

Elèves, parents d'élèves, simples passants, personne n'est épargné. Ils choisissent surtout les moments de pointe de la journée, les heures de récréations et de descente où les parents viennent chercher leurs enfants, pour venir quémander.

Et très harcelés, les jeunes élèves sont condamnés souvent à partager leur argent de récréation avec ces mendiants.